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Hausse des prix | Gaz et électricité: la menace
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Hausse des prix | Gaz et électricité: la menace
Cela ne présage rien de bon pour les consommateurs. «Catastrophique», ajoute même un expert en énergie. Les prix de l’huile lourde et du charbon utilisés par le Central Electricity Board (CEB) ne cessent d’augmenter, tout comme celui du gaz ménager. La situation mondiale ravive le spectre d’une majoration du tarif électricité et du prix de la bonbonne de gaz à Maurice. D’ailleurs, le gouvernement attend un rapport du conseil d’administration du CEB pour prendre une éventuelle décision. Il en est de même du côté de la State Trading Corporation (STC) pour le prix du gaz. Cette option est dans l’air bien que rien n’ait encore été décidé.
Le CEB utilise deux types d’huile lourde pour faire tourner les moteurs de ces centrales thermiques. Le 180 CST est compatible avec les moteurs de Saint-Louis et de Fort-Victoria, alors que le 380 CST est utilisé ailleurs. En l’espace de quelques mois, les prix de ces combustibles ont flambé. Le 180 CST, commercialisé sur le marché international à 496 dollars américain la tonne le 3 février, est vendu à 591 dollars la tonne depuis le 4 mars. Le 380 CST n’a pas été épargné par une majoration. Il est passé de 484 dollars la tonne à 578 dollars pour la même période. Ce prix ne comporte pas les frais d’assurance et de fret que l’acheteur doit payer pour le transport jusqu’à sa destination, c’est-à-dire Port-Louis.
De plus, le charbon utilisé par les producteurs d’électricité indépendants a aussi connu une majoration. Le prix sur le marché international en janvier était de 100 dollars américains la tonne. D’après les informations obtenues d’une source crédible, la dernière cargaison en route pour Maurice a été payée à 220 dollars la tonne.
La nouvelle n’est pas réjouissante pour les utilisateurs du gaz ménager non plus. Le Liquified Petroleum Gas (LPG), qui était à 710 dollars, se commercialise à 1 000 dollars la tonne sans les frais d’assurance et du fret notamment. D’après l’expert en produits pétroliers, il faut craindre que la situation ne s’aggrave le mois prochain. «Avec la crise en Ukraine, les pays européens coupent leur dépendance au gaz russe. Ils cherchent de nouveaux marchés. Cela veut dire que le prix du LPG, qui est revu chaque mois, pourra connaître une hausse le mois prochain. Je ne sais pas comment le gouvernement fera pour le prix du gaz sur le marché local. Il coûte 1 000 dollars rien qu’en l’achetant en gros. Ce prix ne comporte pas les autres frais. De plus, avec la dévaluation de la roupie, les consommateurs sont fortement impactés.» En se basant sur le prix de 1 000 dollars la tonne, la bonbonne de 12 kg utilisée par le grand public devra coûter au moins 12 dollars américains, soit au moins Rs 532 sans les frais imposés pour l’importation en temps normal. Cependant, avec la subvention gouvernementale, la bonbonne de gaz est vendue à Rs 180 sur le marché local. «Est-ce que le gouvernement continuera avec la subvention?» se demande cet expert. Pour rappel, le gouvernement prélève une contribution de Rs 4,20 sur chaque litre de carburant acheté par les consommateurs afin de subventionner le riz, la farine et le gaz ménager.
Toutefois, cet expert affirme que la situation aurait pu être différente si le CEB et la STC n’avaient pas transféré leurs réserves, qui s’élèvent à plus de Rs 4 milliards, dans les caisses de l’État pour financer des projets infrastructurels. Cet argent, dit-il, aurait pu aider les deux entités à absorber le coût, mais cellesci n’ont plus d’argent. L’autre solution pour soulager la population est la baisse de la taxe sur les carburants. L’excise duty sur le litre d’essence est à Rs 12,20 et Rs 4,70 sur le litre de diesel. «La France et l’Allemagne ont compris comment soulager leur population en cette période de crise. Elles baissent la taxe sur le litre des carburants dès cette semaine. L’Inde pourrait également leur emboîter le pas. Pourquoi donc pas à Maurice ? Ce faisant, la pression diminuera.»
Du côté de l’Association pour la protection des consommateurs (ACIM), son secrétaire général, Jayen Chellum, maintient qu’il n’y a aucune raison pour majorer le prix de l’électricité et du gaz ménager. «Le gouvernement a suffisamment de réserves pour subventionner le gaz car, depuis des années, elle récolte Rs 4,20 par litre de carburant sur le dos des consommateurs. De plus, la STC a suffisamment d’argent. La somme de plus de Rs 2 milliards mise à la disposition du gouvernement pourra absorber le coût. Durant le premier confinement en 2020, le prix des produits pétroliers, y compris l’huile lourde, avait connu une baisse drastique sur le marché mondial, mais malheureusement à Maurice, il n’y avait aucune baisse. Le tarif d’électricité était resté le même. Il a fallu la pression de l’ACIM pour que le ministre fasse un geste pour les plus vulnérables. Je maintiens que le gouvernement et le CEB ont suffisamment de ressources pour la subvention.»
Nous avons essayé en vain d’avoir une déclaration de la direction de la STC, du ministère du Commerce et celui de l’Énergie. On se souvient que lors de sa dernière conférence de presse, il y a à peine deux semaines, le ministre de l’Énergie, Joe Lesjongard, avait déclaré ceci: «En deux ans, en raison du Covid-19, le CEB a fait beaucoup d’efforts. Il a enlevé les pénalités sur les factures d’électricité. Certaines catégories de consommateurs n’ont même pas payé de facture. Je sais que le conseil d’administra- tion du CEB se penche sur ce dossier (NdlR, coût de l’électricité). Nous prendrons en considération les familles les plus vulnérables s’il y a une hausse du tarif. Le gouvernement examinera les recommandations du CEB», avait-il déclaré.
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