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Renvoi des élections régionales │ L’opposition: une décision «pour aider l’OPR»
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Renvoi des élections régionales │ L’opposition: une décision «pour aider l’OPR»
«Est-ce que c’est pour donner du temps à l’Organisation du peuple rodriguais (OPR) pour rattraper le retard sur le terrain ? En tout cas, c’est bizarre.» Le leader du Mouvement rodriguais (MR), Nicolas Von-Mally, était en pleine campagne électorale à Montagne-Cabris hier après-midi alors même qu’un communiqué de la présidence annonçait le renvoi des élections régionales, prévues initialement pour ce dimanche, au 27 février. Sur ce point, toute l’opposition est unanime. Elle estime qu’il n’y a aucune raison de renvoyer ces élections malgré la hausse des cas de Covid-19 dans l’île.
Le leader de l’Union pour le Peuple de Rodrigues, Franceau Grandcourt, a été sollicité puisqu’il avait eu vent que le Premier ministre (PM), Pravind Jugnauth, allait renvoyer ces élections. Il affirme que cette décision n’était pas nécessaire. «Nous vivons déjà avec le Covid-19 depuis deux semaines. Qu’est-ce que cela change maintenant de renvoyer les élections ? Est-ce que ce n’est pas une façon déguisée pour permettre à l’OPR, en difficulté, d’utiliser la machinerie de l’État pour remporter ces élections ? Est-ce que cette décision vient confirmer que le PM a eu des informations que l’OPR perdra ces élections ? En tout cas, nous étions prêts pour dimanche», dit-il.
Les membres de l’alliance de l’opposition regroupant cinq partis politiques sauf le MR étaient en live hier soir. Le leader du Front Patriotique de Rodrigues, Johnson Roussety, dit respecter la décision du PM, mais affirme que si les élections ont été renvoyées, la faute revient au gouvernement de l’OPR qui gère mal la situation sanitaire dans l’île. «Le PM a voulu jouer sur la prudence. Si beaucoup d’électeurs ne votent pas à cause de la maladie, les élections ne seront pas free and fair», a-t-il ajouté.
Cependant, Christian Léopold, leader du Mouvement militant rodriguais, regrette que ce renvoi permette à l’OPR d’utiliser l’appareil d’État pour faire sa campagne électorale. «Nous constatons que depuis quelques semaines, ils construisent des routes partout à la dernière minute. Ils vont le faire pendant deux semaines encore. Le PM a la responsabilité de veiller à ce que l’OPR n’en abuse pas», maintient-il.
Avec ce renvoi pour deux semaines, le leader du MR craint que la tension déjà présente dans l’île ne débouche sur des actes de violence. «Il ne restait que quelques jours avant la fin de la campagne électorale. L’île est déjà sous tension. Il y a des politiciens sur un terrain glissant qui déchirent les banderoles de leurs adversaires. Il y a vraiment un risque de violence. Si, par malheur, il y a un incident grave, le PM doit assumer. Il n’a pas pensé à la sécurité de la population», ajoute Nicolas Von-Mally, qui insiste que la raison donnée pour renvoyer ces élections ne tient pas. «Il n’y a aucune indication que d’ici deux semaines, le virus disparaîtra à Rodrigues. De toute façon plus de 95 % des contaminés sont asymptomatiques. Donc, cela ne tient pas la route», insiste-t-il.
Lors d’une conférence de presse, hier après-midi, Pravind Jugnauth a justifié le renvoi de ces élections par l’explosion de cas depuis le 26 janvier, soit 3 306 cas à hier. Pour le secrétaire de l’OPR, Buisson Léopold, la décision de renvoyer ces élections est tout à fait normale. «Nous avons noté que nous amorçons une courbe descendante. En renvoyant ces élections et en appliquant les gestes barrières tout en respectant les restrictions, cette tendance continuera pendant les prochains jours. L’idée est de briser cette chaîne de transmission au lieu de laisser le virus se déplacer rapidement. Nous ne voulons pas 20 000 cas chez nous car cela causera un stress énorme sur notre système de santé», explique-t-il. Ce cadre de l’OPR balaie d’un revers de la main les accusations de l’opposition. «Il y a un désordre dans cette alliance donc il détourne l’attention. Ses dirigeants viennent de se rendre compte que les électeurs ne savent pas comment voter pour deux alliances avec deux symboles différents et une autre sur une liste proportionnelle. Ils se battent désormais pour avoir des élus sur la liste proportionnelle. Xavier-Luc Duval a été bête de croire que cela allait marcher.»
