Publicité
Cyclones qui ne nous rendent visite «que» les week-ends: la thèse se prend un vent
Par
Partager cet article
Cyclones qui ne nous rendent visite «que» les week-ends: la thèse se prend un vent
«Bann siklonn zot vini vendredi klas 1, samedi klas 2 ek dimans klas 3 et 4. Lindi zéro klas tou dimounn ale travay.» C’est le constat de nombreux internautes qui ont récemment vécu le passage de deux cyclones près de nos côtes, soit Batsirai et Emnati. À titre d’exemple, Emnati est passé à son point le plus proche le dimanche 20 février dans l’après-midi. L’alerte cyclonique de classe 4 a été levée à 16 heures. Ce qui signifie que peu importe les conditions météo, les Mauriciens devront prendre le chemin du travail. Les enfants, eux, ont eu un jour de congé le lundi suivant la levée de l’alerte cyclonique.
Depuis quelques années, Maurice est effectivement en alerte cyclonique le week-end ou depuis un vendredi. Quelquefois, les cyclones arrivent aussi en semaine, soit mercredi ou jeudi. Pour comprendre ce phénomène, on a consulté le site web firinga.com, qui répertorie les saisons cycloniques.
À titre d’exemple, Hollanda fut baptisée tempête tropicale le mardi 8 février 1994. Le mercredi 9 février, la station météo de Vacoas dut déclencher l’alerte 1 et 2 dans la même journée, car le cyclone s’était intensifié et se dirigeait à 15-20 km/h vers Maurice. Le jeudi 10 février, en pleine Fête du Printemps, l’alerte 3 et 4 est déclenchée à quelques heures d’intervalle.
Autre cyclone qui visita Maurice en semaine, Gamede, baptisé le mercredi 21 février 2007. Le vendredi 23, Maurice passa en alerte cyclonique et restera de longues heures en alerte 3 pour un passage le 24 février, un samedi, à 240 km en classe 4.
Récemment, le cyclone tropical intense Batsirai s’est formé en week-end loin des Mascareignes. Puis s’est rapproché de Maurice le mardi 1er février pour passer à son point le plus proche le mercredi 2 février en alerte 4 à quelque 150 km de Maurice. Quant au cyclone Emnati, il est passé en alerte 4 à environ 300 km de Maurice. L’alerte 1 émise dès vendredi pour atteindre la classe 4 samedi soir.
Dimanche, l’alerte est levée à 16 heures. Les écoles restent fermées le lendemain mais le travail reprend.
Quelle est l’explication plausible ? Pour l’ancien directeur général de la Mauritius Meteorological Services (MMS), Subiraj Sok Appadu, il n’y a aucune explication scientifique sur le fait que les cyclones viennent plus souvent en week-end. Il affirme qu’un cyclone peut prendre cinq jours comme trois jours pour s’approcher de Maurice. «Dépendant de sa trajectoire et de sa vitesse, on n’a aucun contrôle sur son approche. Même si c’est vrai que les cyclones arrivent dans les parages de Maurice en week-end», souligne-t-il.
La communauté des storm trackers, des passionnés de phénomènes météorologiques, parlent, eux, de coïncidence et de forte probabilité. Intish Howlodhr, membre de la page Météo et Cyclone Mauritius, déclare, à ce sujet : «Je pense que c’est une pure coïncidence si durant la saison cyclonique, les cyclones intéressent Maurice le plus souvent les week-ends. Récemment, deux cyclones se sont rapprochés de Maurice. L’un durant la semaine, et l’autre en week-end. Si le cyclone Emnati avait ralenti dimanche lors de son passage, Maurice aurait toujours été sous alerte cyclonique lundi aussi.» Il souligne aussi que les gens font remarquer que les anticyclones également affectent le temps à Maurice les week-ends.
Vishal Kawal, du groupe Storm Tracker, parle, lui, de probabilité. «Il y a cinq jours en semaine et deux en week-end. Donc plus de probabilité de voir un cyclone se former en semaine qu’en week-end. Le temps qu’il s’intensifie et se rapproche, c’est déjà le week-end. De plus, les gens ne se rappellent pas vraiment des cyclones qui ont touché l’île en semaine. Mais ils se rappellent plutôt du week-end qu’ils ont perdu à cause d’un cyclone. C’est plus psychologique, je crois», observe-t-il. Et d’ajouter qu’on se rappelle plus facilement de Hollanda, Gamede qui ont touché Maurice en fin de semaine. Alors qu’on a oublié Eline qui a affecté le temps un mardi en février 2000.
On a pris un échantillon de 20 formations cycloniques majeures entre 1960 et 2022 du site web firinga.com. On a répertorié une majorité de cyclones en alerte 2 à 4 en semaine. On retrouve une fois sur deux le passage d’un cyclone en semaine comme en week-end. Il faut savoir que dépendant de son intensification et de sa vitesse de déplacement, une formation cyclonique prend en moyenne cinq jours avant d’atteindre une trajectoire qui la rapproche des terres habitées. Ainsi, souvent l’alerte 1 est émise un vendredi ou un lundi, soit de 36 à 48 heures avant le rapprochement final. Ce qui fait que le passage d’un cyclone sur Maurice peut se produire soit en week-end soit en semaine. Tout n’est donc que coïncidence.
Publicité
Les plus récents