Se dirige-t-on vers un nouvel épisode d’éviction de squatteurs, après celle de Malherbes et de Pointe-aux-Sables ? Cinq familles vivant sur un terrain spécifique du Morne ont eu la peur de leur vie, hier matin, en voyant des policiers armés, dont certains munis de marteaux, tourner autour de leurs maisons avec l’objectif de les démolir. Ils disent que leurs ancêtres squattent ce terrain depuis 1836. Cette tentative d’expulsion viendrait de la propriétaire du terrain, qui aurait l’intention d’y construire une villa. 

Natacha Labonne, une des habitantes du terrain, raconte qu’elle a été surprise de voir débarquer des éléments de la Special Supporting Unit, munis de fusils, de même que des policiers de la force régulière. Elle n’a pas compris pourquoi ils étaient armés, à croire que des criminels vivent là et pourquoi ils ne ciblaient que certaines maisons. «Nou tou inn kosté ek inn dir zot zot pa kapav kraz lakaz dimounn kan dimounn pa la. Komiser polis inn dir nou pa finn donn instriksion pou kraz nou lakaz. Kifer zis sink lakaz ki pé krazé alor ki éna 65 lakaz-la?» se demande Natacha Labonne. 

Face à la défiance et à la résistance des habitants présents, qui insistaient pour que les hommes des forces de l’ordre détruisent toutes les maisons de squatters figurant sur le terrain et pas qu’une poignée d’entre elles, les policiers ont dû rebrousser chemin. Mais avant, ils ont servi une mise en demeure aux habitants concernés, leur demandant de se rendre prochainement en cour. 

Mooneean Moonsamy, un des conseillers du village du Morne, qui cultive un terrain de l’État au Morne et qui est familier de l’histoire des habitants de la région, estime que la propriétaire se montre «injuste» en ciblant cinq familles. Il ne comprend pas cette attitude et compte prendre position en faveur des habitants. Les squatters concernés anticipent une nouvelle descente de la police prochainement.