Publicité

Santé: l’endométriose, une maladie gynécologique fréquente mais encore mal connue

26 mars 2022, 19:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Santé: l’endométriose, une maladie gynécologique fréquente mais encore mal connue

Le mois de mars est dédié à la sensibilisation à l’endométriose. Cette maladie gynécologique longtemps ignorée, parfois très difficile à vivre au quotidien, touche environ 10 % de filles et de femmes en âge de procréer dans le monde, soit 190 millions de personnes. Pour mieux comprendre cette maladie encore méconnue, la gynécologue Mithi Sooknundun nous parle de l’endométriose, de ses conséquences et des traitements, entre autres. Vanessa Vencatachellum, fondatrice et présidente de l’ONG Living with Endometriosis, elle-même atteinte de cette maladie, nous livre son témoignage.

L’endométriose est une maladie gynécologique qui se caractérise par le développement d’une muqueuse utérine (l’endomètre) à l’extérieur de l’utérus. Elle provoque des réactions inflammatoires chroniques qui peuvent engendrer la formation de tissu cicatriciel dans le bassin et d’autres parties du corps.

C’est une maladie complexe aux symptômes variés qui se traduisent le plus souvent par des douleurs pelviennes, des douleurs lors des règles, lors des rapports sexuels, de la fatigue, une dépression ou de l’anxiété et des ballonnements, entre autres. Ses causes sont également mal connues, associant plusieurs facteurs qu’ils soient liés aux menstruations, à des facteurs génétiques ou hormonaux.

Outre les symptômes, l’endométriose peut entraîner l’infertilité, probablement en raison de ses effets sur la cavité pelvienne, les ovaires ou l’utérus.

Conséquences sur la vie sociale et sexuelle

L’endométriose a des conséquences importantes sur la vie des couples, sur le plan social et économique et peut interrompre ou raréfier les rapports sexuels. La maladie peut également causer le divorce de certains couples. La dyspareunie, la dysfonction sexuelle féminine et l’infertilité ou l’appréhension à ce sujet peuvent avoir un impact négatif sur la relation avec le partenaire. D’autres femmes souffrent de douleurs handicapantes qui ne leur permettent d’aller au travail ou à l’école.

Vanessa Vencatachellum a créé l’ONG Living with Endometriosis.

Vanessa Vencatachellum a dû démissionner car des douleurs insoutenables l’obligeaient à s’absenter régulièrement de son travail. «À cette époque, je prenais un jour de congé à chaque fois que j’allais mal. À un moment, j’ai dû démissionner. Une étape difficile. Mais avec le soutien de ma famille et de mon époux, j’ai considéré ma santé comme ma priorité.»

L’organisation non gouvernementale (ONG) Living with Endometriosis, qu’elle a créée il y a cinq ans, soutient les femmes qui vivent ces moments difficiles car, selon elle, les maladies gynécologiques sont encore un tabou à Maurice. «Certaines femmes hésitent encore à aller chez le gynécologue. Elles doivent surmonter cette appréhension pour pouvoir bénéficier d’un bon diagnostic.»

Depuis 2019, Vanessa Vencatachellum est demandée dans de nombreuses écoles et entreprises pour partager son expérience. Elle travaille également en étroite collaboration avec le ministère de la Santé pour des campagnes de sensibilisation. 

L’endométriose est également le quotidien d’Angélique Sanson, Miss Mauritius 2019, qui vit avec la maladie depuis son adolescence. Chaque mois, elle manquait un à deux jours d’école car elle souffrait de douleurs abominables accompagnées de vomissements. Sa famille pensait qu’il s’agissait de symptômes menstruels douloureux. Mais la situation a continué à l’université. «Je manquais des cours et des examens et je ne pouvais justifier correctement mes absences à l’administration ou expliquer que j’avais raté un examen parce que j’étais malade à cause de mes règles. Ce n’était pas facile. Cette situation a impacté mon parcours scolaire.»

Angélique Sanson, Miss Mauritius 2019, vit avec la maladie depuis son adolescence.

Plus tard, elle apprend qu’elle souffre d’endométriose. «J’ai contacté un spécialiste qui a pris le temps de m’expliquer. Il m’a suivie tout au long de mon traitement qui a coûté cher. L’endométriose étant une maladie chronique, elle n’est malheureusement pas remboursée par les assureurs.»

Dr Mithi Sooknundun Mehta: «L’endométriose entraîne l’infertilité…»

<div style="text-align:center">
	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/mithi_sooknundun.jpg" width="620" />
		<figcaption>Dr Mithi Sooknundun Mehta, gynécologue et obstétricienne de la Clinique du Nord.</figcaption>
	</figure>
</div>

<p><strong>Quelle tranche d&rsquo;âge est affectée par l&rsquo;endométriose ?</strong></p>

<p>L&rsquo;âge est un facteur de risque, l&rsquo;âge de procréer précisément. La maladie peut apparaître dès l&rsquo;adolescence.</p>

<p><strong>Comment la diagnostiquer ?</strong></p>

<p>D&rsquo;abord, on suit l&rsquo;historique de la patiente sur ses douleurs et ses saignements excessifs. Par la suite, on passe par un examen gynécologique pour vérifier notamment la mobilité des organes et détecter les éventuels nodules (cloison recto-vaginale).</p>

<p>Si le diagnostic d&rsquo;endométriose ovarienne est aisé, une échographie est généralement suffisante. Au cas contraire, l&rsquo;imagerie par résonance magnétique (IRM) est le meilleur examen d&rsquo;imagerie dans le cadre d&rsquo;un bilan complet, pré chirurgical ou pré thérapeutique de l&rsquo;endométriose profonde. Dans les cas difficiles, seule la laparoscopie permet de confirmer le diagnostic d&rsquo;endométriose à 100 % grâce à l&rsquo;analyse pathologique des lésions retirées.</p>

