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Affaire Rawoo: le dentiste-parlementaire obtient le permis de construction
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Affaire Rawoo: le dentiste-parlementaire obtient le permis de construction
Sans surprise, les Rawoo l’ont bien obtenu, leur Building and Land Use Permit (BLUP), le 23 février, soit le lendemain même de la publication de notre article. Pourtant, l’obtention du bail était sujette à des conditions comme la soumission d’un certificat d’Environmental Impact Assessment (EIA) pour le projet de «wellness medical clinic and residential care home for retired persons».
Au conseil de district de Rivière-Noire, on nous avait fait comprendre que ce certificat n’était pas exigé car le projet avait changé pour inclure, à part la clinique, celui de Restaurant and Apartments with Permission to sell the Apartments to Mauritians through a Règlement de Co-Propriété. Tout de même, le projet incluait la clinique pour laquelle un certificat EIA doit être soumis. Le ministère des Terres, qui a approuvé le bail, fait le mort.
De clinique dentaire à «dental facility» pour finir en bungalows ?
Pourquoi le conseil de district a-t-il approuvé à son tour le BLUP sans un certificat EIA ? Réponse des plus instructives : «Ce certificat n’est (NdlR, encore une fois) plus exigible.» Mais pour une autre raison que celle de l’octroi du bail.
Suivez bien l’explication donnée car tout change très vite dans cette affaire concernant le député de la majorité, Ismael Rawoo. «Le projet ne concerne plus une clinique dentaire (pour laquelle un EIA est obligatoire) mais une dental facility.» Quésaco ? «Cette dental facility est destinée au repos des clients qui reçoivent des soins dentaires…»
Soins dentaires, où ? Sur place ? Notre interlocuteur n’est pas trop sûr. «Un étranger pourra-t-il se refaire les dents chez les Rawoo ?» La réponse n’est pas claire. «Pourrais-je, moi, Mauricien, me faire soigner une dent au bord de la mer ?» avons-nous demandé. «Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est qu’il faut que le rendez-vous soit approuvé !» Bref, il semble que pour toute activité dentaire et même clinique, il n’en reste que le nom Smart Clinics Ltd, comme le reconnaîtra lui-même, un brin ironique, notre interlocuteur.
En tout cas, ce genre de projet para-dentaire de dental facility n’est pas mentionné dans la liste des projets qui requièrent un certificat EIA. On aura donc juste remplacé «clinique dentaire», que les Rawoo ont utilisée pour obtenir le terrain à bail de l’État, par «dental facility» pour l’obtention du BLUP. Et comme le reste – ou plutôt la principale partie du projet – concerne moins de 50 bungalows, aucun EIA n’est requis.
«L’article 6 de la State Lands Act interdit le changement de destination du projet de clinique dentaire à dental facility sans l’autorisation du ministre des Terres», nous fait remarquer un avocat, qui estime donc que le ministre de tutelle serait bien intervenu dans cette affaire. Le District Council ne semble pas trop saisir les nuances, subtiles, dans cette demande de BLUP qu’il a pourtant luimême approuvée. Il nous a référés au ministère des Terres pour plus d’éclaircissements. Ce ministère a-t-il «usurpé» les pouvoirs du conseil de district dans cette affaire ?
Nous nous sommes donc tournés vers le ministère des Terres avec les questions suivantes : est-ce que Smart Clinics Ltd a payé Rs 15 millions au gouvernement pour le bâtiment se trouvant sur le terrain, ou alors les Rawoo en ont-ils été exemptés, comme un de ses représentants l’aurait laissé entendre au conseil de district. Et l’obligation de commencer le projet dans le délai prescrit ? Est-ce que les Rs 1,5 million par arpent payables au Consolidated Fund ont été réglées ? Quid du loyer à Rs 2 millions par an et les intérêts accumulés pour retard de paiement ? Enfin, Smart Clinics Ltd respecte-t-elle la limite de 20 % d’occupation du terrain ?
Informé de l’absence de réponses du ministère, l’avocat nous dira : «J’espère qu’au moins ces paiements ont été effectués même si le bail et le BLUP sont illégaux.»
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