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Karaté – Shorin Ryu - Sensei Frédéric Guérin : « Chaque karatéka doit être un chercheur »

22 janvier 2022, 15:13

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Karaté – Shorin Ryu - Sensei Frédéric Guérin : « Chaque karatéka doit être un chercheur »

 

Il existe de multiples styles de karaté dans le monde et à Maurice. Celui qu’enseigne le sensei Frédéric Guérin, dans son dojo (Uchina-Di) à Pailles, est le Shorin Ryu d’Okinawa, soit l’un des trois styles majeurs du karaté (Ndlr : à côté du Goju Ryu et de l’Uechi Ryu) dans cet archipel. Se sentant le besoin de transmettre aux autres ce qu’il a acquis lui-même de Seisuke Adaniya, son sensei japonais, Frédéric Guérin estime que le but de tout karatéka accompli est de faire sa propre quête au niveau du karaté. Par ailleurs, le Shorin Ryu permet à ses pratiquants de se familiariser avec ce qu’ils estiment être les sources de cet art martial.   

 

Akshay Jatooa, 28 ans, pratiquait déjà un style de karaté et avait la ceinture noire avant de rejoindre l’Uchina Di Dojo et son sensei Frédéric Guérin, à Pailles, en 2019. Aujourd’hui, il détient une ceinture marron, soit un grade moins élevé que la noire. Loin d’en être déçu, il est heureux de pratiquer un style, selon lui, plus proche des racines du karaté. « Avec le Shorin Ruy, Les mouvements sont moins larges que dans le style que je pratiquais avant. Il y a moins de gestes parasites. Ils sont plus simples et plus directs. C’est un karaté venant d’Okinawa. Or, si j’ai choisi cet art martial, c’est pour y retrouver une certaine authenticité » fait remarquer Akshay Jatooa.

Kata naihanchi shodan exécuté avec un partenaire

Le Shorin Ryu qu’enseigne Frédéric Guérin à ses élèves vient d’Okinawa. Seisuke Adaniya , son maître -  qui l’entraînait déjà quand il était adolescent - l’a lui-même acquis de feu Shuguro Nagazato,10e Dan de karaté, venant d’Okinawa. Style très ancien, le Shorin Ryu est à l'origine de presque toutes les autres écoles telles le Shotokan et le Shitō Ryu. Aux dires du sensei français, ce style de karaté diffère des autres au niveau des positions, plus hautes, plus souples, moins sèches et plus naturelles. Mais au-delà de la simple technique d’arts martiaux, Frédéric Guérin voit dans le Shorin Ryu une richesse culturelle qui – si on ne veut pas la voir mourir – doit être partagée pour être retransmise plus tard. « Tout ce que je sais, c’est mon sensei qui me l’a enseigné. Il est de mon devoir de le partager et de l’enseigner à mon tou ret surtout de transmettre cette flamme » dit-il.

Certes, durant les deux périodes de confinement qu’a connu Maurice ces deux dernières années, le dojo n’a pu fonctionner. En outre, la crise sanitaire et les restrictions actuelles qui en découlent l’affectent. « Je ne pourrai prodiguer mon enseignement aux enfants et aux non-vaccinés. Mais l’autre côté de la chose c’est qu’il faut préserver la santé. Si l’on veut durer, il faut se préserver, se faire vacciner, pour pouvoir travailler ensemble » rapporte Frédéric Guérin. En dépit de cela, la transmission du Shorin Ryu ne change pas. « La transmission est la même. Je ne cherche pas à avoir un dojo-usine, rempli de monde avec le maximum de personnes qui occuperaient la surface de mon dojo. Cela ne m’intéresse pas. Comme je dis toujours, je préfère avoir un élève motivé plutôt que dix qui viennent de façon éparpillée » dit-il. Car pour Frédéric Guérin, la recherche du karatéka accompli est celle où il va effectuer sa propre recherche. « Pour moi, chaque karatéka doit être un chercheur ; il doit pouvoir prolonger, adapter son karaté en fonction de l’évolution de son âge et de ses capacités physiques. C’est le principe de tous les arts martiaux ».

L’un des exemples sur lesquels s’appuie Frédéric Guérin pour illustrer ses dires est celui de la connexion corporelle. «  C’est une pratique qui met en avant le relâchement du corps, une bonne stabilité et un ancrage au sol qui peut faire progresser la puissance et l’efficacité du coup. C’est purement psychomoteur ; on doit unifier tout le corps comme-ci tout était un seul bloc. Cette connexion permet d’être plus puissant. C’est de l’énergie interne. C’est mon sensei qui me l’a montré, avant que je ne vienne m’établir à Maurice. La connexion corporelle permet à tout karatéka de toujours pratiquer selon l’évolution de son physique et son âge. On peut être moins musclé, moins fort que quand on a 20 ans. Mais on obtient, grâce à cette technique, des résultats assez spectaculaires » déclare Frédéric Guérin. Enfin, le Français rappelle les préceptes qui lui ont été enseignés par son maître Seisuke Adaniya : la fidélité, la rigueur, l’envie de toujours progresser et de ne pas se contenter de ce que l’on connaît. Autrement dit, de s’enrichir de tout ce qui peut être découvert ailleurs. Chose qu’Akshay et Sherwin Jatooa, Rino Clair, Jean Gaël Azie et Yousouf Maroye (parmi les élèves de l’Uchinadi Dojo) font tous à leur rythme et leur manière.

 

A propos du Shorin Ryu d’Okinawa

Shorin Ryu est une transcription japonaise du mot chinois shaolin qui veut dire ‘école de la petite forêt’. Il fait partie des trois grandes écoles de karaté d’Okinawa à côté du Goju Ryu, l’Uechi Ruy et le Shorin Ryu. Ces trois styles sont issus des trois tendances qui existaient à l’origine, qui sont le Naha-Te, le Shuri-Te, le Tomari-Te.

Le Shuri-Te était enseigné dans la ville de Shuri, à Okinawa, qui était la dernière place du Roi d’ Okinawa.

Le Naha-Te c’est le style qui est venu de la capitale d’Okinawa, Naha (Te veut dire main, donc cela veut dire la main de Naha).

Enfin, le Tomari-Te est venu d’un quartier de Naha qui est Toma. A noter que le Shuri-Te et le Tomari-Te ont plus ou moins fusionné.

Ce qu’est la connexion corporelle

Ce type de connexion permet d’avoir une meilleure stabilité et de mieux connecter l’esprit avec le corps. Il permet d’économiser l’énergie et d’être plus efficace grâce à une compréhension de l’utilisation de son corps et de son centre de gravité.

Expérimentation de la connexion corporelle où l’utilisation du centre de gravité du corps
permet un ancrage au sol et une meilleure stabilité

Le Shorin Ryu après les périodes de confinement

Après les deux confinements, l’Uchinadi Dojo de Pailles a travaillé les ki-hon, le kote-kitae, c’est-à-dire l’endurcissement du corps, des bras, poignet et, jambes. « On travaille aussi les katas à deux et on pratique le kata naihanchi shodan. Cela dit, nous nous nous exerçons à donner des coups sur le ‘bottin’ ou annuaire téléphonique (Ndlr : l’annuaire est recouvert d’un morceau découpé d’un tapis de yoga pour amortir les coups). On travaille la position connectée, le relâchement du coup de poing et la profondeur du coup » fait observer Frédéric Guérin.

Exercices sur le ‘bottin’, tenu par le karatéka à gauche, pour ressentir
le relâchement du coup de poing et sa profondeur

 

 

 

 

 

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