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Consommation: le manque de légumes fait flamber les prix

29 mars 2022, 13:09

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Consommation: le manque de légumes fait flamber les prix

Le prix de vente des légumes, comme pour toute denrée, dépend de l’offre et de la demande. En ce moment, la production est moindre. C’est ce que fait ressortir Krit Beeharry, membre exécutif de la plate-forme des planteurs de l’île, qui établit un bilan de la situation. «Les planteurs sont dans le rouge. Nous n’avons pas la capacité, particulièrement financière, pour produire ce qu’il faut. Les agriculteurs travaillent avec les fonds disponibles. Car le coût a triplé pour certaines productions. Nous n’arrivons donc pas à planter sur tout le terrain. La culture est à environ 40 %.» Pour les légumes tels que le chou, il y a aussi un problème d’insectes.

En outre, les planteurs sont endettés auprès des vendeurs d’intrants. Le prix de ces derniers a augmenté. Avec la guerre en Ukraine, un manque d’engrais se fait sentir et cela se répercute sur les prix. Sans compter la main-d’œuvre en manque et plus chère. «La main-d’œuvre d’une demi-jour- née coûte en moyenne Rs 500 à Rs 700», indique-t-il.

En sus de la hausse des coûts, il y a le mauvais temps. Les intempéries causent de grosses pertes aux agriculteurs. Devanand Sarjoo, planteur, relate qu’il a déjà fait des pertes d’au moins Rs 300 000. «J’avais mis en terre des semences de piment. Le mauvais temps, le vent fort et les accumulations d’eau ont détruit les plantes. À cause des récentes averses, les margozes sont devenues jaunes. La récolte a été moins bonne cette semaine.» Au vu de la situation, il est impossible de vendre des légumes à Rs 10 ou Rs 15, avancent les cultivateurs.

Les légumes sont achetés et vendus plus cher avec la marge de profit du détaillant et les coûts tels que le transport. De plus, le prix du pro- duit dépend de la qualité. (Voir Tableau 1 : les prix indicatifs, en moyenne, de quelques légumes qui se vendent plus cher). Certains légumes connaissent toutefois une baisse de prix (voir Tableau 2).

Le prix de certains autres légumes, par rapport aux récoltes, est abordable. Toutefois, les planteurs préviennent que les prochaines récoltes de certains légumes seront chamboulées en raison des derniers jours pluvieux. Les consommateurs peuvent s’attendre à une hausse de prix dans les deux prochaines semaines. «Nous avons perdu les plantules d’environ une vingtaine de jours. (…) Il y aura un manque dans la production», soutient Krit Beeharry.

En ce qui concerne l’importation, SKC Surat & Co. Ltd a reçu un permis pour faire venir des légumes tels que la carotte et le chou vert. Le Chief Executive Officer, Suren Surat, avance que les carottes ont été embarquées sur le bateau et que la cargaison arrivera au pays le 4 avril. Car, malgré la hausse, le fret maritime reste abordable. Pour le chou vert, il souligne que le prix de vente dépend du poids. Un chou importé peut peser deux à trois kilos. Il est vendu entre Rs 75 et Rs 100 le kilo.

Pour d’autres légumes fragiles comme la courgette et le pâtisson, l’importation se fait par voie aérienne mais les prix restent très chers. Pour indication, le fret par avion seul est à Rs 100 le kilo. Cela exclut le prix du produit dans le pays d’importation, la marge en tant que grossiste et distributeur ainsi que la marge du détaillant. Un autre importateur de légumes confie que même au niveau de l’importation, la quantité reste minime. L’on nous fait comprendre que des carottes vendues au détaillant passent de Rs 72,50 à Rs 100 la livre.

Seul le prix des légumes importés par l’Agricultural Marketing Board (AMB) est fixé. Le Conseil des ministres de vendredi dernier a décidé que l’AMB serait de nouveau le seul importateur de pomme de terre et d’oignon. Mais le prix au détail de ces derniers a aussi été revu. Celui-ci passe à Rs 50 le kilo en raison de l’augmentation du coût du fret maritime. La Consumer Protection (Price and Supplies Control) Act et les Consumer Protection (Control of Price Taxable and Non-Taxable Goods) Regulations 1998 seront, en conséquence, revues.

Pour sa part, Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice, fait ressortir qu’il observe qu’un même produit est vendu à différents prix dans différents endroits. Selon lui, dans ce cas, il faut que les prix soient contrôlés pour éviter qu’ils soient exagérés en raison de grandes marges de profit.

Aux dires de Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs, pour acheter des légumes, une famille de deux enfants doit avoir un budget d’environ Rs 1 200, étant donné que chaque repas doit être accompagné d’un légume. Afin de ne pas débourser autant, face à l’augmentation des prix, les consommateurs se tournent vers des alternatives. D’ailleurs, Uttam Sumaroo, directeur de Masters Express, observe une hausse de 50 % de la demande en légumes surgelés et en conserve.

Il faut des solutions pour soutenir les consommateurs

<p>Face à la flambée des prix des produits alimentaires, Suttyhudeo Tengur soutient que la guerre en Ukraine affecte certes le commerce mondial, mais il estime qu&rsquo;il faut arrêter de tout mettre sur le dos de la guerre et de chercher des prétextes à la hausse des prix des produits. Il propose de trouver des solutions pour soutenir les consommateurs.</p>