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Sen Ramsamy: «Il faut cesser le copinage politique à la MTPA»
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Sen Ramsamy: «Il faut cesser le copinage politique à la MTPA»
Suite à la démission de Nilen Vencadasmy comme président de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), l’efficacité de cette organisation est à nouveau remise en question. Faut-il réinventer la MTPA et repartir sur de nouvelles bases avec les partenaires incontournables du tourisme ? Sen Ramsamy aborde les changements à apporter pour la relance du tourisme.
Que pensez-vous du modèle de fonctionnement entre le ministère du Tourisme et ses partenaires tels que la MTPA, l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) ?
La coïncidence veut que je fusse parmi ceux qui avaient créé ces trois institutions du tourisme dans les années 80 et 90, et, par la suite, la Tourism Authority. Je trouve malheureux, cependant, qu’au fil des années, ces institutions ont perdu un peu leurs repères et n’arrivent pas à être à la hauteur des attentes de ce secteur en ce temps de crise et d’incertitude prolongées.
Donc, il faut revoir le fonctionnement de ces institutions et le modèle de coopération entre elles pour pouvoir donner au tourisme mauricien les moyens de faire face aux multiples défis qui guettent ce secteur dans un environnement hyper compétitif et un avenir incertain. Le problème du tourisme est bien plus profond que la capacité en sièges d’avion, le marketing ou l’offre touristique.
Que faudrait-il pour soutenir le tourisme?
Il faut une vision et une direction pour notre tourisme. L’absence d’un bon meneur de flambeau, comme nous en avions connu dans le passé, se fait cruellement sentir. Quand nous avions fermé le Mauritius Government Tourist Office en 1996 pour créer la MTPA, le but était d’avoir la participation technique et financière du secteur privé dans la promotion de la destination.
L’État avait fait de la place pour des représentants du secteur privé sur son conseil exécutif. Les secteurs public et privé mettaient la main à la pâte pour faire la promotion de la destination de façon harmonieuse et concertée. Mais, au fil des années, c’est devenu une plateforme pour des lobbies en tous genres. Avec les grands défis géopolitiques, de la guerre, du Covid, entre autres, la MTPA doit reprendre le flambeau du tourisme régional comme nous l’avions démarré avec succès dans le passé.
Quels sont les changements phares qu’il faudrait apporter à la MTPA ?
Les changements phares à apporter seraient la consolidation de la structure institutionnelle de la MTPA par des compétences techniques et non par le copinage politique. La sélection du président et directeur de la MTPA doit se faire par un panel d’experts indépendants. Idéalement, avec un représentant parlementaire de chaque côté de l’Assemblée nationale. Il faut aussi revoir la composition du conseil pour qu’il soit plus représentatif du tourisme dans le sens large du terme avec des compétences prouvées en tourisme, marketing et développement durable et éviter des lobbies particuliers.
Une restructuration de la MTPA est aussi nécessaire en fonction des nouveaux défis du tourisme, surtout en termes de technologie 5G, d’intelligence artificielle, de recherches et d’innovation en marketing, branding, relations publiques et communication. Les cadres doivent être formés en technologies nouvelles pour permettre des analyses plus pointues de l’évolution des tendances du marché touristique mondial. Il faut aussi la promotion de la destination mauricienne et de l’investissement sous un même toit. Revoir le rôle de l’Economic Development Board et de la MTPA avec une participation plus active des ambassades mauriciennes à l’étranger. Il faudrait ouvrir des bureaux permanents dans les marchés porteurs pour la promotion de Maurice.
Et pour les campagnes promotionnelles de la destination mauricienne ?
Il faut plus de transparence dans les dépenses promotionnelles de la MTPA à l’étranger. Il faut arrêter le financement par la MTPA des campagnes promotionnelles de groupes d’opérateurs individuels et favoriser la promotion de l’ensemble de la destination (hôtels, aéroport, restaurants, réceptifs, magasins, guides, bateaux de plaisance). L’ensemble de la destination doit bénéficier des campagnes de la MTPA à l’étranger et non des groupes spécifiques à tour de rôle. C’est discriminatoire.
Les campagnes promotionnelles conjointes, s’il y en a, doivent être financées équitablement par la MTPA et le secteur privé pour ne pas favoriser un groupe au détriment des autres acteurs du tourisme.
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