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Non publication du rapport du FFC: Les proches des dialysés décédés sont dans l’incompréhension

12 mars 2022, 14:30

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Non publication du rapport du FFC: Les proches des dialysés décédés sont dans l’incompréhension

Le ministère de la Santé a décidé que le rapport du Fact Finding committee (FFC) pour faire la lumière sur les circonstances entourant la mort de 11 patients dialysés, l’année dernière, à l’hôpital de Souillac, de même que ceux en quarantaine, ne sera pas rendu public. Une situation, qui exacerbe la douleur des familles endeuillées alors que les personnes dialysées sont toujours dans la tourmente à cause du Covid-19...

Onze mois se sont écoulés depuis qu’elle a enterré son époux, Habibe Unjore, 73 ans. Mais la douleur de l’absence est toujours aussi vive. Son épouse de 66 ans a toujours du mal à digérer l’injustice entourant la mort de son mari et comme si que cela ne suffisait pas, elle doit maintenant vivre tout en sachant que le rapport du FFC, institué pour permettre de connaître les circonstances du décès des 11 patients dialysés à l’hôpital de Souillac, ne sera pas rendu public. «C’est révoltant. Pourquoi m’avoir fait venir témoigner si je ne peux même pas savoir de quoi est mort mon mari ? Si ti kone pou met sa dan tirwar, ti bisin pa fer li tou sinpleman», dit-elle excédée.

Toutefois, elle soutient qu’elle pressentait qu’il en serait ainsi par la façon dont les choses se sont déroulées. «Inn fer sa ziss pou nou lizié. Mo bien rappel zour ti dir pou fer FFC so gramatin dan zournal, ti fer konner ki enn avoka pou avoy enn let DPP pou dimann enn lanket lor lamor mo mari. Zot inn ziss anvi anpess sa», estime cette mère de deux enfants, révoltée.

D’ailleurs, elle trouve «complètement ridicule» la raison avancée pour ne pas rendre public le rapport, soit qu’il faut conserver «l’anonymat des patients». Car, précise-t-elle, si on lui avait demandé son consentement, elle aurait accepté. Et, ajoute-t-elle, si son époux était toujours vivant, il aurait voulu que la lumière soit faite sur ces morts incompréhensibles.

Pour l’épouse d’Habibe Unjore, ce FFC n’a été qu’un gaspillage d’argent des contribuables. «Je me demande si tous ces patients décédés pourront obtenir justice par rapport à la négligence qu’ils ont subie.»

Les propos de cette sexagénaire sont partagés par Bose Sonarane, secrétaire de laRenal Disease Patients Association. Pour lui, c’est une grosse déception que le rapport du FFC ne soit pas accessible au public. L’association a envoyé une lettre au Premier ministre, au président de la République et à d’autres instances pour réclamer une copie dudit rapport mais n’a reçu aucune réponse à ce jour. «De quelle confidentialité parle le ministre, quand dès le départ, les proches de victimes voulaient venir de l’avant publiquement et dénoncer, à visage découvert, ce qu’ils avaient vécu ?»

Pour rappel, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, qui procédait au lancement d’un nouveau centre de dialyse à la New Souillac Hospital, jeudi, a dit, à plusieurs reprises, que ce rapport du FFC ne serait pas rendu public en raison des informations personnelles qu’il contient. Il a fait état d’une «certaine confidentialité à respecter». De plus, une enquête est toujours en cours par rapport aux plaintes de négligence médicale. Selon le ministre de la Santé, le Medical Negligence Standing Committee se charge de cet aspect-là alors que le ministère de tutelle veille à appliquer les recommandations du rapport du FFC.

Dialyse à l’hôpital SSRN : les patients transpirent d’inconfort

Colère  et désespoir des patients fréquentant le centre de dialyse de l’hôpital du Nord. En effet, depuis des mois, les patients qui font leur dialyse dans ce centre hospitalier disent vivre un martyre parce que la climatisation reste éteinte dans leur salle. «Il fait très chaud. Nous nous sentons très fatigués et nous avons beaucoup de mal à faire nos séances», révèle une patiente. Selon ses dires et ceux de plusieurs autres patients interrogés, la chaleur affecte énormément leur santé. En effet, la canicule fait chuter leur tension artérielle et les fistules ne tiennent plus en place. Certains malades ont dû aller se faire réopérer pour remplacer la fistule, qui n’a pas tenu. «Cette situation est vraiment pesante. Nous avons peur qu’à cause de cette chaleur, notre état n’empire...», raconte un autre patient.

