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Les proches de Sooriadev Jodhun: «Que Roger de Boucherville repose en paix»
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Les proches de Sooriadev Jodhun: «Que Roger de Boucherville repose en paix»
Les proches de Sooriadev Jodhun, chauffeur de taxi de 28 ans, porté disparu le 6 janvier 1986 et dont le cadavre a été retrouvé une dizaine de jours plus tard à Dilo Pouri, au Morne, n’ont cessé de penser à lui durant ces 38 dernières années. Sa mère et sa sœur sont mortes quelques années après sa disparition, avec une immense tristesse dans le coeur. Les empreintes de Roger de Boucherville, ancien gardien du cimetière Bigara, ayant été retrouvées sur le taxi à Cité Martial, celui-ci a été arrêté et condamné à la peine capitale, commuée par la suite en condamnation à vie. Les Jodhun reviennent sur ce drame, qui a été l’un des plus médiatisés du pays, trois jours après la mort de celui qui a échappé à l’échafaud.
«Du fond du cœur, nous avons pardonné à Roger de Boucherville. Nous ne connaissons pas les circonstances qui ont mené à ce drame. Roger de Boucherville a été puni et a purgé sa peine. Il a vécu jusqu’à 91 ans avec ce crime sur la conscience. Il est temps qu’il repose en paix. Je ne suis pas sûr que je vivrais jusqu’à 90 ans», déclare la belle-sœur de Sooriadev Jodhun, d’une bonté qui force l’admiration.
Ce dernier était le cadet d’une fratrie de cinq enfants. Il était célibataire. Quelque temps après le drame, sa mère est morte, sans doute de chagrin d’avoir perdu son fils. Le frère aîné de la victime, qui a 74 ans, raconte qu’il lui était toujours difficile de parler de son frère ouvertement, pour ne pas raviver la douleur. «Pena enn fet ki nou pa pans li. Li penib perdi enn mamb ou fami dan bann sirkonstans parey», dit-il.
La belle-sœur de Sooriadev Jodhun est l’une des dernières personnes à l’avoir vu vivant. Elle se souvient très bien de ce 5 janvier 1986 où toute la famille Jodhun s’était réunie à Morcellement St André pour fêter le Nouvel An, comme c’était le cas tous les ans. À l’écouter, Sooriadev Jodhun aimait l’ambiance familiale et pour l’occasion, il avait acheté dix livres d’ourites pour le dîner. Un dîner dont il n’a jamais pu profiter. «Sa zour-la, gramatin, linn al begné. Mo’nn repas so linz. Mo’nn dimann li si mo fer dité pou li, linn prefer pran enn dilé ar Ovaltine. Linn bwar apre linn alé. Linn al enn sel alé. Aswar nou’nn res atann li, li pa finn vini. Latet ti pé fatigé», se souvient cette habitante de Montagne-Longue.
Une main dépassant de l’eau
Le lendemain, ses proches se sont rendus au poste de police pour signaler sa disparition. Les policiers devaient apprendre par les amis de Sooriadev Jodhun qu’il les avait rejoints pour faire l’escalade de la Montagne du Pouce avant de se rendre à Roche-Bois où il a pris un bain et un apéritif. Solange de Boucherville, la belle-sœur de Roger de Boucherville, était parmi eux. Il les a ensuite quittés pour rentrer chez lui. Le jour où la disparition de Sooriadev Jodhun a été signalée, Solange de Boucherville a rendu visite aux proches du chauffeur de taxi. Elle était une des plus fidèles clientes de la victime. Elle a appris avec surprise que Sooriadev Jodhun n’était pas encore rentré. Les recherches ont alors été lancées. Sa voiture, une Mazda de couleur jaune, immatriculée AE 462, a été retrouvée à Cité Martial. Dans le véhicule, la police a retrouvé des vêtements et des traces de sang. Les empreintes prélevées sur le bouchon d’essence de la voiture ont correspondu à celles de Roger de Boucherville.
Des recherches ont été effectuées dans plusieurs parties de l’île. Le 13 janvier, à marée basse à Dilo Pourri, les habitants de la localité ont découvert une main dépassant de l’eau et ils ont alerté la police criminelle du Sud. L’odeur de putréfaction, qui se dégageait sur place, a permis aux policiers de repérer et déterrer un cadavre, qui a été identifié positivement par la suite comme celui de Sooriadev Jodhun.
Bala Mootoosamy Kamatchi, qui était à l’époque inspecteur à la Criminal Investigation Division de Piton, a été chargé de faire la lumière sur cette affaire. Ses hommes et lui ont procédé à l’arrestation de Roger de Boucherville. Ce dernier a été soupçonné d’avoir tué le chauffeur de taxi. Et ne sachant pas où cacher le cadavre, il se serait d’abord rendu à Grand-Bassin avant d’aller à Dilo Pourri au Morne. «Roger de Boucherville soupçonnait que le chauffeur de taxi avait une liaison avec sa belle-sœur», se souvient l’ancien policier. C’est sur le toit de sa maison, à Cité Mangalkhan, que Roger de Boucherville a été appréhendé par l’équipe de l’inspecteur Kamatchi.
«Alé-vini lakour»
La découverte du cadavre de Sooriadev Jodhun a choqué sa famille. Sa belle-sœur a dû se rendre au tribunal pendant près d’un mois lorsque l’affaire a été appelée et entendue. «Kan mo ferm mo lizié, mo ankor trouv mwa pe alé-vini lakour Bambous pou al deposé. Mo ti temwin la Couronne», raconte cette dernière. Il n’y a pas un jour où elle ne pense pas à son petit beau-frère, qui était tellement proche d’elle et de ses enfants. «Li ti abitie vinn get mwa. Li ti bien kontan mo bann zanfan. Li ti enn dimounn bien zanti. Kan lepok lane, li diffisil pou nou. Depi ki linn mor, boukou kitsoz inn fini. Li nepli parey», raconte-t-elle. «Fodé enn zour mo ferm mo lizié definitivman, mo kit later, pou mo kapav bliyé sa soufrans ki nou’nn pase-la», ajoute-t-elle. Ses enfants étaient encore petits à l’époque, mais elle se souvient que ces derniers ont été chagrinés par cette disparition. «Mo ti ena trwa-zan kan mo tonton inn mor, mé mo’nn viv sa atraver mo mama, linn rakont nou», raconte le neveu de Sooriadev Jodhun.
«Ziska ler nou pa konn detay ek kinn arivé. Me an tan ki imin, nou sinpatiz avek lafami Boucherville. Mo konpran lapenn sa fami kinn bizin, zot ousi, viv san enn papa pandan tou sa letanla», souligne cette habitante de Montagne-Longue.
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