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Supermarchés: film d’horreur

3 avril 2022, 20:30

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Supermarchés: film d’horreur

Enfer et damnation. Le salaire est condamné à une mort subite. Le porte-monnaie saigne à blanc, victime de ces vampires que sont les prix. La caisse ? L’échafaud. Les bourreaux, dit-on : le coût du fret, l’invasion russe en Ukraine, la baisse de la roupie face au dollar. Une chose est sûre : on souffre atrocement. Combien ça coûte de faire ses courses de nos jours ? Incursion dans des supermarchés, où le cabas meurt par strangulation. R.I.P compte en banque. 

Les jambes tremblent. De peur. En cette fin de mois, des sueurs froides perlent le front de ceux qui doivent faire leurs courses, vider leur bourse. Les visages des cadavres zombifiés sont livides, ils obéissent à la loi du frigo vide. L’inflation (NdlR, l’augmentation durable du prix de nombreux produits), cette grande faucheuse, était à 9 % en février. Le niveau de stress ante-mortem, lui, est de 900 %. Pas le choix, il faut entrer dans ces maisons hantées par les fantômes d’une vie meilleure, moins chère autrefois. Bienvenue dans ces châteaux que sont les supermarchés.

Démarrage de l’autopsie en ce vendredi 1er avril. Balade dans les couloirs de la mort, macabre constat. En voyant les prix des boîtes de thon, de sardines, les yeux s’écarquillent, tels des merlans frits hachés à la guillotine. De La Perle des poissons à la dorade décapitée, en passant par le saumon dans son cercueil cellophané, ça sent le bomli en état de décomposition avancée. Pour le snoëk, l’addition est salée. Les roupies mourront de leur belle mort.

Boucherie sanglante du côté de la viande. On tombe sur un os, le fossé entre le coût il y a quelques semaines et maintenant laisse sceptique, telle une momie à qui on promet une vie meilleure dans l’au-delà. Le prix, cannibal, du mouton, varie entre Rs 250 et… Rs 518. Pour le poulet, en sachet ou entier, il faut creuser au fond du freezer pour trouver les meilleures offres, écartelé entre l’envie de fuir et la nécessité de rester. Il n’y a pas à dire, une fois passé à la caisse, du portefeuille-sarcophage, il ne restera qu’une carcasse, dépecée par des prix assassins, meurtriers

Le corbillard qu’est le caddie poursuit sa descente aux enfers, au rythme d’une marche funèbre.

‘Riz-ons’ jaune en nous avançant vers les ‘céreal-killers’, qui n’ont jamais aussi bien porté leur nom. On aura beau rationner le Basmati, ces petites graines sont synonymes d’injection létale sur les étals. Le compte en banque va passer à la casserole, voire au rice cooker.

Courage. Poursuivons le massacre financier. Pas le temps de s’asseoir sur une chaise électrique. Le prix du sucre poignarde toute illusion. Celui du thé fait boire la tasse. On est sur la paille. Les billets, qui ont atteint leur dernière demeure, sont lapidés, immolés, dévorés par des vautours et autres charognards. Envolée, la moitié de la paie.

Au fil de la progression à reculons, l’espoir de faire des économies, malgré les promos, est enterré vivant au cimetière de la vie trop chère. Dernières volontés ? Gagner au Loto, à la loterie, pour pouvoir faire face au décès des illusions, où les ti dimounn doivent bouffer les pissenlits par la racine.

Passons à la trappe. Le cabas arrive à la morgue. La caissière procède à la mise à mort, c’est son métier. Pour les personnes dans la file d’attente, séance de spiritisme pour que la carte bancaire ne reste pas sur le billard pour certains, pour que le cash soit suffisant pour d’autres. Ça y est, le compte en banque est six pieds sous terre.

Sur la tombe du citoyen moyen, l’épitaphe se lira comme suit : ci-gît le consommateur mauricien, gibier de potence, étranglé, massacré, découpé en petits morceaux par des prix trop élevés. Et enveloppé dans le linceul de la résignation indignée.

Combien ça coûte de faire des courses ?

Liste, approximative (non, on ne vous a pas tout mis), pour un mois, pour une famille de cinq personnes – parents + deux enfants + 1 grand-parent. Les prix sont ceux affichés dans plusieurs supermarchés et dans des brochures. Pour les dépenses, on ne vous parle pas de dettes, factures essence parce qu’il vaut mieux rouler à bicyclette, frais scolaires ou encore des repas de votre animal domestique qui bouffera vos restes (s’il en reste).