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Gaspillage: des sacs remplis de médicaments à la poubelle
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Gaspillage: des sacs remplis de médicaments à la poubelle
«Qui gère les stocks de médicaments dans les centres de santé et comment ?» C’est la question que se pose l’activiste Raouf Khodabaccus, celui-là même qui est allé fouiller dans la poubelle de la médi-clinique de Plaine-Verte et a montré les sacs de médicaments dont on s’est débarrassé. Il se demande combien de médicaments sont jetés dans les hôpitaux. «On ne le sait puisqu’ils partent à l’incinérateur.» Un député posera-t-il la question au Parlement bientôt ?
Selon nos informations, il y aurait dans cette médiclinique une salle mesurant environ 900 pieds carrés remplie de ces médicaments mis dans des sacspoubelles prêts à être jetés petit à petit. «Le lendemain du tournage de cette vidéo, on a mis une douzaine d’autres sacs à la poubelle», nous dit Raouf Khodabaccus.
Mais quels sont ces médicaments ? Selon une source, il s’agirait en majeure partie de produits ayurvédiques expirés.
Plaire aux importateurs
L’activiste Khodabaccus se demande combien a-t-on payé pour ces produits et par quel intermédiaire est-on passé. «Passe-t-on des commandes juste pour plaire aux importateurs ?» s’interroge-t-il, tout en nous rappelant l’affaire Molnupiravir. Justement, à ce propos, on se rappelle que 3 millions de ces cachets anti-Covid ont été achetés dont 900 000 à Rs 72 au lieu de Rs 17. Et une bonne partie seront périmés dans quelques mois. Vu que très peu de patients sont traités avec ces médicaments, on se demande si ceux-ci ne prendront pas aussi le chemin des poubelles ou des incinérateurs.
Le rapport de l’Audit ne parle pas du scandale Molnupiravir car il couvre la période de juillet 2020 à juin 2021 (voir hors-texte). Cependant, les auditeurs parlent d’autres produits. «Prices paid for the purchase of listed drugs by hospitals was up to 17 times higher than those paid by the Ministry following its annual tender exercise.» Ils expliquent aussi comment des astuces sont utilisées pour éviter les appels d’offres. «Cases were noted where the quantity required was adjusted so that the purchase value did not exceed the prescribed threshold for direct procurement, that is, Rs 100,000.»
Le bureau de l’Audit donne également un exemple de mauvaise gestion du stock : «In the case of three drugs,[…] local purchases were resorted to, despite stock balances of 4.5 million units, 746,840 units and 203,432 units respectively as per the Electronic Inventory Management System (EIMS).» Le rapport parle par ailleurs de produits médicaux achetés malgré le rejet de l’offre. Produits achetés à six fois le prix normal auprès du fournisseur dont l’offre avait été rejetée.
Ces observations de l’Audit semblent confirmer les appréhensions de Raouf Khodabaccus que l’on achèterait pour acheter, juste pour plaire à certains fournisseurs. Et non pour que les médicaments soient utilisés. Et l’on ne parle pas des vaccins périmés qui avaient été commandés par milliards de roupies ! On aura, on l’espère, des éclaircissements demain au Parlement si la question B/129 de Franco Quirin passe.
C’est la faute aux… «general workers»
<p>À la suite de la publication de cette vidéo de Raouf Khodabaccus, la sanction est tombée : ce sont six <em>«general workers»</em> qui ont fait les frais en étant mutés loin, très loin. Il semble que les autorités aient choisi de sanctionner non le responsable qui a ordonné la mise à la poubelle de ces médicaments mais la personne qu’elles soupçonnent d’avoir alerté la population sur ce gaspillage. Mais n’étant pas sûres qui est derrière cette divulgation éventuelle, les autorités ont sanctionné six de ces travailleurs. De plus, de curieuses pratiques de<em> «met dan fiol» </em>de produits périmés auraient été aussi dénoncées. Nous y reviendrons.</p>
Le scandale des achats par la STC
<p>Les questions parlementaires et <a href="https://www.lexpress.mu/node/386216/mort-soopramanien-kistnen-retrouvez-tous-articles-dans-notre-dossier" target="_blank">l’enquête judiciaire sur la mort de Kistnen</a> avaient permis de lever légèrement le voile sur des pratiques de corruption. Or, si le rapport du <em>«Public Accounts Committee»</em> a permis de savoir que c’est le <em>«High Level Committee» </em>présidé la plupart du temps par le Premier ministre, qui a donné son aval à l’achat d’urgence de médicaments et autres équipements pour une valeur d’au moins Rs 1,7 milliard, on attend avec impatience le rapport de la STC pour connaître d’autres détails, comme le nom des bénéficiaires et le prix par unité. Or, selon le bureau de l’Audit, ce rapport sur les comptes de la STC était prêt dès le 19 octobre 2021 mais il n’a pas été soumis jusqu’à présent. Le ministère du Commerce a promis de le finaliser <em>«by mid-February 2022 and it will then be sent for tabling.»</em> Tout est dans le <em>«then».</em></p>
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