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Qui obtiendra le contrat pour informatiser les services publics ?

2 mars 2022, 18:00

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Qui obtiendra le contrat pour informatiser les services publics ?

Cela fait longtemps que l’on parle de Digital Government et autres E-Health. On a tout facilité pour aider, notamment, les étrangers désirant s’installer à Maurice. Mais les Mauriciens, eux, continuent de poireauter dans les longues queues. 

Manoj, un Curepipien, nous raconte les démarches tortueuses qu’il a dû faire pour s’inscrire comme Senior Citizen et bénéficier de sa pension de vieillesse. À la sécurité sociale de Curepipe, on lui demande un nouvel acte de naissance. Il marche vers le bureau de l’état civil qui se trouve plus loin et où on lui demande un timbre. Qu’il doit acheter à la poste de Curepipe, qui se trouve à l’autre bout de la ville. 

Arrivé là-bas, il voit un avis informant que la poste est fermée à cause d’une infection d’un membre du personnel au Covid. Il va à une autre poste, à Floréal. Une longue queue l’attend. Lorsqu’il a obtenu le timbre, il reprend la direction du bureau de l’état civil. Il obtient l’acte de naissance et repart au bureau de la sécurité sociale. Qui est fermée pour la pause-déjeuner. Il attend et a pu faire sa demande. 

Ce n’est pas fini. Pour pouvoir voyager gratuitement dans les autobus, on l’informe qu’il doit faire une deuxième démarche auprès du bureau de Port-Louis ou Rose-Hill, où on lui remettra une nouvelle carte d’identité avec la mention «SC». Retour dans les longues files d’attente. Après une semaine, il reçoit sa nouvelle carte d’identité. 

Gérard souffre du diabète et d’autres complications de santé. Il doit se rendre à l’hôpital au moins une fois par mois. Il passe le plus de temps, dit-il, à faire la queue, le temps que le préposé inscrive ses coordonnés notamment. Une fois, nous racontet- il, on ne retrouvait plus son dossier. 

Après de longues recherches parmi des fiches en carton, on a finalement retrouvé sa «carte» qui était mal classée, par son prénom au lieu de son nom. Son âge aussi était mal inscrit. Après maintes explications, on accepte de le référer à un médecin. Il se demande pourquoi un service aussi important que la santé utilise toujours ces paperasses et que l’on n’a pas pensé à informatiser. 

Plus le projet est coûteux, plus il est intéressant 

Justement, une délégation du National Informatics Centre indien était à Maurice, entre le 21 et 25 février, «to assist the Ministry of Information Technology, Communication and Innovation in working out a Digital Government blueprint ». Ce qui a fait réagir un ancien haut cadre du ministère de la Santé. «On entend parler du projet de E-Health depuis plus de 15 ans mais cela n’a pas abouti. Il est important d’informatiser mais par phases. Or, le gouvernement veut tout informatiser d’un seul coup. Plus le projet est coûteux, plus c’est intéressant pour certains.» 

Pourquoi ne peut-on pas informatiser tout le système de santé ? Réponse : «Très peu de systèmes de santé au monde ont tout informatisé d’un coup. Il faut premièrement donner le temps au personnel de s’adapter. Deuxièmement, certains documents ne peuvent être numérisés, comme les ordonnances des médecins. il faut d’abord éliminer les longues files devant la réception de ‘Casualty’ et ‘unsorted patients.’ Tout ce temps perdu par les patients ou les autres citoyens devant les bureaux administratifs publics a un coût économique et social. Combien d’absences au travail, combien de travaux ménagers sont sacrifiés à faire la queue ?» 

Pour notre interlocuteur, il est nécessaire d’informatiser le système d’enregistrement des patients. «Vous savez que de nombreux patients visitent parfois plusieurs hôpitaux pour le même mal et parfois le même jour ? Pourquoi a-t-on cinq millions de visites par an alors que nous avons une population de seulement 1,3 million ? C’est parce que les patients font parfois plusieurs visites dans différents hôpitaux. Le personnel de la Santé n’est pas en mesure de savoir si le patient est passé, par exemple, à l’hôpital Jeetoo après avoir consulté un médecin à Candos. Alors que s’il y avait un système de fichier centralisé, cela éviterait ces situations.» 

Cette visite d’une délégation indienne interpelle en tout cas un député de l’opposition. «Je sens qu’un gros contrat va être accordé aux Indiens alors que les Mauriciens ont la capacité d’informatiser le secteur public.» Pour lui, cela sent le business et les commissions. Il nous rappelle que notre pays se veut être une puissance dans l’informatique. 

«Beaucoup de firmes internationales ont délocalisé leurs opérations à Maurice. Là, on se tourne vers d’autres pays quand il s’agit d’informatiser le secteur gouvernemental. On aura sûrement un deal ‘G to G’ où le prestataire sera choisi avec consultants etc. en toute opacité.» Pour lui, l’amendement à la loi pour l’octroi d’Occupation Permit annoncé par le Conseil des ministres vendredi n’y sera pas étranger…