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Portrait │ Sandrine Julien: un sourire derrière une caméra
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Portrait │ Sandrine Julien: un sourire derrière une caméra
«Elle n’est jamais en colère.» C’est ce que disent tous ceux qui la côtoient. Tantôt derrière sa caméra pour nous faire vibrer via ses vidéos originales tantôt militante sur le terrain, ce petit bout de femme dont le sourire cache un esprit engagé, très connue des artistes de renom, notamment Désiré François, Anonym, a plus d’une corde à son arc.
Sandrine Julien, Albionnaise, est activiste et consultante pour les droits humains mais aussi facilitatrice dans un collège de Port-Louis pour accompagner des jeunes filles en échec scolaire. «Je consacre mon temps et mon énergie à donner de la visibilité aux populations clés et aux minorités souffrant de stigmatisation et de discrimination à Maurice. J’accorde aussi du temps à la culture mauricienne, notre patrimoine, notre héritage, notre musique locale, avec tous les moyens dont je dispose. Le fond du problème n’est pas que l’humanité se fiche de leurs conditions mais parce qu’ils sont minoritaires, ils ne sont pas sur la liste de priorités ! Or, j’estime qu’on peut faire avancer plusieurs causes en même temps… Il n’est pas toujours possible de prioriser les actions, mais on peut aussi les paralléliser car ce qui semble futile pour moi est peut-être une nécessité pour un autre.»
Une diplomatie à toute épreuve
Sandrine Julien fait partie de ceux qui pensent que la violence (même verbale) n’apporte jamais de résultat positif. Pour elle, on peut tout se dire, toutefois, tout dépend de la manière dont cela est fait. «Rares sont les personnes à m’avoir déjà vue hors de moi. Je peux les compter sur les doigts de la main. Mais je dois avouer que mes proches et les personnes ayant injustement ou illégalement agi envers moi ont déjà croisé la Sandrine volcanique.»
Au fil des années, la jeune femme a su se faire une place dans l’univers musical local. Une caractéristique la distingue même des autres. En effet, pour preuve de sa grande modestie, Sandrine ne signe jamais ses vidéos. Elle estime que c’est l’artiste, l’ONG ou celui qui fait appel à ses services, qu’il faut mettre en avant et non la personne derrière l’objectif.
Toucher les coeurs pour se faire entendre
C’est avec cette conviction que Sandrine Julien est passée d’une «ti kaméra dan maryaz» à un statut de professionnelle, même si elle ne l’admet encore. Ses vidéos sont pour elle une manière d’aider les artistes car, avant tout, elle aime prendre le temps d’aider. D’ailleurs, bien souvent, elle réalise les vidéos qui ont un message important, utile, #creatorForACause– Philosophie, de manière bénévole. En effet, la jeune femme pense qu’on peut apprendre de tout un chacun, convaincue que nous pouvons tous apporter notre pierre à l’édifice. De fait, elle ne conçoit pas la concurrence car elle considère la force des autres comme une façon d’apprendre, un challenge pour l’aider à sortir de sa zone de confort. «On me demande tous les jours ‘kifer to pa pran cash ?’ Cette question me désole car j’ai l’impression que, de nos jours, au lieu d’être encouragé dans sa démarche, l’altruiste passe pour un fou ou un marginal.»
Par ailleurs, Sandrine Julien considère qu’il y a, à Maurice, des vidéastes exceptionnels qui méritent bien plus qu’elle d’être cités. «Allan Kartel, Azim Moollan, par exemple. Je suis loin d’être une pro. Il faut une dimension humaine pour que chacun puisse s’approprier un contenu, se projeter dans un contexte… donc je m’efforce d’être à l’écoute du naturel de chaque artiste, du message que la chanson veut faire passer. J’aime la musique, mais pour le bien, la tranquillité sonore de Maurice, je ne chanterai jamais en public (lavwa kanar). À Maurice, on voit trop souvent des clips commencer par le nom du vidéaste alors que les artistes, musiciens, arrangeurs, mixeurs ont travaillé des mois, voire des années sur un titre.»
Elle se remémore ses premières caméras. «Un Nikon D3200 / lense 18-55mm, la base pour un petit amateur. J’ai pris un D800 avec un 24-70 mm et j’ai appris à apprécier la profondeur de champ. J’ai ensuite tenté un boîtier mirrorless avec un Sony A6400 accompagné d’un 50 mm lambda, pour finalement m’orienter vers un A7C avec un 50 mm.»
Bien qu’elle ait réalisé un certain nombre de projets, Sandrine Julien en porte beaucoup dans son coeur, notamment ceux du Collectif Urgence Toxida, qu’elle a rejoint depuis quelques mois, pour aider à la réinsertion et la réhabilitation des dépendants de drogues à Maurice. Le Kolektif Drwa Imin qui regroupe le Collectif Arc-En-Ciel, Genderlinks et Kolektif Drwa Zanfan Morisien lui apportent aussi énormément.
L’avenir s’annonce radieux pour Sandrine Julien qui espère, entre autres, bientôt développer une plateforme digitale pour mettre en avant son pays et ceux qui y vivent. Les projets futurs ? «Pa koné. Soyons fous. Là est toute la surprise autant pour vous que pour moi… J’aime avoir la liberté d’aller où le vent me porte. Mais mon seul et unique projet reste de faire du bien autour de moi, #spreadLove.»
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