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Publication économique: MCB Focus sceptique sur l’accueil d’un million de touristes cette année
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Publication économique: MCB Focus sceptique sur l’accueil d’un million de touristes cette année
Dans un monde perturbé par la guerre en Ukraine et toujours affecté par la crise pandémique, l’auteur de la publication économique de la MCB révise ses prévisions et incite à la prudence et à la vigilance, compte tenu du climat d’incertitude et de la dépendance du pays sur des éléments extérieurs.
MCB Focus est catégorique : l’objectif du gouvernement d’accueillir un million de touristes cette année est trop ambitieux. Pour cause, l’effet d’entraînement du conflit russo-ukrainien sur les principaux marchés européens, la majoration du prix des billets d’avion ainsi que les défis liés à la connectivité aérienne et la disponibilité des sièges. Autant de raisons avancées pour justifier le scepticisme de Gilbert Gnany, Chief Strategy Officer à la MCB et auteur de cette publication de recherches et analyses économiques.
Pour autant, MCB Focus note une amélioration dans les arrivées touristiques avec 45 % du niveau prépandémique enregistré au premier trimestre 2022 et des progrès encourageants notés sur certains marchés européens comme le Royaume-Uni et la France. Cependant, vu que le tourisme reste une industrie porteuse de croissance et qu’entre-temps, il y a eu le déclenchement de la guerre en Ukraine et ses répercussions potentielles sur l’économie domestique, MCB Focus joue la prudence en révisant à la baisse son estimation de croissance de 50 points de base à 6,2 % contre 6,7 % en janvier. Idem pour son estimation de croissance l’année dernière. Désormais, elle est située à 3,9 %, s’alignant ainsi sur celle de Statistics Mauritius, qui a également révisé son taux de croissance de 80 points de base à 4 %.
Une révision à la baisse principalement motivée par la contraction des impôts perçus sur les produits non-subventionnés. En revanche, le Produit intérieur brut (PIB) en roupies s’est amélioré de près de 8 % pour atteindre environ Rs 463 milliards de roupies en 2021. Aussi, la publication économique du groupe MCB soutient que les exportations de biens et services sont restées bien en deçà du niveau prépandémique. Cela, contrairement aux importations du pays, qui ont augmenté de 23,6 %, avec une hausse de la consommation
MCB Focus relève aussi que le ratio épargne intérieure/PIB est resté inférieur à 10 % l’an dernier, ce qui a causé le resource gap à rester à un niveau élevé à 9,4 %. De telles situations sont préoccupantes car elles tendent à accentuer la dépendance sur des flux de capitaux étrangers à long terme, estime Gilbert Gnany. Il rappelle que le PIB, mesuré en USD, a augmenté marginalement de 11 milliards USD en 2020 à 11,2 milliards USD l’an dernier. En conséquence, le PIB par habitant a augmenté de 1,8 % pour atteindre USD 8 825, soit un peu plus de Rs 397 000.
Quid des autres secteurs ? MCB Focus note que les Tics devraient enregistrer une expansion appréciable tandis que l’industrie sucrière se redresserait malgré des conditions climatiques défavorables en début d’année en raison d’une reprise de la demande de sucres spéciaux de la Chine et de l’Inde avec qui des accords de libre-échange ont été signés. La publication précise que dans l’ensemble, le PIB aux prix du marché est estimé à Rs 513 milliards par rapport à l’estimation précédente de Rs 508 milliards. Mesuré en dollars américains, le PIB nominal passerait à 11,8 milliards USD cette année, soit environ 16 % en dessous du niveau prépandémique.
Comme on peut s’y attendre, la forte hausse des coûts des intrants suivant le conflit russoukrainien, couplée aux frais de transport élevés, devrait exacerber le niveau déjà élevé des déséquilibres extérieurs du pays. La publication soutient que le pays a déjà aggravé sa projection du déficit commercial cette année, atteignant 31 % du PIB, soit 4 points de pourcentage supérieurs à ses prévisions de janvier.
Malgré une amélioration appréciable des recettes touristiques, suivie d’une nouvelle hausse des revenus provenant du secteur primaire, le déficit du compte courant devrait se détériorer à 14,3 % du PIB cette année. La balance des paiements devrait, néanmoins, rester en position excédentaire dans un contexte de flux de capitaux à travers le secteur commercial mondial. L’excédent de la balance des paiements devrait toutefois être inférieur aux Rs 55 milliards enregistrés l’année dernière, ce montant provenant de fonds d’aide de gouvernements étrangers et d’organismes internationaux ainsi que des droits de tirage spéciaux (DTS) de Rs 8,3 milliards du FMI.
Toujours est-il que le bilan positif de la balance des paiements devrait continuer de faire l’objet de la surveillance du gouvernement. Cela, compte tenu de la nature très volatile des flux de capitaux qui exposent le pays à des vulnérabilités en cas de perte soudaine d’appétit pour des investissements à risque, particulièrement dans le contexte mondial actuel.
Dette publique : courbe descendante
Et le déficit budgétaire ? MCB Focus précise qu’elle a maintenu ses prévisions d’un déficit budgétaire inchangé à 6,0 % du PIB pour l’exercice 2021- 22. De son côté, la dette publique, souligne la publication, maintient sa courbe descendante avec un taux de 80,9 % du PIB en décembre 2021 tandis que la dette du secteur public – lorsqu’elle est mesurée dans les deux termes bruts et nets – a également suivi une trajectoire descendante. Aussi, une légère baisse des ratios d’endettement est anticipée en juin 2022, en ligne avec la poursuite de la reprise des activités économiques.
La situation budgétaire, comme c’est le cas dans le monde entier, continue d’appeler à la vigilance, notamment au vu du contexte actuel, écrit Gilbert Gnany, qui cite un récent article du FMI, soulignant «les perspectives incertaines et les vulnérabilités accrues qui imposent de trouver le bon équilibre entre la flexibilité des politiques, l’ajustement agile aux circonstances changeantes et l’engagement à des plans budgétaires durables à moyen terme».
Aujourd’hui, il faut reconnaître que la priorité clé est d’augmenter les revenus de la manière la moins déformante et de créer des conditions propices à une croissance économique nationale plus élevée. Tout en exerçant une vigilance pour bien calibrer et hiérarchiser les dépenses d’autant que des pressions croissantes dues au vieillissement de la population se feront sentir. Ce qui permettra au pays de maintenir sa crédibilité vis-à-vis des agences de notation.
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