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Sugar Investment Trust: ce fleuron des petits planteurs tant critiqué aujourd’hui
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Sugar Investment Trust: ce fleuron des petits planteurs tant critiqué aujourd’hui
La PNQ sur le parc aquatique du SIT est une éclaboussure de plus dans la mauvaise gestion des filiales de ce trust. Il regroupe 55 000 planteurs et autres employés de l’industrie sucrière, qui auparavant touchaient d’importants dividendes. Mais ces actionnaires ne perçoivent plus rien. Récit d’une dégringolade amère.
Créé en 1994, le Sugar Investment Trust (SIT) est devenu une compagnie publique au début des années 2000, avec 55 000 actionnaires, notamment des petits planteurs, des artisans et d’autres employés de l’industrie sucrière. Au début, le SIT était considéré comme un fleuron pour ces actionnaires. Ils recevaient des dividendes sur leur investissement allant jusqu’à 20 %. Aujourd’hui, ils ne reçoivent rien et les scandales se succèdent.
Tant et si bien que cette compagnie publique a fait l’objet d’une Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, mardi. Les actionnaires suivent de près la gestion de cette compagnie, d’autant qu’ils n’ont pas obtenu satisfaction suite aux réponses du ministre de l’Agro-industrie, Maneesh Gobin, au Parlement.
Nous avons parlé à quelques actionnaires qui qualifient la situation de désespérée. Comme le leader de l’opposition, ils souhaitent qu’une commission d’enquête fasse la lumière sur la gestion des différents directeurs.
Pour mieux comprendre la gestion du SIT, retournons au début, quand des filiales ont été créées, à partir de 2001. Trois d’entre elles, SIT Leisure Limited, SIT Property Development Limited et SIT Land Holdings Limited, sont très actives.
Si la PNQ de mardi était concentrée sur SIT Leisure Limited, avec le Splash N Fun Leisure Park, plus connu comme le Waterpark de Belle-Mare, n’empêche que SIT Land Holdings Limited fait également l’objet des critiques.
En ce qui concerne l’exWaterpark, soulignons que ce projet a démarré en 1997 pour prendre fin en août 2000, soit quelques mois avant les élections générales de 2000. Le coût du projet était de Rs 77 millions. Pravind Jugnauth, ministre de l’Agriculture, allait inaugurer le parc aquatique peu après les élections de 2000. Il a bien marché jusqu’à 2013, quand il y a eu des accidents sur ce lieu de loisir et la mort de deux enfants. Le Waterpark a dû fermer ses portes.
En 2015, avec Preetam Boodhun comme chairman du SIT et de SIT Leisure Limited et d’autres membres du board, une décision a été prise pour réaliser des travaux de rénovation au Waterpark. Quand le projet s’est achevé, il est devenu le Splash N Fun Leisure Park.
Selon un document en notre possession, les travaux de rénovation ont coûté Rs 381 millions, avec des équipements provenant de l’étranger au coût de 159,7 millions. Mais il y a plusieurs manquements. Un audit interne mené par Dhiraj Chintaram conclut que «that different works/ projects carried out at the Splash n Fun Leisure Park had not been done in an orderly and systematic manner. The chronology of the different projects was probably not predermined, and this lack of planning had led to having additional work to be carried out».
Comme l’a souligné le leader de l’opposition au Parlement, une somme de Rs 35 millions a été investie dans le projet de «boomerango» au coût total de Rs 76,3 millions, mais tant qu’il n’est pas terminé, cela ne sert à rien. «C’est de l’argent public jeté à l’eau», a déclaré Xavier Duval. Il en est de même pour des appareils pour une petite salle de cinéma. Ce projet, après des investissements de plus de Rs 15 millions, n’est pas encore prêt. Un bateau prend la rouille dans le centre de loisir et les manèges sont inutilisables.
Si autrefois le parc de loisir attirait jusqu’à 800 personnes chaque week-end, en revanche, il n’y avait que 200 visiteurs durant les mois écoulés. L’entrée à ce parc de loisir est de Rs 350 par adulte et Rs 150 par enfant et pour une personne du troisième âge (Mauriciens et résidents). Pour les touristes, c’est plus cher.
