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Invasion russe en Ukraine│Comal Luchan: «J’ai le sentiment d’avoir frôlé la mort»
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Invasion russe en Ukraine│Comal Luchan: «J’ai le sentiment d’avoir frôlé la mort»
C’est avec beaucoup d’émotion que Comal Luchan, étudiant en médecine, qui a fui l’invasion russe en Ukraine, a été accueilli par ses proches dimanche. À l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam, dès qu’il a franchi les portes automatiques, ce fut des cris de joie, des embrassades mais aussi des larmes. Cet homme de 27 ans a pu rentrer sain et sauf au pays par un vol d’Air Austral. À la suite des attaques militaires menées par les Russes en Ukraine depuis deux semaines, plusieurs étudiants étrangers ont été obligés d’être rapatriés dans leurs pays respectifs.
À un mois des examens, Comal Luchan, étudiant en médecine dentaire au Dnipro Medical Institute, Dnipropetrovsk Oblast en Ukraine, n’a eu d’autre choix que de s’enfuir. À Montagne-Longue, les Luchan sont soulagés. Leur benjamin, qui a passé plus d’une semaine dans une zone de guerre, est maintenant en sécurité auprès des siens. L’express l’a rencontré hier à son domicile où après des nuits blanches passées dans un environnement hostile, Comal Luchan faisait la grasse matinée.
L’euphorie passée, place au récit. Il lui est difficile de revenir en arrière sur les derniers jours qu’il a passés en Ukraine. Cependant, il raconte qu’il n’a pas eu le temps de faire ses valises. D’ailleurs, la consigne était que sa valise soit petite et légère.
Selon ses dires, son rapatriement a été planifié par l’ambassadeur mauricien en Russie, Kheswar Chandan Jankee, et le ministère des Affaires étrangères mauricien. Il avait pour instruction de franchir la frontière pour se rendre en Pologne. Deux Mauriciens devaient l’attendre à cette frontière. Pour aller au point de rendez-vous, il a parcouru plus de 35 km à pied dans le froid.
«J’ai fait ce trajet en compagnie d’un ami suédois, qui était dans la même situation que moi et après, nous nous sommes séparés. En chemin, nous avons vu des chars d’assaut, des soldats et des tireurs d’élite un peu partout. Ils surveillaient nos moindres gestes. C’était effrayant. Il y avait un embouteillage monstre sur la route. Je vous parle là de plus de 40 km d’embouteillage. Nous n’avions pas d’autre choix que de marcher.»
Les difficultés se sont enchaînées pour le jeune homme, qui devait trouver de quoi se nourrir. Comal Luchan confie qu’en marchant, il ne consommait que des aliments hypercaloriques comme la pistache et le chocolat, entre autres. Il n’a presque pas dormi pendant des jours. «J’étais totalement désemparé et je n’avais plus de force. Cependant, je savais que je devais poursuivre ma route si je voulais quitter l’Ukraine le plus tôt possible. J’avais le sentiment d’avoir frôlé la mort.»
Ses efforts ont porté leurs fruits quand notre interlocuteur a finalement rejoint la frontière polonaise, le 1er mars. Les soldats polonais postés à la frontière l’ont dirigé vers un autobus dont l’itinéraire lui était inconnu. «Where are we going ?» a-t-il demandé aux soldats. «Don’t ask questions, just get in», lui ont-ils répondu. Angoissé, Comal Luchan a dû s’exécuter. Il n’a malheureusement pas pu rencontrer les deux Mauriciens, qui l’attendaient depuis 30 heures.
Après 12 heures de trajet en autobus, il a rejoint un camp de réfugiés, le 2 mars. «Après être resté cinq jours sans manger correctement, c’est là que j’ai eu mon premier repas chaud. J’ai pu prendre une douche malgré l’eau glaciale et je me suis reposé quelques heures», confie-t-il. Il ajoute qu’un bus et un train ont été mis à la disposition des réfugiés, et ce, aux frais des autorités polonaises. Le Mauricien s’est ensuite rendu à Varsovie, capitale polonaise, afin de rencontrer Stephano et Nick, deux autres Mauriciens, qui ont été contactés par l’ambassade mauricienne en Russie afin de lui porter secours. «Stephano m’a hébergé. Les deux Mauriciens ont été très accueillants et ont subvenu à mes besoins gratuitement pendant deux jours. Je leur serai éternellement reconnaissant pour leur aide.»
Anita Luchan, 60 ans, peut enfin dormir en paix car son fils est rentré sain et sauf. Elle peut le serrer dans ses bras autant qu’elle le veut. Elle, qui avait perdu sa joie de vivre, l’a retrouvée dimanche quand son benjamin lui est revenu. C’est en larmes qu’elle l’a accueilli à l’aéroport. «J’avais cessé de regarder la télé car les images me faisaient peur. Mon enfant est avec moi et c’est tout ce qui compte désormais.»
Anton Kriuchkov : «Je suis inquiet pour mes parents»
Cela fait déjà quelques jours qu’il a pu regagner l’Ukraine, son pays natal. Après avoir quitté Maurice, mardi dernier. Toutefois, Anton Kriuchkov se dit inquiet pour ses parents, car il n’a pas eu de leurs nouvelles depuis vendredi.
Dans une courte vidéo postée sur Facebook, il montre les boîtes de médicaments et autres produits qu’il a pu embarquer avec lui et qui sont arrivés à bon port. «Grâce à votre aide, j’ai pu apporter ces denrées en Ukraine. Toutefois, je ne peux vous montrer où je suis car cela doit rester secret. Merci pour tout.» Mais nous avons pu brièvement prendre contact avec lui, et il dit s’inquiéter pour ses parents. «J’ai pu parler à mon père, mais lors de ces derniers cinq jours, je n’ai pu avoir contact avec ma maman. Il faut savoir que dans ma ville, il n’y a plus d’électricité, plus d’eau, plus de nourriture. Ma ville ressemble à ce qui s’était passé lors de la bataille de Stalingrad. La situation est très grave en Ukraine.»
Pour rappel, ses parents habitent à Marioupol. Cette ville portuaire, située dans le sud de l’Ukraine, est assiégée et bombardée par des colonnes russes venues de la Crimée et du Donbass. À deux reprises durant le week-end, des trêves avaient été annoncées afin de laisser les civils évacuer la ville, mais elles se sont effondrées suivant d’autres attaques russes. À hier, 12 jours après le début de l’invasion de l’Ukraine, la Russie a annoncé un cessez-le-feu pour laisser les civils quitter la ville.
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