Ils font aussi état d’un manque de personnel à l’hôpital du Nord et du fait que le personnel en service ne sait plus où donner de la tête et ne peut s’occuper de tous les patients à la fois. «Zot mett fistule la, zot aler ek pe bisin galoup lot coter. Supposément bisin pran nous tension plusieurs fois pendant séance la mai ena fois zot pa gagne letan fer li», explique une autre patiente.

«Nous avons peur, qu’à cause de cette chaleur, notre état n’empire»
 

Contacté, un préposé au ministère de la Santé indique qu’en effet, ils ont reçu des plaintes concernant la climatisation qui reste éteinte mais qu’il ne peut rien y faire car le ministère ne fait que suivre les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a demandé à ce que les climatiseurs soient éteints dans les centres de dialyse. «Cette décision fait suite aux recommandations de l’OMS pour éviter une flambée de cas de Covid-19 chez les patients dialysés. Nous ne pouvons faire autrement. C’est une recommandation internationale que nous devons suivre.» Il explique que des ventilateurs ont été installés et que toutes les fenêtres sont ouvertes mais que rien de plus ne peut être fait.

Concernant le personnel, qui ne vient pas prendre la tension artérielle des patients, le préposé explique que, selon ses recoupements, tout se déroulerait dans l’ordre. S’il reconnaît que la prise de la tension artérielle fait partie intégrante des séances de dialyse, il souligne que ce n’est pas tous les patients, qui en ont besoin plus d’une fois lors d’une séance. «Le personnel soignant fait son travail comme il se doit. Et il est faux de dire qu’il n’assiste pas les patients comme il le devrait.» Pour sa part, Bose Sonarane affirme que les problèmes causés par la climatisation éteinte lui ont été rapportés à plusieurs reprises et qu’il espère que le protocole sera réévalué. Cependant, concernant le personnel soignant, qui ne vient pas voir les patients à plusieurs reprises lors de la dialyse, il considère que c’est grave. «Un constat régulier lors des séances et la prise de tension artérielle sont très importants durant une séance de dialyse. Il faut que des sanctions soient prises si les choses ne se font pas correctement.»

À ce propos, le préposé du ministère de la Santé a affirmé que si les patients sentent qu’ils ne reçoivent pas les traitements appropriés, ils peuvent porter plainte à l’hôpital.

Un manque de sang aigu impacte les sessions

Il y a effectivement un manque aigu de sang à la Banque de Sang de Maurice en ce moment, indique Dewanand Hossen, le président de la Blood Donor’s Association. Il explique que ce n’est pas forcément parce que les donneurs ne sont plus réceptifs à l’appel de l’association mais qu’il y a eu plusieurs facteurs, qui ont causé cette pénurie de pintes de sang, notamment le Covid-19, les grosses pluies, les cyclones, la campagne de vaccination, entre autres. «Depuis le Covid-19, nous avons noté que par mesure de sécurité, de nombreuses personnes ne veulent plus se rendre dans les hôpitaux pour donner leur sang, et de ce fait, nous avons moins de pintes.»

Depuis jeudi, poursuit Dewanand Hossen, la Banque de Sang a lancé l’alerte rouge car le niveau de la réserve à considérablement baissé. «Nous faisons normalement le stock sur une semaine mais là, nous avons vu qu’il y avait bien moins de pintes que la normale. Nous avons déjà fait le nécessaire et avons lancé un appel pour que les collègues s’organisent afin de récolter le maximum de pintes de sang.» Ainsi durant le week-end, la Blood Donors Association sera à différents endroits de l’île pour la collecte, notamment à Goodlands, Vallée-des-Prêtres, Montagne-Longue, Bois-Chéri, Belle-Rose, Grand-Baie, La City Trianon, Rose-Hill et Castel. «Autrement, les personnes qui sont intéressées à donner leur sang peuvent toujours se rendre dans les cinq principaux hôpitaux régionaux de l’île pour le faire...»

Mais quel impact a cette pénurie de sang sur les patients dialysés dans les établissements hospitaliers ? «C’est vrai qu’il y a un petit souci au niveau des dialysés par rapport au manque de sang. Moi-même je connais personnellement une dame dialysée, qui avait besoin de sang O+ récemment mais qui n’en trouvait pas...», a indiqué le président. D’ajouter qu’un tiers des patients dialysés ont besoin de sang pour des transfusions, au moins une fois par semaine, et dépendant de leur état de santé. De ce fait, des donneurs réguliers ont été appelés en renfort. «Depuis peu, on les appelle. Il y a quelques-uns qui viennent, heureusement.»

Nous avons également sollicité le Dr Dawood Oaris, président de l’Association des cliniques privées pour savoir si les établissements de santé du privé font aussi face à un problème de sang. Il a soutenu que tel n’est pas le cas pour le moment et que du côté de la section dialyse, aucun problème n’a été signalé non plus.