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La semaine décryptée

20 mars 2022, 13:30

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La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement.

Lundi 14 mars

De la 11e place au Château du Réduit

Les médias du lundi 14 mars font état des funérailles la veille de Karl Offman, une personnalité politique marquante depuis les élections générales de 1982. Ce qu’on retient surtout du parcours politique de Karl Offman, ce fut sa loyauté inébranlable envers sir Anerood Jugnauth. Il fit ses débuts en politique dans l’Union démocratique mauricienne (UDM), parti dissident du PMSD dirigé par le tandem Guy Ollivry-Maurice Lesage. Gaëtan Duval, dans un moment de profonde irritation, décrit l’UDM comme l’Union des mulâtres. 

Candidat de l’UDM dans la circonscription de Port Louis-Ouest/Grand Rivière-Nord-Ouest, Offman sortit en 11e position avec 346 votes, soit 1,8 % des suffrages. Il fut battu par les trois candidats du MMM, ceux du PMSD mais aussi Tangavel Narrainen, sir Jean Ah-Chuen et Haroon Chattaroo du Parti travailliste et évidemment par son leader Ollivry, d’où sa casquette de no 11. 

Le réveil devait être brutal pour l’homme et son parti et l’UDM chercha par la suite une alliance avec les dissidents travaillistes menés par Harish Boodhoo. Délégué par l’UDM pour discuter avec Boodhoo, Karl Offman ne tarda pas à réaliser, l’air de Belle-Terre aidant, que l’UDM était un write-off. Il se joignit modestement au Parti socialiste mauricien (PSM) de Boodhoo, dont il fut candidat dans la grande alliance de 1982 avec le MMM et il se fit élire à Curepipe-Midlands. 

Quand le PSM fut absorbé par le nouveauné MSM en 1983, Karl Offman devint un fidèle du MSM et par la suite se rapprocha de SAJ. Après la débâcle du MSM en 1995, Karl Offman fonctionna comme grand administrateur du Sun Trust avec une Volkswagen Golf et le driver Gaëtan mis à sa disposition. En 2002, après le retrait de Cassam Uteem et d’Angidi Chettiar du Réduit, Offman devient Président, abandonnant sa Golf pour une BMW de la série 7. Il eut pour mission de garder le siège au chaud pour SAJ qui s’y installa en 2003. 

Bien qu’ayant connu un très court mandat, Offman devait bénéficier de tous les privilèges d’un ex-président avec limousine, gardes du corps, staff administratif et voyages à l’étranger en première classe. Qui a dit que la fidélité n’est pas payante ?

Mardi 15 mars

Après Manhattan, Venise ?

L’actualité est en partie braquée ce mardi 15 mars sur des inondations à Quatre-Bornes, principalement à la route longeant le cimetière de St-Jean. En temps de grosses pluies ou même de cyclones dans le passé, cette route connaissait des accumulations d’eau mais pas de l’ampleur notée depuis les travaux entrepris pour aménager le passage des tramways. Évidemment, à un moment, quelque part, on a bousculé le système. 

Ce n’est pas la fin du calvaire pour les habitants de cette région. Une fois le tramway lancé officiellement sur le trajet Quatre-Bornes/Phoenix-Curepipe, la route St-Jean ne comprendra, pour les automobilistes, qu’un couloir de la gare de Quatre-Bornes jusqu’à la jonction menant à l’autoroute ou au rond-point de St-Jean. Toujours un seul couloir de la jonction avec l’avenue des Tulipes à la gare de Quatre-Bornes. 

En cas de panne d’un poids-lourd sur l’une ou l’autre voie de la route St-Jean, ce sera une énorme pagaille. La seule solution pour les autorités serait de faire l’acquisition d’un hélicoptère américain Sikorski réputé tellement puissant qu’il est capable d’enlever un camion ou un autobus tombé en panne et causant de l’obstruction sur la voie. 

