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Passage d’Emnati: plus de 80 % des plantations endommagées

22 février 2022, 15:00

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Passage d’Emnati: plus de 80 % des plantations endommagées

Le constat est alarmant. Plus de 80 % des plantations du pays ont été endommagés après le passage du cyclone Emnati. Pour le secrétaire de la Small Planters Association (SPA), Kreepalloo Sunghoon, il faudra attendre au moins un mois avant de pouvoir avoir quelques légumes sur le marché. La meilleure solution, pour l’heure, reste l’importation.

Au bazar de Mahébourg, qui grouille de monde en ce lundi, les clients se ruent vers les légumes exposés sur les différents étals. Les lalos ont la cote, ils se vendent entre Rs 50 et Rs 60, alors que le prix du chou reste à Rs 100 par endroits. Quelques brèdes, des piments et aussi de maigres pommes d’amour attendent d’être transportés dans les sacs.

Pour Yudish*, marchand de carottes et de choux, les légumes vont se faire encore plus rares. «Mes collègues planteurs ont déjà fait les premiers constats. Et c’est bien triste. Les légumes ont été affectés, et cela, depuis Batsirai.» Pour ce vendeur, il faudra être patient. «Je pense que ce n’est pas avant un mois, voire un mois et demi, que les affaires vont pouvoir reprendre.»

Rishi Khoosye partage également cet avis. «Je pense que d’ici trois semaines, les légumes seront de nouveau présents sur les étals. À condition que le pays ne soit pas visité par un autre cyclone entre-temps.» En ce lundi, ce commerçant qui exerce depuis 30 ans dans ce domaine constate que les prix affichés sont abordables. «Les lalos se vendent entre Rs 50 et Rs 60 alors que nous avons traversé deux cyclones. Les piments s’achètent entre Rs 25 et Rs 30 le quart. Les prix n’ont pour le moment rien à voir avec le passage des cyclones. Mais d’ici deux semaines, je pense que la donne va changer.»

 En tout cas, pour le moment, le secrétaire de la SPA appréhende les prochains jours. «La situation est des plus difficiles. Vous avez le cœur gros en voyant toutes ces plantations qui ont été affectées. Pour le moment, vous allez voir des lalos sur les étals, mais d’ici peu, les prix vont être à la hausse», avance Kreepalloo Sunghoon.

Selon ses estimations, moins de 20 % des légumes seront sur le marché pour le mois à venir. «Il y a encore plusieurs plantations qui sont sous les eaux. Et si cette eau n’est pas évacuée, tous les plants vont mourir.» Il ajoute que lors du passage d’un cyclone, il y a aussi de l’eau de mer qui arrive jusqu’à certains champs. «Et le sel est encore plus dangereux car il change le PH de la terre. Ce sel brûle les feuillages et les racines des plantes.»

Kreepalloo Sunghoon ne cache pas que la situation est dramatique. Autre souci rencontré est qu’avec ce mauvais temps, plusieurs abeilles ont été tuées. «La pollinisation va diminuer, surtout pour les plantes telles que le giromon ou encore la pipengaille, car les abeilles sont mortes. Pour refaire des ruches, il faudra encore plus de temps. On espère que ceux qui plantent dans les serres pourront d’ici un mois avoir des légumes.»

Selon lui, il faudrait que le gouvernement prenne la décision d’importer certains légumes. «Face à cette situation exceptionnelle, les officiers du ministère de l’Agro-industrie devraient déjà interroger les planteurs pour savoir combien de plantations ont été affectées. Et pour combien de jours la population pourra avoir des légumes. Et face aux réponses reçues, il faudrait en importer quelques-uns.»

Selon un communiqué émis lundi 21 février par le ministère de tutelle, une évaluation entourant les pertes encourues par les planteurs sera bientôt faite. Ce seront le Small Farmers Welfare Fund (SFWF) et le Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI), qui auront la tâche d’effectuer cet exercice. Des formulaires devront être remplis par les planteurs pour l’évaluation de leurs pertes. Ces derniers auront jusqu’à ce vendredi pour quitter les formulaires aux bureaux du SFWF ou du FAREI.

Le ministère de l’Agro-industrie envisage de décaisser l’aide aux agriculteurs dès le début de la semaine prochaine.