Après la vente par les administrateurs de deux A319 et deux A340, ayant occasionné des pertes de Rs 3,4 milliards pour Air Mauritius (MK), deux autres A330-200 se trouvaient dans un «no man’s land» comptable du Deed of Company Arrangement (DoCA). D’après le DoCA des administrateurs de MK, les négociations étaient en cours pour annuler le leasing de l’un et vendre l’autre A330-220, dont des offres étaient en train d’être évaluées d’ailleurs. 

Or, selon le journal en ligne Global News, un des aéronefs, immatriculé 3B-NBM (Trochetia), qui était supposément en révision en Égypte, en juin 2021, aurait en fait été saisi par le bailleur Doric Flugzeugfonds Zweite GmbH & Co. Un journaliste trouvait étrange que l’on prenne tout ce temps pour réviser un avion et avait posé la question à MK, qui avait maintenu qu’il était en réparation. Jusqu’à ce que le journaliste découvre qu’au cours d’une escale au Caire, Doric aurait mis le grappin sur l’avion. L’entreprise de location d’avions avait loué cet A330-200 à MK en 2007 et renouvelé le bail en décembre 2016. 

Mais pourquoi cette saisie ? «Probablement en raison de nonpaiement du loyer», nous dit un ancien directeur de MK. Il faut savoir que les deux A330-200 venaient d’être révisés il y a quatre ans et l’explication d’une révision supplémentaire ne tenait pas trop la route. Ce qui est sûr, c’est que l’A330-200 qui aurait été saisi vole désormais sous les couleurs de la compagnie nationale d’aviation du Yémen. «Yemenia (IY, Aden) t o o k delivery of A330-200 7O-AFE (msn 883) on February 4, marking the carrier’s resumption of both widebody and A330 operations. Formerly 3B-NBM with Air Mauritius (MK, Mauritius), the 14-year-old jet was acquired by Aircraft Finance Germany GmbH from Doric Flugzeugfonds Zweite GmbH & Co earlier this year», ecrit le site ch-aviation. 

Nous avons demandé à MK ce qu’il en est en réalité. Le service de communication a pris toute une journée pour nous répondre qu’il n’y a jamais eu de saisie. Et que, comme prévu dans le DoCA, un A330-200 a été retourné au bailleur et l’autre vendu. Combien ? Pas de réponse. 

L’A330-200 immatriculé 3B-NBL (Nénuphar) a été expédié dans une sorte de cimetière pour avions en Arizona, à Pinal Air Park, le 23 novembre 2021, où il se trouve toujours et devrait être démantelé. Donc, d’après la version officielle, l’autre aurait été rendu au bailleur Doric. Toutefois, ce retour a été fait après une révision complète en Égypte, bien que l’avion venait d’être rénové en 2017. C’est cet avion qui vole maintenant pour le compte de la compagnie d’aviation yéménite. 

Au final, si l’on comprend bien MK, celui qui aurait été vendu est parqué dans un cimetière d’avions en Arizona ! Donc, à un prix probablement encore plus soldé que les deux A319 et A340 ? Et celui qui a été rendu à Doric, puis revendu par cette société à Aircraft Finance Germany, était immobilisé et rénové pendant plus d’un mois en Égypte. Combien cette rénovation a-t-elle coûté et qui a payé pour cette révision, MK ou Doric ? MK a refusé de nous répondre (voir hors-texte).

<p>Depuis l&rsquo;affaire de la collision manquée entre deux avions de MK dans le ciel soudanais et surtout la confusion de MK entre le Soudan et le Soudan du Sud, son service de communication répond invariablement à la plupart de nos questions par un prudent <em>&laquo;pas de commentaire à faire à ce stade&raquo;.</em> Voici les questions adressées hier matin, auxquelles on nous a répondu : <em>&laquo;Nous ne souhaitons pas faire de commentaires à ce sujet.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>1. À quel prix a été vendu l&rsquo;A330-200 qui se trouve à Pinal Air Park ?&nbsp;</p>

<p>2. L&rsquo;autre A330-200 retourné à Doric a-t-il été révisé avant le retour à Doric ? Si oui, MK a-t-elle payé pour cette révision et combien ?</p>

<p>Parmi les quatre avions qui ont été soldés par les administrateurs, deux A340 venaient d&rsquo;être rénovés à coups de centaines de millions. <em>&laquo;Pourtant, nous dit un ex-directeur, on s&rsquo;est débarrassé de ces avions juste après sous prétexte du Covid. Maintenant, on n&rsquo;a plus d&rsquo;avions.&raquo;&nbsp;</em></p>

<p>Pour la petite histoire, il semble qu&rsquo;une somme de Rs 37 millions <em>&laquo;reçue&raquo;</em> de la firme qui a rénové l&rsquo;avion aurait été la cause d&rsquo;une violente dispute entre trois hauts cadres de la compagnie à l&rsquo;époque. Dispute tellement violente qu&rsquo;elle est tombée dans les oreilles grandes ouvertes d&rsquo;autres personnes.&nbsp;</p>

<p>Mais pourquoi tous ces &laquo;<em>retrofittings&raquo;</em> et achats et ventes ? Réponse de l&rsquo;ex-directeur : <em>&laquo;Comme dans le gouvernement ou chez une entreprise qui n&rsquo;appartient pas aux directeurs mais au public, ce n&rsquo;est que quand il y a des &lsquo;asté-vandé&rsquo; que certains se remplissent les poches. Ce n&rsquo;est pas satisfaisant pour eux lorsque l&rsquo;on peut utiliser les avions existants. Il faut &lsquo;asté-vandé&rsquo; même si cela va ruiner la compagnie ou le contribuable.&raquo;</em></p>