Attaques et coups bas. La campagne électorale en est à sa dernière semaine avant les élections régionales du 27 février à Rodrigues. Il ne sera plus question de renvoi puisque les bulletins ont été imprimés en dépit du fait que l’île a enregistré pratiquement 8 000 cas de Covid-19.

● Les bulletins débarquent dans l’île jeudi 

La commission électorale a réceptionné les bulletins de vote pour quatre régions au cours de la journée d’hier alors qu’elle prendra possession des bulletins pour deux autres régions aujourd’hui. Pendant toute la journée, des fonctionnaires de cette commission ont examiné chaque bulletin, et cet exercice se répétera aujourd’hui. Au total, 33 500 bulletins ont été imprimés par l’Imprimerie du gouvernement qui a deux sections. Les électeurs devront voter pour deux candidats et un parti sur la liste proportionnelle. 

Aussitôt cet exercice terminé, les documents seront scellés dans des boîtes afin d’être acheminés à Rodrigues jeudi à bord d’un avion d’Air Mauritius en journée. Le commissaire de la commission électorale, Irfan Rahman, précise que lui-même ainsi que des cadres de son bureau seront à bord de cet avion tout comme les Returning Officers et leur adjoint, des membres de l’Electoral Supervisory Commission ainsi que des policiers, qui auront, comme tâche, de surveiller les boîtes contenant les bulletins. 

Une forte escorte policière accueillera les bulletins de Plaine-Corail jusqu’aux trois postes de police désignés pour garder les boîtes contenant ces documents. «Je tiens à préciser que les Returning Officers accompagneront les bulletins qui seront placés dans des cellules qui seront scellées par ces mêmes Returning Officers. Ce n’est que dimanche matin qu’ils auront le droit d’ouvrir les cellules afin d’emporter les urnes et les bulletins dans les différents centres de vote», déclare Irfan Rahman. Rodrigues compte 22 centres de votes. 

Le décompte se fera pendant la soirée et ce sera une première. Les Rodriguais auront jusqu’à 15 heures pour voter. D’après le calcul de la commission électorale, les résultats pourraient être proclamés au plus tard à 22 heures. «Tout dépend de la vitesse à laquelle le décompte sera fait. Il y a beaucoup de procédures à respecter après la fermeture des bureaux de vote. Il en est de même avant l’ouverture des urnes. Donc, il est difficile de préciser à quelle heure exactement nous aurons les résultats», poursuit le Commissaire électoral. 

Quelque 600 fonctionnaires seront mobilisés pour ces élections. Parmi eux, une dizaine venant de Maurice. Irfan Rahman a eu plusieurs réunions et formations avec eux. D’autres réunions sont prévues à Rodrigues dès jeudi après-midi. 

● La tension monte 

Des activistes, notamment des proches de l’opposition, ont porté plainte à la police affirmant qu’ils ont eu des menaces et qu’ils ont été agressés alors qu’une candidate de l’alliance de l’opposition, Jana Collet, a également saisi la police après que des photos truquées ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Du côté de l’Organisation du peuple de Rodrigues (OPR), des membres ont dénoncé certains proches de l’opposition qui auraient fait circuler des captures d’écran d’une conversation privée entre une candidate et son interlocuteur. 

Pour résumer, la tension monte à Rodrigues. Nicolas Von-Mally, le leader du Mouvement Rodriguais (MR), qui n’est dans aucune alliance, affirme que ses adversaires colportent des rumeurs sur lui. «Mes adversaires disent que j’ai fait une alliance avec l’OPR. C’est totalement faux. Si des activistes de l’OPR ont décidé de faire campagne pour le MR, tant mieux. Si des partisans déçus de l’OPR veulent voter pour moi, cela ne veut pas dire que je suis en alliance avec ce parti», insiste-t-il. Le leader du MR compte augmenter le nombre de réunions cette semaine. 

Pour sa part, Johnson Roussety, un des leaders de l’alliance de l’opposition, déplore que des bailleurs de fonds basés à Maurice tenteraient d’acheter des électeurs. «Ils encouragent des partisans de l’opposition de ne pas voter contre paiement. Si quelqu’un touche de l’argent, il doit remettre sa carte d’identité à celui qui lui a payé pour qu’ils ne puissent pas se présenter au bureau de vote», déclare Johnson Roussety. D’ailleurs, en raison des restrictions sanitaires, les dirigeants de cette alliance font des émissions en direct tous les soirs à partir de 19 heures. «Nous passons des passages et nous parlons de nos programmes. Nous touchons environ 700 personnes par soirée. C’est beaucoup pour Rodrigues.» 

De son côté, le secrétaire de l’OPR, Buisson Léopold, dément les allégations de l’opposition tout comme le commissaire sortant, Daniel Baptiste, a démenti sur les réseaux sociaux qu’il y a eu agression sur des activistes de l’opposition. «Nous sommes confiants en une victoire. Nous allons nous préparer cette semaine pour le grand jour. Il ne reste que quelques ajustements à faire», confie le secrétaire de l’OPR. 

Quant à Franceau Grandcourt, le leader de l’Union pour le peuple de Rodrigues, il indique que «les deux dernières semaines ont été en notre faveur. Les incompétences de l’OPR ont été mises à jour dans la gestion du Covid-19 avec le nombre de cas. Il y a eu des familles qui n’ont pas eu d’eau pendant plus de 30 jours sans compter les autres problèmes».