«Mauvaise décision»
De son côté, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, trouve que la décision de reporter les élections à Rodrigues est mauvaise pour de nombreuses raisons : 1) Il n’y a eu aucune consultation avec les partis d’opposition rodriguaise. 2) Le cycle Omicron risque de durer plusieurs semaines et donc la situation sanitaire ne va pas s’améliorer d’ici fin février et d’après les scientifiques, pourrait même empirer considérablement. 3) La campagne électorale étendue par deux semaines (au moins) augmentera les risques de transmission du virus.
«Il est clair que ce report est motivé par un désir du MSM d’aider son poulain l’OPR en nette perte de vitesse. L’OPR a déjà démarré sa campagne dégoûtante pour essayer d’acheter la conscience des électeurs. Le report des élections lui donne l’opportunité d’accentuer ce travail malsain. Heureusement que de nombreuses personnes résistent et dénoncent. Soyez sûrs qu’une fois au pouvoir, tous les cas de corruption des électeurs feront l’objet d’enquêtes et de poursuites. Le Covid a bon dos et je ne serai nullement surpris d’un second report des élections. Pourtant, afin de pouvoir se débarrasser du Covid à Rodrigues et à Maurice, il faut tout d’abord se défaire de ces incompétents au pouvoir», écrit Xavier Duval dans une correspondance à la presse.
Une candidate porte plainte contre la police
<p>Une candidate de l’Alliance libération, Dianette Henriette-Manan, a porté plainte à la police dimanche. Elle juge être harcelée et victime de discrimination après que des policiers ont interrompu ses réunions avec une douzaine de personnes qui <em>«respectaient la distanciation physique alors qu’un peu plus loin, des candidats de l’OPR tenaient une réunion en toute quiétude dans un ‘karo pomme zako’ avec un grand nombre de personnes malgré les restrictions sanitaires»</em>. Une photo de cette réunion est en circulation sur les réseaux sociaux montrant des personnes habillées en blanc (la couleur de l’OPR) en pleine réunion. De plus, les candidats de l’opposition ont mis la main sur une carte d’invitation portant le logo de l’Organisation du peuple rodriguais invitant les habitants de Palissade, un village partagé entre les régions 3 et 6, de venir assister à la réunion politique de dimanche. La police avait interrompu une première réunion de Dianette Henriette-Manan vendredi et une deuxième fois dimanche alors que l’OPR tenait pratiquement une réunion au même moment à Palissade. </p>
<p>Pour rappel, depuis que les premiers cas de Covid-19 ont été détectés dans l’île, des restrictions sanitaires interdisent les réunions politiques et les porte-à-porte. Après la plainte de la candidate de l’alliance libération, une candidate de l’OPR et commissaire sortante, Franchette Gaspard-Pierre-Louis, a fait une déclaration à un journal rodriguais, <em>«Kozer Rodriguais»</em>, pour démentir que son parti a tenu des réunions. <em>«Nous ne faisons aucune réunion. Nous avons décidé de ne pas faire de réunion parce que c’est difficile pour nous avec la restriction de cinquante personnes. D’ailleurs, même quand il n’y a pas d’élection, il y a plus de cinquante personnes qui assistent à nos activités. Si vous avez des faiblesses, il ne faut pas le mettre sur le dos des adversaires ou quelqu’un d’autre. Il faut être honnête avec soi-même. Nous n’avons fait aucune réunion dans la région 3 depuis le premier cas positif. Nous continuons à travailler en visant ceux qui nous appellent»</em>, dit-elle.</p>
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