Preetam Boodhun : «j’ai la conscience claire»
<p>Preetam Boodhun , dont le nom a été cité par Xavier Duval pour avoir mal fait son travail en tant que chairman du SIT, a indiqué qu’il a la conscience claire. «</p>
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<p>Répondant aux critiques, il affirme que s’il y a eu autant d’investissements, c’est parce que des équipements de qualité ont été recherchés. Concernant le «<em>boomerango»</em>, il a laissé entendre que le SIT avait pris un emprunt de Rs 150 millions pour les travaux de rénovation et il s’attendait à des rentrées d’argent pour investir davantage dans ce projet, mais avec le Covid-19, le parc de loisir a dû fermer à plusieurs reprises.</p>
<p>Concernant sa proximité avec la politique, il concède qu’il est proche du Mouvement socialiste militant (MSM) et qu’il a mené campagne pour ce parti en 2014 et 2019. A-t-il été récompensé pour avoir été à côté des politiciens du MSM? <em>«Mais c’est souvent le cas, on choisit des proches à nommer comme chairmen. Mais personne ne me dira que je suis un incompétent. D’ailleurs, Omnicane m’a choisi pour siéger sur son board. N’est-ce pas une référence de ma compétence ?»</em> Toutefois, depuis qu’il a été nommé sur le conseil d’administration de Landscope, il s’est éloigné de la politique.</p>
<p><strong>Ramroop suspendu du SIT group</strong></p>
<p>Un autre cas qui fait l’objet de critiques est la suspension de Mahendra Kumar Ramroop comme <em>Chief Finance Officer</em> du SIT Group. Il est accusé de n’avoir pas produit des déclarations annuelles du SIT à la <em>Financial Services Commission</em>. À cause de cette «<em>négligence», </em>le SIT a dû payer des amendes de plus de Rs 1 million. Des actionnaires soutiennent que les dividendes ne sont pas payés et à cause de l’incompétence de certains, des amendes ont dû être payées. Sollicité, Mahendra Kumar Ramroop, dès qu’il a entendu que nous sommes de la presse, nous a raccrochés au nez.</p>
<p><strong>L’enquête de l’ICAC se poursuit sur Boodram</strong></p>
<p>Comme nous l’avons écrit la semaine dernière, l’enquête de l’Independent Commission against Corruption (ICAC) se poursuit sur Gansam Boodram , directeur de <em>SIT Land Holdings Limited</em>. C’est au niveau de la culture d’oignons que des soupçons sont portés sur lui. Arvin Boolell a demandé au ministre Maneesh Gobin pourquoi cette personne ne se retire pas temporairement le temps de cette enquête.</p>
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<p>À noter que le board du SIT comprend neuf membres, dont trois sont nommés par le ministre de l’Agro-industrie. Le secrétaire permanent du ministère y siège.</p>
<p>Par ailleurs, des actionnaires rejettent le raisonnement du ministre qu’il n’y a pas d’argent public qui a été investi dans le SIT. «<em>Quand des petits planteurs ont acheté des actions, le gouvernement leur a accordé 50 % du coût d’un titre.»</em></p>
<p><strong>Salil Roy : «dommage d’être tombé à un tel niveau</strong><br />
Salil Roy, qui a siégé sur le conseil d’administration du SIT entre 2002 et 2005, se dit triste que cette compagnie ait atteint un tel niveau. «<em>C’était une fierté pour les petits planteurs. Mais dommage que certains aient mal géré cette compagnie et que des dividendes ne soient pas payés et, s’ils le sont, ce sont des sommes dérisoires que reçoivent les actionnaires.</em>» Selon lui, même si on est connecté politiquement, la gestion d’une compagnie n’a rien à faire avec la politique. Il trouve dommage que l’ex-Waterpark fasse l’objet de tant de critiques.</p>
<p>Quant à Jyoti Jeetun, qui a rejoint le SIT à ses débuts et en a été le <em>Chief Executive Officer </em>durant sa belle époque, de 2000 à 2005, elle n’a pas souhaité revenir sur ce sujet. Rappelons qu’elle avait été limogée par les Travaillistes à leur retour au pouvoir et qu’elle avait obtenu, en 2011, grâce à un jugement du <em>Privy Council</em>, des indemnités pour licenciement injustifié. C’était le début de la dégringolade pour le SIT.</p>
<p><strong>Efficace outil de patronage politique auprès des cultivateurs de canne</strong></p>
<p>Le SIT a été, avant 2014, un efficace outil que les précédents gouvernements sous influence tra- vailliste, MSM ou encore MMM ont utilisé pour assurer leur patronage politique auprès de la communauté des petits planteurs bien établis dans au moins 14 circonscriptions du pays, avec un poids électoral considérable. Créé en 1994 sous la férule de Rama Sithanen, alors ministre des Finances, le SIT eut pour mission de promouvoir les intérêts des planteurs dans le contexte d’une industrie sucrière devenue plus efficiente après l’adoption d’une nouvelle loi d’encadrement. De 1996 à 2000, le premier gouvernement Ramgoolam entreprit une série d’initiatives pour consolider les planteurs et leur faire avoir davantage de bénéfices auprès des usiniers.</p>
<p>Le gouvernement MSM-MMM de 2000-05 donna un nouveau rôle au SIT avec Jyoti Jeetun devenant le <em>Chief Executive Officer </em>de cette institution. À la faveur de l’Illovo Deal, quand des milliers d’arpents de canne furent concédés à l’État par les propriétés sucrières, le SIT vit son rôle augmenter encore, avec même le droit de siéger sur le conseil d’administration de certaines grosses compagnies.</p>
<p>Le site officiel du SIT explique ceci :<em> «The Group’s impressive growth since 2005 has been driven by a new, successful and viable business model characterised by medium to long term value creation for the Group’s stakeholders. The outstanding performance of SIT Group has been supported by a diversified investment portfolio across a number of economic sectors: sugar milling, sugar cane cultivation, energy, leisure and property development</em>.»</p>
<p>Depuis 2014, toutefois, avec la politisation à outrance du SIT et la nomination fort controversable de nouveaux administrateurs problématiques, le SIT a abordé une pente qui est bien illustrée par ce qui s’est passé dans sa filiale<em> Splash N Fun Leisure Park.</em></p>
<p>Des maldonnes et irrégularités financières au niveau du SIT et de ses filiales sont appelées à avoir un impact fort négatif sur les intérêts des 55 000 planteurs, employés et pensionnaires de l’industrie sucrière.</p>
<p><strong>Des rémunérations de Rs 44 500 à Rs 199 500</strong></p>
<p>Comment une compagnie qui ne déclare pas de dividendes peut-elle bien rémunérer ses directeurs, se demandent des actionnaires. Selon le rapport annuel 2020 de <em>SIT Land Holdings Ltd</em>, Gansam Boodram a obtenu une somme de Rs 199 500 comme rémunération et autres bénéfices. D’autres ont reçu entre Rs 44 500 et Rs 103 500.</p>
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