Publicité
Anomalies au n°19: Irfan Rahman reconnaît lui-même qu’il y a malveillance et illégalité
Par
Partager cet article
Anomalies au n°19: Irfan Rahman reconnaît lui-même qu’il y a malveillance et illégalité
Que doit-on comprendre de l’aveu même du commissaire électoral à propos du bulletin de vote du n°1 qui s’est retrouvé au n°19 ? Ce fait et la qualification d’acte illégal et malveillant de sa part ouvrent la voie à encore plus d’interrogations, d’autant qu’Irfan Rahman ne veut répondre aux questions pour l’instant.
La disparition de 73 bulletins et la présence de celui du n°1 un au n°19 ne peuvent s’expliquer selon certains, y compris Navin Ramgoolam, que par un accès illicite aux boîtes gardées pourtant à triple clé au quartier général de la Special Mobile Force (SMF). Si des «malveillants», pour reprendre le mot utilisé par Irfan Rahman, ont pu accéder aux boîtes, pourquoi ont-ils laissé des traces, en mélangeant d’autres bulletins, en «perdant» 73 et en y déposant 2 bulletins qui vraisemblablement n’ont pas été validés ? Pour Ramgoolam, «ils ont tellement tripoté qu’ils se sont trompés.»
Et les caméras ?
Pour Bruneau Laurette, une telle «intervention» ne pourrait avoir eu lieu qu’en catimini, d’où les «erreurs» dans les erreurs. Y aurait-il complicité de certains à la SMF ? «Il doit y avoir au moins une caméra pointée sur l’entrée de la Guard Room. On n’a qu’à consulter les images et s’il n’y a pas d’intrus, il faut chercher s’il y a des coupures dans l’enregistrement», indique l’activiste social. Pour Arvin Boolell, il est très facile pour une personne «malveillante» d’ouvrir un ou trois cadenas grâce à un passe-partout. Bruneau Laurette va plus loin : «Pourquoi les deux derniers commissaires de police viennent-ils de la SMF ?»
Vote des étrangers et «computer room»
L’avocat Richard Rault rappelle dans un post que c’est le commissaire électoral qui, la veille des dernières élections, a autorisé le vote sans la présentation de la carte d’identité. Ce qui a permis à des centaines de travailleurs étrangers de voter. Il dénonce aussi l’apparition de la Computer Room qui, selon lui, n’a pas été notifiée aux candidats. Le rôle de la State Informatics Ltd est aussi pointé du doigt par l’avocat. «C’est elle qui a recruté plusieurs agents de counting sans le contrôle de la commission électorale.»
Bruneau Laurette tient à souligner que la State Informatics Ltd était sous la responsabilité de l’ex-ministre Yogida Sawmynaden avant les élections de novembre 2019. «Je n’ai pas à expliquer les relations professionnelles et familiales qui existent entre certains protagonistes de la présente affaire.»
Ce n’est pas moi …, c’est qui alors ?
<p>La conférence de presse d’Irfan Rahman, mardi, a parfois ressemblé à celles de Kailesh Jagutpal. Ainsi, tout en dénonçant les attaques de l’opposition contre lui, Irfan Rahman a tenté de rassembler derrière lui les fonctionnaires ayant travaillé lors des élections de 2019. <em>«Lorsque les politiciens remettent en doute le travail de ces milliers de fonctionnaires, c’est leur intégrité et honnêteté qui sont remises en question.»</em></p>
<p>Le commissaire électoral a également utilisé une autre tactique : les anomalies sont des erreurs et l’erreur est humaine. <em>«Nous nous pencherons sur ces erreurs dans des briefings pour prévoir plus de rigueur…»</em> Circulez…</p>
<p>Irfan Rahman, celui qui est responsable de la bonne marche des élections dans tout le pays, s’est dédouané en affirmant qu’il ne peut être présent dans toutes les 20 circonscriptions. Voulant dire par là que si ses officiers ont fauté, il ne peut en répondre. Le plus incroyable, le commissaire nous l’a réservé pour la fin : <em>«Malgré les erreurs humaines, les résultats reflètent la volonté de l’électorat.»</em> Alors que l’écart entre le 3e et le 4e candidat est parfois très étroit. Pour Irfan Rahman donc, malgré les bulletins manquants, etc. la démocratie est sauvée car la tendance a été respectée. D’où tient-il cette assurance ? On ne le sait.</p>
<p><strong>Les autres arguments utilisés</strong></p>
<p>L’absence de sceau sur deux bulletins ? Que la question soit adressée aux <em>Returning Officers.</em></p>
<p>Les 73 bulletins manquants ? Irfan Rahman n’était pas responsable du recomptage de mardi.</p>
<p>La présence d’un bulletin du n°1 au n°19 ?</p>
<p> Le commissaire électoral promet de demander à la police d’enquêter. Il reconnaît que c’est grave et très sérieux. <em>«Cela démontre l’effort d’une ou deux personnes à commettre un acte illégal et malveillant.»</em></p>
<p>Et les enquêtes policières sur les bulletins retrouvés dans la nature en 2019 et 2020 ? <em>«Pas moi qui fais l’enquête. Je ne peux pas m’occuper des élections et des enquêtes policières.»</em> Ce qui n’est pas faux. Mais c’est bien lui qui a déposé plainte à la police…</p>
<p>En bref, alors que le Muvman Liberater (ML) déclare que c’est à la commission électorale et au commissaire électoral de voir pour les anomalies, Irfan Rahman renvoie la balle à l’autre commissaire, de police. C’est vrai que cela devient compliqué de situer les responsabilités dans ce pays, se désolera un avocat.</p>
<p><strong>Le commissaire électoral ne répond qu’à un média</strong></p>
<p>Dès le début de sa conférence de presse mardi, Irfan Rahman prévient : il ne répondra pas aux questions des journalistes. Pourtant, il venait de le faire auprès d’un confrère. <em>«Extra sannla ! Jamais je n’ai vu ça, surtout venant d’un commissaire électoral qui choisit sa plateforme comme un vulgaire ministre»</em>, nous dira un journaliste. Même si Irfan Rahman a voulu faire une fleur à cette radio, il faut reconnaître que les journalistes ne lui en ont pas fait, puisque les questions embarrassantes n’ont pas manqué. Lorsque certaines l’étaient trop, eh bien, le commissaire électoral répondait invariablement : <em>«Une affaire est en cours.»</em></p>
Publicité
Les plus récents