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Brown Sequard: s’enfuir de l’hôpital psychiatrique n’est pas une mince affaire
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Brown Sequard: s’enfuir de l’hôpital psychiatrique n’est pas une mince affaire
La vidéo d’une femme nue, marchant dans les rues de Mont-Roches, a fait le tour des réseaux sociaux, cette semaine. La femme en question a affirmé dans la vidéo qu’elle s’était échappée de l’hôpital psychiatrique Brown Sequard ce soir-là et demandait aux personnes qui la filmaient de l'autoriser à monter dans leur véhicule. Ensuite la vidéo s’est arrêtée et plus aucune nouvelle de la dame. Cependant, nous avons contacté les autorités et sommes allés à l’hôpital Brown Sequard pour en savoir plus. Les responsables nous ont déclaré que cette dame n’a jamais été une patiente.
Jeudi, notre équipe est allée faire une visite dans cet hôpital qui, depuis cette vidéo, essuie de nombreuses critiques. Ce bâtiment de couleur beige entouré d’un grand mur, n’a pas de salle d’attente bondée comme c’est le cas dans les autres hôpitaux. Seulement une dizaine de personnes attendent dans le hall d’entrée. Dès que l’on brandit notre carte de presse, les personnes qui y travaillent comprennent tout de suite que nous sommes là en raison de la vidéo.
«Le soir même où cette vidéo a commencé à faire le tour des réseaux sociaux, nous avons été mis au courant et tous les responsables de chaque salle ont vérifié de nouveau les chambres. Il ne manquait aucun patient ici. Cette dame n’a jamais été internée ici», explique un haut gradé de Brown Sequard.
Des propos confirmés par l’inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office, qui s’est informé à propos de ce cas auprès du poste de police de l’établissement hospitalier. «Aucun patient ne s’est échappé ce jour-là.»
Mais les sources au sein de l’hôpital et de la police disent, cependant, que quelquefois, voire très souvent, il arrive que des patients se sauvent. Mais cela n’est pas pris à la légère et ils sont vite rattrapés. «Pa enn ti zafer sa ou kone. Kouma enn sov enn mari prosedir sa. Toutswit lapolis dan lakour informé avek tou bann detay dimounn-la e dan linstan mem bann patroy sorti pou al rod li», soutient un membre des forces de l’ordre.
Ce que confirme l’ancien consultant en charge de l’hôpital Brown Sequard, le Dr Taroonsing Ramkoosalsing. Dès qu’un patient est porté manquant dans une des salles de cet établissement hospitalier, explique-t-il, ses proches sont informés pour voir si la personne disparue est retournée chez elle, car c’est le premier lieu vers lequel elle se tourne habituellement. Si c’est le cas, il est conseillé aux parents de ramener le patient à l’hôpital pour continuer son traitement. Au cas où le patient n’est pas rentré chez lui et que personne n’a eu de ses nouvelles, une entrée est faite par le personnel soignant au poste de police. «Ce sera à la police de prendre la relève et rechercher la personne disparue.» Dès que la police arrive à mettre la main sur elle, la personne est reconduite à l’hôpital pour continuer son traitement. «Il n’est pas question que la patient soit détenu dans une cellule policière où ailleurs», rassure le médecin.
Dès qu’une personne est portée manquante, une enquête interne à l’hôpital Brown Sequard est instituée sur l’incident pour savoir comment cela a pu se produire. Plusieurs membres du personnel de l’hôpital psychiatrique avec qui nous avons parlé nous indiquent que ce genre d’incident est considéré comme vraiment très grave. Car les patients étant des personnes mentalement inaptes sont sous leurs responsabilités. Et si malheureusement, il arrive quelque chose à un patient qui s’est enfui ou que le patient en question blesse ou tue quelqu’un, ce sera au personnel de garde, au moment de sa fuite, qui devra répondre de l’incident auprès des autorités. «C’est pour cela qu’il y a des rondes à plusieurs moments de la journée et de la nuit. Nous devons vérifier chaque chambre et nous assurer que le patient est bien là. Il y a des chambres spécifiques pour chaque patient, dépendant de son état.»
Les patients bénéficient-ils d’une surveillance 24 heures sur 24 de la part du personnel ? Pas tous, selon l’ancien directeur. Uniquement ceux à tendance suicidaire. Le personnel a le devoir de veiller sur eux toutes les 15 à 30 minutes pour s’assurer que tout va bien. «Le risque de passer à l’acte étant élevé, le personnel a le devoir de s’assurer qu’il puisse intervenir à tout moment esi nécessaire.»
Toutefois, indique le Dr Ramkoosalsing, on ne peut pas parler de sanction envers les membres du personnel si l’un des patients s’enfuit. «Il y a eu un cas, il y a longtemps, où un patient s’était enfui et il s’était, par la suite, suicidé. Dans ce genre de situation, c’est à la police de faire son enquête après, peut-être même un magistrat lors d’une enquête judiciaire pour situer les responsabilités de chacun.»
Aussi pour lui, il est très difficile de pouvoir s’évader de l’hôpital psychiatrique de Beau-Bassin car toutes les portes sont fermées à clef. «Ce n’est que pendant les heures de visite qu’un patient peut s’éclipser. Durant ces moments, il y a des visiteurs et il peut facilement se perdre dans la foule. Li kapav pass pou enn viziter ek lerla sorti.» Les raisons qui poussent une personne à s’enfuir ne diffèrent pas des autres cas recensés dans les hôpitaux régionaux, affirme notre interlocuteur. «Dans les hôpitaux régionaux aussi, il y a des cas de disparition. La raison est que personne n’aime rester à l’hôpital. Et dans le cas de Brown Sequard, le patient peut penser qu’il n’est pas malade, donc qu’il n’a pas besoin d’aide.»
Nous nous sommes également tournés vers des ex-patients de l’hôpital. Ils avancent que la surveillance est effectivement très stricte et qu’il est quasi-impossible de s’échapper. «Bann miray-la ot. Li ti pou bien difisil.» Ils parlent aussi de plusieurs chambres et même de salles d’isolement où sont placés les patients violents ou agités. «Laba ankor pli difisil pou sorti.»
Concernant la femme qui avait affirmé s’être enfuie de Brown Sequard, nous avons tenté de savoir si elle est en sécurité en faisant un tour là où elle a été vue dans la vidéo. Toutefois, les habitants du coin affirment ne l’avoir jamais vue auparavant et qu’ils ne la connaissent pas. Au niveau de la police, la cellule de communication déclare qu’il n’y a pas eu de plainte d’enlèvement jusqu’ici.
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