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De SDF à infirmier: James Nina reconnaissant
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De SDF à infirmier: James Nina reconnaissant
«Mo pa anvi bann dimounn kinn viv ipokrit ar mwa koné kot sa mo pé travay parski kan mo ti dan problem, zot pa ti la.» Ce sont là les quelques mots prononcés par cet ancien sans domicile fixe (SDF), en pleine réflexion. Lui, c’est James Nina, âgé de 57 ans. Infirmier aujourd’hui dans une clinique dans la région Nord, il se remémore du temps où il était SDF.
«Lors du premier confinement, je me suis retrouvé sans emploi, car je suis peintre. Du coup, je ne pouvais payer de loyer dans la maison où je vivais à Grand-Baie et le propriétaire a préféré m’expulser au lieu de m’accorder plus de temps. Je lui devais Rs 15 000. Il a saisi toutes mes affaires», raconte ce père de quatre enfants qui vivait seul, ses enfants étant mariés.
Commenceront alors des moments qui resteront gravés dans la mémoire de James Nina, qui préférera vivre dans la rue afin de ne pas déranger ses enfants. «Dimounn ti pé fer mwa travay pa pey mwa. Mo’nn viv bann moman bien dir», confie celui qui passera des nuits blanches dans la rue ou sur les bancs de l’hôpital Jeetoo.
Les nuits se suivent et se ressemblent pour James Nina pendant trois mois, jusqu’au jour où une rencontre va changer sa vie. L’activiste social Bruneau Laurette va lui donner le numéro d’une dame dans la région de Roches-Brunes qui mettra un chauffeur à sa disposition pour l’emmener. Elle va le référer à la famille Julie. «Nathan Julie, que j’ai rencontré, m’a pris en main. Il m’a mis dans une nouvelle maison et m’a même donné un travail», raconte James Nina.
«Nathan ti dir mwa si to pa régilié dan to travay, si to pa met seryé, mo vir mo lédo ar twa é mo aret koz ar twa. Mo pa ti anvi perdi enn dimounn koumsa parski kan mo ti anba, pa ti éna personn.» Il va persévérer et saisira toutes les chances qui vont s’offrir à lui.
Formation, persévérance et confiance seront les maîtres mots de James Nina, qui fera tout pour ne pas décevoir ceux qui l’ont aidé. D’ailleurs, il remercie les personnes qui l’ont accompagné sur son parcours.
«Je remercie Nathan Julie, Madame Stéphanie, toutes ces femmes et hommes qui travaillent avec Nathan Julie, Ronnie, Fabrice, Kersley, Éric, Madame Asha, la famille Sooknundun, mon frère Daniel Nina, ma fille Karine Nina et Bryan Nina. Je ne voulais pas que ces derniers s’inquiètent pour moi. Je suis resté dans la rue jusqu’à ce que j’arrive à me reprendre en main.»
«Nou tou imin kouma zot»
Aujourd’hui, James Nina confie, tout sourire, qu’il a trouvé une nouvelle maison et même un bureau où il accueille les gens quotidiennement. Il lance même un appel aux autres SDF de ne pas baisser les bras et conseille aux jeunes de faire attention aux différents fléaux de la vie. Car si, à son âge, il a pu faire face à tout cela et n’a pas cédé à tant de tentations, les jeunes peuvent aussi le faire.
Il lance un appel aux différents ministres de se tourner vers des organisations non gouvernementales, notamment Nathan Julie et le groupe En100ble, pour trouver des solutions concrètes pour aider les SDF de l’île. «Mo dir dimounn aret servi bann SDF, fer nou travay pa pey nou. Mo’nn pas ladan. Aret servi radio ek bann dimounn ki lor simé parski nou tou imin kouma zot.»
James Nina a même accueilli d’autres SDF, notamment une famille qu’il a aidée en retour à se remettre sur la bonne voie. Car, dit-il, il faut donner quand on en a. «Je sais ce que c’est la vie d’un SDF. C’est dur et je ne la souhaite à personne. C’est pour cela que je préfère donner en retour.» C’est en toute humilité que James Nina nous laissera pour se rendre dans son bureau car les premiers patients arrivent.
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