Publicité

Drogue de Rs 88 M retrouvée dans des haut-parleurs: les juges critiquent le raisonnement du DPP

2 avril 2022, 11:21

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Drogue de Rs 88 M retrouvée dans des haut-parleurs: les juges critiquent le raisonnement du DPP

Sanjaye Koonjal avait été libéré contre deux cautions de Rs 200 000 chacune après avoir signé une reconnaissance de dette de Rs 5 millions devant la Bail and Remand Court. Cela, dans le sillage de son arrestation depuis 2019 entourant une affaire de trafic de drogue d’une valeur de Rs 88 millions retrouvée dans des hauts-parleurs et impliquant l’axe Maurice-Italie. Toutefois, le Directeur des poursuites publiques (DPP) avait interjeté appel mais les juges Rita Teelock et Nicholah Oh San-Bellepeau ont rejeté la contestation du DPP sur la décision de la magistrate Deepti Bismohun et Sanjaye Koonjal qui est représenté par Me Sanjeev Teeluckdharry, est désormais libre ce 25 mars. 22

En effet, Sanjaye Koonjal qui fait l’objet d’une accusation provisoire de trafic de drogue avec circonstances aggravantes avait réclamé la libération conditionnelle après que la police avait été informée de l’arrivée d’un conteneur suspecté de contenir de la drogue à Maurice en provenance d’Italie sous le nom d’une dénommé Sita Nobaub.

S’ensuit l’arrestation de Sanjaye Koonjal qui était allé dédouaner les marchandises, qui contenaient ladite drogue de Rs 88 millions cachée dans deux haut-parleurs rectangulaires et une structure décorative en bois.

La magistrate Deepti Bismohun avait pour sa part pris en compte le fait que le suspect a produit une correspondance démontrant que la dénommée Sita Nobaub l’aurait demandé de passer à la douane et qu’il recevrait en retour des ‘Whiskeys’ en tant que récompense et que le suspect avait aidé plusieurs ressortissants mauriciens de retour d'Italie pour des  procédures douanières étant donné qu’il est à l'aise avec la langue italienne ayant avoir vécu au pays pendant un certain temps.

«Il n’y aucun lien entre la drogue sauf le fait qu’il est allé récupérer le colis et d’ailleurs, le colis contenant de la drogue était destinée au nom de Karen Guiot. J’estime que la nature des preuves est ‘frail’ et la police n’a donné aucune indication quant à la date à laquelle un procès sera intenté contre le suspect,» conclut la magistrate qui a ordonné la libération de Sanjaye Koonjal tout en lui demandant de ne pas entrer en communication par voie Facebook, Twitter, Instagram, Whatsapp entre autres avec des suspects.

Le DPP qui conteste ladite décision avance que la magistrate a commis une erreur en soutenant que la nature de preuve est faible et qu’elle aurait dû maintenir la détention du suspect qui serait susceptible de commettre une ingérence dans l’enquête et qui pourrait récidiver étant donné que le suspect, récompensé par des bouteilles de ‘whisky’ serait tenté de se lancer dans le business de la drogue.

Après avoir écouté les plaidoiries de deux parties, les juges estiment que les points du DPP ne tiennent pas la route et qu’aucune indication n’a été donnée quant à la date à laquelle un procès lui sera intenté et quand l’enquête sera bouclée. Ils ne se sont pas non plus alignés avec la State Counsel évoquant l’échange de bouteilles de ‘Whisky’ en retour d’un travail de récupérer la drogue valant une somme de plus de Rs 88 millions. «Au contraire, cela ne pouvait guère inciter quiconque à rester actif dans une telle entreprise à cause de quelques bouteilles de Whisky. D’ailleurs, la nature de preuve n’est pas solide pour le retenir en détention,» observent les juges. D’ajouter de ne pas blâmer le raisonnement de la magistrate puisqu'aucun risque sérieux d'interférence avec un témoin n'a été identifié. 

«Nous sommes d'avis qu'une telle proposition revient à établir une règle empirique selon laquelle tout suspect arrêté dans le cadre d'une accusation de trafic de drogue ne peut jamais être libéré s'il s'avère que les drogues ont une valeur significative,» concluent les juges qui ont ajouté des conditions à la remise en liberté de Sanjaye Koonjal qui devra se rendre deux fois par jour au poste de police de sa localité.