Le problème avec l’option Sikorski, toutefois, c’est qu’avec les Américains, le jeu des commissions n’est pas possible. Le vendeur américain lui-même risque de se faire emprisonner s’il graisse des pattes à l’étranger. Donc, ce n’est pas de sitôt que le premier Sikorski sera vu dans le ciel mauricien.

Mercredi 16 mars

Solidarité militante, version 2022

La solidarité entre camarades a été déterminante dans le cheminement du MMM depuis sa création en 1969. Mais de 1969 à 2022, l’esprit de solidarité a pris une autre tournure. Cela a été démontré par la décision d’Arianne Navarre-Marie de ne pas aller de l’avant avec la pétition réclamant un décompte des voix dans la circonscription de Port-Louis-Ouest/ Grande-Rivière-Nord-Ouest aux élections de 2019. 

Dans cette circonscription jadis bastion du MMM, un candidat travailliste, Fabrice David sortait en tête de liste en 2019, suivi de Dorine Chukowry du MSM et de Patrice Armance du PMSD. Ariane Navarre-Marie se plaçait à la quatrième place devant le grand Veda Baloomoody alors que le MMM Louis Giovanni Catherine sortait en 7e position derrière le MSM Clive Auffray. Rien que 47 voix séparaient la candidate MMM de Patrice Armance. 

Donc, un recount aurait pu tout bouleverser. Mais Ariane Navarre-Marie déjà membre du Parlement en tant que best loser n’a pas voulu prendre le risque d’un recount, inspirée de ce qui s’est passé au no 19. Donc, après les grands sacrifices du passé au MMM, le nouveau principe se résume au dicton anglais, «Half a loaf is better than no bread at all». Reste à savoir maintenant si le MSM va brandir un ‘bout’ à l’intention d’une grande battante du passé.

Jeudi 17 mars

Put it in writing, Minister

Les années se suivent et se ressemblent avec la publication des rapports de l’Audit et du Public Accounts Committee. C’est la même chanson de dépenses illégales, de contrats scandaleux et de gaspillages criminels des ressources de l’État qu’on entend. 

Un couplet dans cette chanson est consacré aux initiatives problématiques des fonctionnaires qui se défendent en affirmant avoir agi sur les directives des ministres. Cela revient à décider qui, du fonctionnaire ou du ministre, dit vrai. Pourtant, il aurait été tellement facile pour le fonctionnaire, convaincu qu’il y a maldonne, de demander au ministre de donner ses directives en écrit. 

Les fonctionnaires qui se plient aux directives des hommes politiques sont pourtant bien récompensés. On n’a qu’à voir l’organigramme actuel du Prime Minister’s Office (PMO). 

Bien imprudent serait alors le fonctionnaire qui oserait dire «Put it in writing, Minister».

Vendredi 18 mars

Les conséquences de «2-lit dilwil»

La décision du gouvernement de ne permettre l’achat que de deux litres d’huile par client dans les points de vente ramène subitement Maurice du rang de pays à revenu élevé à celui de république bananière ne disposant pas d’assez de devises pour financer ses importations. 

Dans leur grande sagesse, Kader Bhayat et d’autres militants avaient créé la State Trading Corporation (STC) pour protéger les consommateurs mauriciens des excès des importateurs de produits essentiels en faisant de la STC un player incontournable dans la production ou l’importation et la vente de produits essentiels, dont l’huile comestible. L’initiative 2-lit dilwil du gouvernement a déclenché un mouvement de panic-buying désastreux. Si l’huile est rationnée, quid d’autres produits ? Les Mauriciens qui ne veulent pas retourner au temps de lamok dilo feront même un rush sur le papier-toilette. 

Cette décision du gouvernement de rationner l’huile comestible s’avère être le coup le plus dévastateur qu’on pourrait porter à l’image de marque du pays. Du titre de Suisse de l’océan Indien, Maurice a subitement chuté au rang de Zimbabwe-sur-Mer. Dommage, cher Kader, en ce moment de Shab-e-Barat.