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Chute mortelle à Chamouny: «Sé mo lérwa ki finn kit mwa pé alé la», pleure le père de Zahiir Ruhomaun
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Chute mortelle à Chamouny: «Sé mo lérwa ki finn kit mwa pé alé la», pleure le père de Zahiir Ruhomaun
Les pluies diluviennes ont fait une victime parmi quatre randonneurs qui s’étaient retrouvés en difficulté dimanche à Cascade 500 pieds, à Chamouny. Trois d’entre eux ont pu être sauvés le même jour mais le corps du quatrième, un jeune de 17 ans, a été retrouvé hier cinq kilomètres plus loin.
Mazhar a passé une nuit blanche depuis l’annonce de la disparition de son fils Zahiir Ruhomaun, 17 ans, dimanche. L’adolescent domicilié à Vacoas était sorti avec des cousins et amis. Ils se sont rendus à Cascade 500 pieds, à proximité d’Alexandra Falls, dimanche mais la sortie a viré au drame. Les randonneurs ont été piégés par la montée des eaux dans la cascade d’une hauteur de 150 mètres, causée par les pluies diluviennes. Trois d’entre eux ont pu être secourus dans la soirée de dimanche par les éléments du Groupe d’intervention de la police mauricienne avec l’aide des pompiers. Le portable de Zahiir Ruhomaun sonnait lorsque les secouristes ont tenté de le joindre. Ce qui a donné une lueur d’espoir à ses proches qui espéraient qu’il était vivant quelque part mais la mauvaise nouvelle est tombée dans la journée d’hier.
Le corps sans vie de Zahiir Ruhomaun, emporté par les flots, a été repêché à 5 km de la cascade avec des blessures. La victime a été retrouvée à la réserve naturelle de Frederica, à Bel-Ombre. Mazhar Ruhomaun, accablé, a perdu son benjamin qui est son unique fils. Il a aussi trois filles. «Li ti mo dernié. Li ti bien gaté. Sé mo lérwa ki pé kit mwa pé alé la. Get ki kado li pé donn mwa samdi, mo pou gagn 27 an maryaz», confie Mazhar Ruhomaun en larmes.
Cet entrepreneur de 50 ans relate que son fils lui avait dit qu’il se rendait à la plage. Il dit ne s’être pas inquiété car il pensait qu’il allait à la mer à Tamarin. «Je lui ai dit de partir se détendre un peu. Il ne m’a pas dit qu’il se rendait à la cascade. C’est après que j’ai appris cela», se désole-t-il. Il dit que son fils n’a pas l’habitude de sortir. «Rar li sorti. Li dir nou zamé li sorti mem mo’nn get li sorti mo pann dir narnié. So mama pa ti pé tro kontan», poursuit Mazhar Ruhomaun. Son fils a préféré arrêter sa scolarité au collège St-Helena, à Curepipe, et avait pris de l’emploi dans un fast-food à Phoenix. Il a ensuite commencé à travailler avec son père.
C’est dans l’après-midi de di- manche, vers 14 heures, que des policiers de Chemin-Grenier, sous la direction du chef inspecteur Fatehmamode et de l’inspecteur Boyjoo, sous la supervision de l’assistant surintendant de police Callychurn, se sont rendus sur les lieux. L’hélicoptère de la police, le Chetak, a aussi participé aux recherches mais la visibilité était mauvaise et elles ont dû être interrompues. Selon une source de l’escadron, le Chetak est équipé de «portable search lights» qui peuvent éclairer sur une distance de 600 mètres. «La difficulté de rechercher une personne dans une cascade c’est qu’il n’y a pas de clear vision comme sur la mer. Il y a des arbres et des obstructions et nous devons voir si la place est convenable pour hélitreuiller une personne. Est-ce que les câbles peuvent passer ou y a-t-il risque qu’ils se coincent dans les arbres, etc. Outre les conditions climatiques, il y a beaucoup de choses à prendre en considération avant de faire un sauvetage par hélicoptère», souligne notre interlocuteur.
Les cousins et amis de Zahiir Ruhomaun, âgés entre 18 et 21 ans, ont été ramenés en hauteur dans la soirée de dimanche vers 20 h 30. En état de choc, ils ont été conduits à l’hôpital Victoria à Candos pour être examinés.
L’opération de recherche a repris hier matin. L’un des rescapés a accompagné les secouristes pour leur indiquer l’endroit où ils étaient descendus dans la cascade. Ils avaient expliqué aux enquêteurs que Zahiir Ruhomaun était tombé dans l’eau. Ils ont essayé de l’attraper mais n’ont pu le faire. Après plusieurs heures à ratisser la région, c’est à Bel-Ombre que Zahiir Ruhomaun a été retrouvé. L’autopsie, pratiquée par le chef du service médico-légal de la police, a attribué son décès à une asphyxie due à la noyade.
«Sap mwa», a crié la victime à ses cousins
L’un des cousins de Zahiir Ruhomaun, un habitant de Camp-de-Masque, a donné sa version des faits aux enquêteurs. Il a expliqué qu’ils descendaient tous dans la cascade lorsqu’ils ont été surpris par les grosses pluies. «Nou pann kontinié désann, nou’nn res an plas. Nou finn agrip nou ar bann brans ek ros pou ésey rémonté. Zahiir inn glisé, nou’nn tann li kriyé ‘‘sap mwa’’. Mo ti dévan li mo’nn ésey anpes li tonbé, pann rési», a raconté le jeune homme, qui se dit anéanti par ce drame.
Le rescapé explique qu’ils avaient du mal à remonter. C’est alors qu’ils ont appelé leurs proches pour leur faire savoir qu’ils étaient en difficulté. Ils avaient des problèmes de réseaux pour entrer en contact avec eux. Leurs proches ont ensuite appelé la police.
Cascade 500 Pieds : Beauté risquée
La Cascade 500 Pieds, aussi connue comme Cascade des Galets, est située dans le parc national des Gorges de la Rivière-Noire. Le parc a plusieurs points d’entrée, et le chemin vers Cascade 500 Pieds se trouve au début du sentier situé au viewpoint d’Alexandra Falls.
Cette cascade tire son nom de la chute d’eau incroyablement haute et est, sans aucun doute, l’une des plus belles cascades de l’île. Pour y accéder, il faut traverser la rivière jonchée de pierres glissantes. Raison pour laquelle la présence d’un guide est fortement recommandée.
Autre fait important, l’accès utilisé par les randonneurs pour descendre vers la Cascade 500 Pieds est restreint au public car elle se situe sur un terrain privé appartenant à Agrïa Ltée (ex-Compagnie Sucrière de Bel Ombre). Toute randonnée au pied de la Cascade 500 Pieds doit se faire avec l’autorisation de la compagnie.
Contacté, Nicolas Chauveau, du groupe Agrïa Ltée, nous explique que des panneaux ont été installés, mais les consignes ne sont pas souvent respectées. «Il est important aussi de noter que le site peut être dangereux. Il est de la responsabilité de la compagnie de contrôler l’accès sur ses terres ainsi qu’une conformité aux normes de base de sécurité et de respect de l’environnement.»
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