<p><strong>Quelles sont les conséquences sur les règles ?</strong></p>

<p>Les règles sont plutôt douloureuses, prolongées et très abondantes. Certaines patientes perdent même des caillots sanguins, de petites à moyennes tailles, lors de leurs menstruations.</p>

<p><strong>Pourquoi tant de femmes touchées par cette maladie ?</strong></p>

<p>L&rsquo;endométriose est une maladie inflammatoire liée aux règles. Quand une femme a ses règles, la muqueuse utérine se détache car elle n&rsquo;a pas reçu d&rsquo;embryon ; ces petits morceaux d&rsquo;endomètre et de sang (les règles) remontent chez toutes les femmes le long des trompes.</p>

<p>Or, pour 10 % des femmes, cette muqueuse se désagrège mal et forme des petites lésions, des kystes, qui se posent sur divers organes, l&rsquo;utérus, les trompes, les ovaires et parfois sur l&rsquo;intestin, la vessie, le vagin ou le rectum.</p>

<p>Chez les femmes atteintes d&rsquo;endométriose, ces petites lésions disséminées réagissent aussi aux hormones. Ce sont ces fragments de la muqueuse utérine qui se mettront à saigner. Tous les mois, ces petites lésions vont saigner, grossir et amplifier le phénomène si aucun traitement n&rsquo;est mis en place.</p>

<p><strong>Peut-on guérir de cette maladie ?</strong></p>

<p>On peut avoir recours à la chirurgie.</p>

<p><strong>L&rsquo;endométriose s&rsquo;arrête-telle à la ménopause ?</strong></p>

<p>L&rsquo;endométriose diminue généralement et disparaît après la ménopause mais doit tout de même être surveillée, notamment lors de la mise en place de traitements hormonaux substitutifs.</p>

<p><strong>Il existe deux types de chirurgie : la laparoscopie et la laparotomie. Quelle différence entre les deux ?</strong></p>

<p>La laparoscopie est une intervention minime avec de petites incisions dans le ventre pour visualiser les organes abdominaux à travers une caméra. La laparotomie est une opération ouverte de l&rsquo;abdomen avec une grande incision sans l&rsquo;aide de caméra.</p>

<p style="text-align:center"><img alt="" height="426" src="/sites/lexpress/files/images/schema_endometriose_1.jpg" width="500" /></p>

<p><strong>Une rechute est-elle possible après guérison ?</strong></p>

<p>Tant que toutes les lésions ne sont pas chirurgicalement supprimées, une rechute est possible. La maladie peut même se propager dans d&rsquo;autres tissus. Les rechutes sont évidemment plus fréquentes en l&rsquo;absence de traitement médical. Elle est également possible pendant la ménopause, bien que plus rare. Les périodes de répit sont de durée variable en fonction des femmes et de l&rsquo;âge. Elles peuvent être de quelques semaines pour certaines et de plusieurs années pour d&rsquo;autres. C&rsquo;est la raison pour laquelle un traitement médical et un suivi médical régulier sont préconisés.</p>

<p>Mais toutes les femmes ne rechutent pas. Pour certaines, une chirurgie et un traitement suffisent pour être tranquilles à vie.</p>

<p><strong>Des médicaments peuvent-ils aider à soulager la maladie ?</strong></p>

<p>Les traitements médicamenteux se concentrent soit sur la diminution des niveaux d&rsquo;œstrogènes, soit sur l&rsquo;augmentation des niveaux de progestérones. Selon les symptômes, les lésions ou les résultats souhaités, le traitement du patient peut se faire par médicaments. Les traitements courants comprennent des contraceptifs stéroïdiens, des anti-inflammatoires et des analgésiques (anti- douleurs). Tous doivent être strictement prescrits et surveillés pour éviter d&rsquo;éventuels effets secondaires problématiques.</p>

<p><strong>Est-il normal de ressentir de la fatigue ?</strong></p>

<p>Malheureusement, la fatigue chronique est l&rsquo;un des symptômes les plus courants de l&rsquo;endométriose. Il faut souvent une volonté de fer pour combattre cette fatigue.</p>

<p><strong>La maladie peut-elle entraîner des conséquences lors des rapports sexuels ?</strong></p>

<p>Oui. La douleur pendant les rapports sexuels est l&rsquo;un des principaux symptômes chez les patientes. Parce que le vagin comprime les organes adjacents et le tissu endométrial est déposé à l&rsquo;extérieur de l&rsquo;utérus.</p>

<p><strong>L&rsquo;endométriose rime-t-elle avec infertilité ?</strong></p>

<p>Malheureusement, oui. L&rsquo;endométriose est une maladie qui se caractérise par le développement de tissus dans la muqueuse utérine à l&rsquo;extérieur de l&rsquo;utérus provoquant ainsi des douleurs et une infertilité. De plus, des kystes peuvent se for- mer. Ils perturbent directement la maturation des ovules, ce qui rend une ovulation normale impossible. Leur contenu est constitué de sang qui ne peut pas s&rsquo;écouler.</p>

<p><strong>La grossesse guérit-elle de l&rsquo;endométriose ?</strong></p>

<p>Heureusement, la grossesse guérit de l&rsquo;endométriose. C&rsquo;est la raison pour laquelle il est important d&rsquo;encourager les jeunes femmes à concevoir.</p>