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Coût de la vie: les pauvres encore plus démunis

1 avril 2022, 14:55

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Coût de la vie: les pauvres encore plus démunis

Alors que le prix de nos aliments n’arrête pas de grimper, ceux au bas de l’échelle sont les premiers affectés. Et comme si cela ne suffisait pas, les familles les plus démunies doivent attendre pour percevoir l’aide sociale du gouvernement. En effet, la liste des personnes figurant sur le registre du ministère de l’Intégration sociale est actuellement en révision. En attendant, ces dernières ont du mal à subvenir à leurs besoins de base. Combien de personnes sont touchées par cette situation ? Quels sont leurs recours ? Nous te faisons découvrir la réalité de la pauvreté à Maurice.

Allocations en mode pause 
Les personnes financièrement précaires se tournent vers le gouvernement pour les soutenir. Or, en ce début d’année, cette aide financière, qui leur est si précieuse, se fait attendre. Pourquoi ? Parce que chaque année, le registre social doit être revu et les personnes bénéficiaires réévaluées. Résultat : ces personnes se retrouvent sans aucune aide financière durant cette période de révision. Pour cette réévaluation, des fonctionnaires du ministère doivent se déplacer et aller sur le terrain. Ils ne tiennent pas seulement compte des revenus déclarés de ces personnes mais vont également voir leur mode de vie, c’est-à-dire qu’ils vont vérifier si ces personnes possèdent des objets tels qu’un smart phone et des appareils électroménagers, entre autres. Des arrérages* leur sont reversés lorsqu’elles redeviennent éligibles, mais en attendant, elles sont livrées à elles-mêmes. Pour pouvoir manger, elles se tournent désormais vers les organisations non gouvernementales et les associations, qui viennent en aide aux personnes démunies. Certains ne font qu’un repas par jour, d’autres n’envoient plus leurs enfants à l’école et se contentent de manger «dipain diber». Tu t’imagines dans cette situation ? 

La pauvreté à Maurice 
Nous sommes en 2022, à l’ère où la technologie a connu des avancées et où il ne se passe pas un mois sans qu’on entende parler du lancement d’un nouveau portable, d’un nouveau laptop ou encore d’une nouvelle voiture. Pourtant, sais-tu que dans notre pays, il existe encore des personnes qui ne mangent pas à leur faim, qui ne peuvent consommer qu’un repas par jour ? Selon le Poverty Analysis de 2017, rapport publié en 2020 par le gouvernement, et qui t’explique avec force détails ce qu’est la pauvreté à Maurice, 36 500 familles, soit 131 300 Mauriciens, seraient en situation de pauvreté relative. Toutefois, comme nous explique Patricia Adèle Félicité, secrétaire générale de Caritas Île Maurice, organisation qui aide les personnes démunies, «avec la pandémie, et maintenant la guerre entre l’Ukraine et la Russie, la situation a empiré et cela a aujourd’hui un impact sur la situation économique de tout le monde, et plus encore sur les familles à faibles revenus». 

De mal en pis 
Caritas Île Maurice vient en aide à environ 10 000 personnes à travers l’île. «L’aide que nous apportons aux familles varie selon leurs besoins. Auparavant, on offrait à certaines familles un pack alimentaire avec des produits de base d’une valeur de Rs 2 000. Maintenant, nous ne pouvons plus le faire parce que, d’une part, tous les produits ont augmenté, et d’autre part, pour pouvoir continuer à offrir ces packs, nous devons avoir des donateurs, et ces derniers se font de plus en plus rares. Ils sont eux-mêmes impactés par la crise financière», explique Patricia Adèle Félicité. 

Aide gouvernementale insuffisante 
Ces personnes au bas de l’échelle sociale se tournent vers le gouvernement pour obtenir une aide financière afin de pouvoir vivre, de continuer à subvenir à leurs besoins et à offrir à leurs enfants ce qui leur est nécessaire. Ces personnes sont enregistrées sur une liste au ministère de l’Intégration sociale. À ce jour, 4 869 familles y sont enregistrées. «Mais ce n’est pas facile de se retrouver sur cette liste. Car il y a de nombreux critères à respecter. Par exemple, si ces personnes vivent avec une autre, qui perçoit déjà une pension du ministère, elles n’ont pas droit à cette aide. Ce qui fait que plusieurs personnes en situation difficile ne se retrouvent pas forcément sur cette liste», explique Patricia Adèle Félicité. De plus, un couple avec trois enfants ne doit pas gagner plus de Rs 10 500 pour prétendre à l’aide gouvernementale. Cette aide oscille entre Rs 3 500 et Rs 5 000. «Une somme qui ne suffit pas pour subvenir aux besoins d’une famille. D’ailleurs, même le salaire minimal ne suffit plus», laisse entendre Patricia Adèle Félicité. 

Ce qui doit être fait 
«Il faut une décision gouvernementale. Les aides doivent être ciblées et il faut également avoir plus de subventions sur les produits de base», estime Patricia Adèle Félicité. En attendant que le gouvernement réagisse, plusieurs Mauriciens continuent à souffrir. Il convient d’aider les autres, chacun à son niveau.

 

Le dico :
*arrérages : somme d’argent qui n’a pas été payée à la date convenue.