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Fémicide à Bambous: la victime n’arrivait pas à quitter son partenaire violent

12 mars 2022, 21:23

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Fémicide à Bambous: la victime n’arrivait pas à quitter son partenaire violent

Dixitha Veerapen, 24 ans, était une femme battue. Son compagnon, Vidianand Beekharry, 28 ans, qu’elle disait violent, la passait souvent à tabac et elle s’était confiée aux proches de son partenaire. Et leur avait raconté son calvaire. Ils lui avaient conseillé de le quitter. Mais elle n’y arrivait pas.

«Les disputes étaient fréquentes entre eux. Lorsqu’elle nous a dit qu’elle était battue, nous lui avons conseillée de retourner chez ses parents. Car parfois, Vidianand devenait incontrôlable. Dixitha est déjà venue se réfugier chez moi lorsqu’elle a été frappée. Mais elle repartait ensuite vivre avec lui. Elle n’arrivait pas le quitter. C’était comme si elle était totalement sous son emprise», confie un membre de la famille de Vidianand Beekharry.

Au grand désespoir des parents de la jeune femme aussi. Nanda Veerapen 58 ans, le père de Dixitha, qui vit à Belle-Rose, déclare avoir insisté, à maintes reprises, auprès de sa fille pour qu’elle revienne vivre chez lui. «Monn fer tou pou tir mo tifi dépi laba. Monn dir li retourne. Desam monn al sers li. Linn vinn lakaz apre linn reale parski li dir garson-la inn dir li li pou sanze. Guet kinn arive aster», soupire le quinquagénaire.

Lundi, ce papa ignorait qu’il passait ses derniers instants avec sa fille. En effet, peu avant le drame, Dixitha, qui avait des soucis financiers, avait appelé ses parents pour leur demander de lui prêter de l’argent. Elle n’avait pas un sou pour acheter du lait pour son fils d’un an qu’elle a eu de Vidianand Beekharry. «Mon épouse et moi, nous nous sommes rendus à Rose-Hill. Je lui ai dit de nous retrouver dans le centre-ville. Ma fille était sans emploi. Parfois, elle venait m’aider à vendre des dholl puri à Belle-Rose où j’ai un tricycle. Quand nous pouvions l’aider, nous le faisions car son enfant est un innocent et à cet âge-là, il a des besoins spécifiques», poursuit Nanda Veerapen.

Dixitha Veerapen et Vidianand Beekharry se sont rencontrés à l’hôpital Victoria. Nanda Veerapen confie que «mo ti ena enn garson ki ti malad. Li ti admet lopital ek apre linn desede. Dixitha inn zwenn Vidianand kan li ti pe al lopital ek lerla zot inn kontan». Dixitha était déjà en couple auparavant et mère de deux enfants. Son ménage n’ayant pas marché, elle a refait sa vie avec Vidianand Beekharry en espérant qu’elle vivrait des jours meilleurs. Elle a emménagé avec lui et est tombée enceinte. Ils ont eu un petit garçon, qui vivait avec eux à Bambous. Vidianand Beekharry était marié aussi mais vivait séparé de son épouse, qui lui a donné deux enfants également. Ces derniers vivent à Petite-Rivière.

Le conte de fées tant espéré par Dixitha a été de courte durée. Bien vite, elle a dû faire face à la triste réalité et subir les coups de Vidianand Beekharry, soupçonné d’être toxicomane. Lundi aprèsmidi, une énième dispute a éclaté entre eux et cette fois, celle-ci s’est avérée fatale pour la jeune femme. Après avoir rencontré ses parents à Rose-Hill, elle est rentrée à la maison vers les 15 heures. Vidianand Beekharry l’y attendait. La soupçonnant d’infidélité, il s’est mis à l’injurier. Le ton est monté et la violence aussi. Il a commis l’irréparable en agressant sa compagne avec une barre de fer. La scène s’est déroulée sous les yeux de leur enfant d’un an. Ce sont les voisins et les proches du suspect, qui ont appelé la police après avoir entendu des cris et des hurlements.

Les policiers de Bambous travaillant sous la houlette de l’assistant-surintendant Oomeer et les hommes de la Criminal Investigation Division (CID) de Bambous, menés par le sergent Jahul, ainsi que le patron de la CID Western, Sam Bansoodeb, se sont rendus sur place. Les policiers ont dû enfoncer la porte pour accéder à la maison. Ils ont retrouvé Dixitha inconsciente sur le sol. Après avoir frappé violemment sa compagne, Vidianand Beekharry a tenté de se suicider en se tailladant les veines du bras avec des ciseaux. Il a été transporté à l’hôpital Victoria, Candos, et après deux jours d’hospitalisation, il a été en mesure de comparaître devant la justice, jeudi, sous une accusation de meurtre.

Le dernier-né de Dixitha a été pris en charge par sa famille. L’aînée de la défunte, une fille de cinq ans, vivait déjà chez ses grands-parents maternels alors que le cadet a été pris en charge par la Child Development Unit. La famille de Dixitha soupçonne que son dernier enfant a aussi subi des brutalités. Ils comptent soumettre l’enfant à un examen médical une fois que les rites funéraires de Dixitha seront terminés.