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Télescopage manqué entre deux avions: la Sudan Civil Aviation Authority répond à Air Mauritius
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Télescopage manqué entre deux avions: la Sudan Civil Aviation Authority répond à Air Mauritius
Air Mauritius a émis un communiqué, publié sur le site «airspace-africa.com», le 21 janvier, et dans lequel la compagnie aérienne nationale accusait visiblement les contrôleurs aériens soudanais d’avoir donné le feu vert à MK 042 pour que l’appareil prenne de l’altitude. Et c’est pendant cette ascension que cet appareil a failli entrer en collision avec le MK 015, qui venait dans le sens opposé.
C’est grâce à la mise en marche automatique du Traffic Collision Avoidance System, qui a pris les commandes et changé automatiquement la trajectoire de l’avion, qu’une catastrophe aérienne entre deux appareils d’Air Mauritius (MK) a pu être évitée, le 6 janvier, vers 23 h 04, au-dessus du Soudan. Après avoir pris connaissance du communiqué de MK, le département de l’aviation civile soudanaise n’est pas content.
Il affirme que le vol MK 015, qui se dirigeait vers Maurice, avait, dès 22 h 36 temps universel, quitté l’espace aérien soudanais. Tout en ajoutant que MK 042, qui se dirigeait vers Londres, est entré sur le territoire soudanais à 23 h 34. Et de souligner aussi que «both Air Mauritius flights were south of Khartoum’s jurisdiction area of responsibility 23:04 UTC at the time they passed each other». Si l’Aviation civile soudanaise dit vrai, ses aiguilleurs du ciel n’auraient donc pas contribué au changement d’altitude du MK 042.
Certes, selon Flight Radar 24, les deux avions de MK se sont croisés au-dessus du Soudan, mais c’était au-dessus du Soudan du Sud et pas celui du Nord. Car il y en a deux, depuis 2011. D’après l’application Flite-Deck Pro, on voit que les avions se sont en fait croisés au-dessus de l’Éthiopie. Which is which? «C’est l’Éthiopie qui contrôle le territoire aérien du Soudan du Sud, probablement parce que ce dernier n’a pas les infrastructures et les équipements nécessaires pour le faire. Il faut distinguer les territoires géographiques des territoires aériens», rappelle un pilote que nous avons contacté. Ainsi, MK a accusé le Soudan du Nord alors que l’autorisation avait été donnée par les contrôleurs éthiopiens ?
Double erreur
En émettant le communiqué accusant le Soudan, MK se serait donc trompée deux fois : l’autorisation a été accordée par les contrôleurs éthiopiens et l’avion ne survolait même pas le Soudan du Nord mais le Soudan du Sud. Ce point est d’autant plus important lorsque l’Aviation civile soudanaise allègue que MK a émis son communiqué sans aucun «prior official complaint filed nor any immediate air report transmitted to Khartoum ACC or the IATA Regional Office nor to the Manager of Safety & Flight Operations, ATM Infrastructure Focus AME».
Et c’est là la deuxième partie du problème. MK a-t-elle déposé une plainte auprès de Khartoum et des autorités régionales après l’incident ? Selon nos informations, les pilotes de MK 042 et de MK 015 auraient fait le nécessaire en alertant la direction de MK. Dans ce cas, pourquoi la direction de MK n’a pas alerté Khartoum ou les autorités régionales ? Elle ne peut prétendre ignorer l’incident puisqu’elle a déjà émis une circulaire à ses pilotes leur rappelant la procédure. La compagnie avait même promis une enquête dans sa réponse à l’express, sans nous dire si l’enquête serait menée par International Air Transport Association (IATA) ou MK.
Il est possible aussi que MK ait bien alerté le Soudan mais pas celui du Sud ou l’Éthiopie, sans même s’excuser auprès du Soudan du Nord que MK a accusé à tort d’être à l’origine de l’incident. Cette affaire a de quoi faire s’interroger, Air Mauritius nous ayant informés qu’elle ne ferait plus de commentaire sur le sujet !
Pourquoi MK 015 descendait-il ?
<p>Ce qui est certain, c’est que tout changement d’altitude doit obtenir l’autorisation préalable du contrôle du pays survolé. Quelle est la procédure exacte ? Explications d’un pilote : <em>«Le contrôleur peut accepter. Il peut aussi refuser d’accorder l’autorisation s’il y a un avion qui vient dans le sens opposé ou qui va dans la même direction car il y a risque qu’un avion rattrape l’autre si les deux avions volent à des vitesses différentes.»</em> Et s’il y a défaillance de la part des contrôleurs ou des pilotes, c’est le système TCAS, présent sur les Airbus A 330NEO et A 350, qui prend automatiquement les commandes des avions, qui menacent de se télescoper. C’est pour cela que le MK 015 a modifié son altitude et est descendu alors que l’appareil MK 042 est monté. C’est un système obligatoire sur tous les avions commerciaux, qui agit sur les deux avions en même temps.</p>
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