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MPC: Ukraine et montée inflationniste forcent une légère hausse du taux directeur

10 mars 2022, 22:00

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MPC: Ukraine et montée inflationniste forcent une légère hausse du taux directeur

La réunion du Monetary Policy Committee (MPC) a finalement rompu son suspense. Ses membres ont opté, hier, pour une augmentation symbolique de 15 points de base du taux repo, qui passe ainsi de 1,85 % à 2,00 %. Une infime hausse, en dessous des attentes des spécialistes, considérée insuffisante pour combattre la spirale inflationniste. D’autant plus que les dernières statistiques indiquent une inflation à glissement annuel de 9 %, une tendance haussière qui n’exclut pas qu’elle pourrait se rapprocher dangereusement des deux chiffres dans quelques semaines. La dernière hausse du taux repo remonte à juin 2011, alors que depuis avril 2020 il est resté inchangé à 1,85 %. 

Devant la presse, le gouverneur de la Banque centrale (BoM), Harvesh Seegolam, prône la prudence face à une éventuelle normalisation de la politique monétaire. La guerre en Ukraine est venue ajouter de l’incertitude face aux perspectives économiques mondiales, déjà largement influencées par le variant Omicron et l’effet de la pandémie qui a déjà perturbé la chaîne d’approvisionnement à l’échelle mondiale. 

«Sur la base des discussions au sein du MPC et compte tenu des risques inflationnistes élevés et tout en continuant à promouvoir des conditions macroéconomiques favorables à une reprise économique, une hausse de 15 % des points de base a été considérée comme étant justifiée dans le contexte actuel par les membres de ce comité.» Il ajoute que, tout en prônant une politique monétaire qui soutient la reprise, le MPC veillera aussi à être vigilant face à la montée inflationniste. 

Harvesh Seegolam soutient toutefois que le timing et le rythme du retrait d’une politique monétaire accommodante dépendront des perspectives de croissance et d’une évaluation des risques inflationnistes. Il va de soi que la guerre russo-ukrainienne a influé négativement sur les marchés financiers internationaux, faisant plonger les marchés boursiers et fuir les investisseurs vers des actifs refuges alors que le prix de l’or a atteint son niveau plus haut à US 2 070 l’once le 8 mars, analyse Harvesh Seegolam. 

Si les banques centrales ont resserré leur politique monétaire, dit-il, pour combattre l’inflation vu qu’elle devrait persister en 2022, toutefois, avec le déclenchement de la guerre en février, les banques seront plus enclines à adopter une approche prudente face à la nouvelle conjoncture faite d’incertitudes sur le front de la croissance et de l’inflation. 

Analysant l’économie locale, le gouverneur note que celle-ci emprunte actuellement une voie de reprise soutenue par la confiance des consommateurs et le soutien à la demande. À cet effet, il note que la relance du tourisme après la réouverture complète des frontières en octobre 2021 est en train d’exercer un effet d’entraînement sur d’autres secteurs, dont le commerce, la grande distribution et la construction. 

Avec 262 000 touristes enregistrées depuis le début d’octobre jusqu’à la fin de février, il estime que tous les efforts doivent être déployés pour s’assurer que l’objectif d’un million de touristes en 2022 soit atteint dans ce secteur considéré comme un pôle de croissance. Idem pour le secteur manufacturier qui montre, selon lui, des signes de reprise positifs. 

Quid du marché financier ? La BoM, explique Harvesh Seegolam, continuera à assurer une gestion active des liquidités. Il rappelle que depuis la dernière réunion du MPC en décembre, la banque a émis des obligations d’une valeur de Rs 45 milliards et qu’au 8 mars, elle gérait un niveau d’excès de liquidités de Rs 28,5 milliards. Parallèlement, depuis le début de l’année, la BoM est intervenue sur le forex pour vendre USD 45 millions aux banques commerciales et USD 80,5 millions à la State Trading Corporation.


Croissance de 7 % à 8 %, projette la BOM 

L’impact de la guerre en Ukraine impactera sur l’économie mauricienne, au vu de sa posture d’ouverture sur le monde. L’incertitude liée à la croissance mondiale couplée aux coûts du fret et aux envolées des prix énergétiques, àcause des effets combinés de la pandémie et de la guerre aura raison de la croissance économique. Selon la projection établie par la banque, la croissance se situera entre 7 % à 8 % en 2022, celle-ci dépendra également du nombre des arrivées touristiques. Par rapport à l’inflation, les turbulences sur les prix des commodités et des produits pétroliers sur les marchés internationaux risquent de peser sur cet important indicateur économique. D’ailleurs, les experts de la BoM estiment que l’effet du second tour des récentes augmentations de prix pourrait faire perdurer les pressions inflationnistes. Tout compte fait, les services économiques de la banque tablent sur une inflation globale de 6,7 % en 2022.

 

 

<p style="text-align:center"><img alt="" height="354" src="/sites/lexpress/files/images/monetary_policy_committee_tab.jpg" width="566" /></p>

<p><strong>Taux directeur&nbsp;</strong></p>

<p>Remplaçant le taux Lombard comme taux directeur en décembre 2006, le taux repo fut introduit par le gouverneur Ramesh Basant Roi à 8,50 %. Sous le gouverneur Bheenick, il monta à 9,25 % en juillet 2007, mais recula jusqu&rsquo;à 4,75 % dans le sillage de la crise financière globale de 2008. Il remonta à 5,25 % en mars 2011 et à 5,50 % en juin 2011. Puis, il n&rsquo;y avait pas de hausse du taux directeur, décembre 2011 marquant le début d&#39;un cycle d&rsquo;assouplissement monétaire qui vit le taux repo atteindre 1,85 % en avril 2020 avec l&rsquo;éclatement de la pandémie de Covid-19. Jusqu&rsquo;à hier, puisque le taux directeur a été relevé à 2,0 %.</p>

<p><strong>Taux d&#39;intérêt&nbsp;</strong></p>

<p>Lorsque le taux repo fut introduit comme taux directeur en décembre 2006, la moyenne pondérée des taux d&rsquo;intérêt sur les dépôts était de 7,12 % alors que celle à l&rsquo;emprunt était de 12,20 %, soit une marge de 5,08 %. En décembre 2021, elles étaient respectivement de 0,40 % et de 4,54 %, soit une marge de 4,14 %.</p>