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Un autre organisateur de courses pour remplacer le MTC: « pas sûr» disent les experts

12 avril 2022, 20:00

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Un autre organisateur de courses pour remplacer le MTC: « pas sûr» disent les experts

En bientôt 210 années d’existence, c’est la toute première fois qu’une alternative au Mauritius Turf Club (MTC) et sa subsidiaire la MTC Sports & Leisure Ltd (MTCSL) est évoquée en matière d’organisation des courses hippiques à Maurice. Alors que la démarche de People’s Turf PLC (PTP) est du domaine public depuis la semaine dernière, ils sont nombreux à s’interroger sur son bien-fondé. 

«Personnellement, j’ai cru à un poisson d’avril quand on m’en a parlé», nous a expliqué un observateur hippique très respecté dans le giron. Car, pour lui, la volonté de PTP de vouloir organiser des courses hippiques, et par extension concurrencer la MTCSL, relèverait plus d’un bad joke. Il ne serait d’ailleurs pas le seul, selon nos recoupements, à être de cet avis. Pourquoi ? «On ne s’improvise pas organisateur de courses de chevaux du jour au lendemain. Il y a différents aspects à prendre en ligne de compte.» 

Mais ce qui interpelle le plus notre interlocuteur demeure la façon de procéder de PTP pour former son capital. «Toute personne digne de ce nom dans le monde des affaires vous dira que la démarche de PTP paraît suspecte voire illégale.» En effet, notre source affirme qu’une simple lettre signée d’un directeur général, et accompagnée d’un formulaire pour l’achat d’actions ne fait pas «sérieux». «Où est le prospectus qui doit détailler le projet ? Qui sont les directeurs ? Quels sont leur track record et leur expérience ? Quel est le background de cette compagnie ? Nul ne le sait.» 

Selon lui, toutes ces interrogations demeurent légitimes dans la mesure où PTP est une compagnie qui participera pour la première fois à une levée de fonds. «De ce que j’ai vu et lu jusqu’ici, il semblerait que la démarche de PTP soit en infraction de la Companies Act, la Securities Act, voire les Financial Services Commission rules.» Notre interlocuteur se montre aussi très critique du choix de la firme Teamology Services Ltd pour handle the subscription of shares, comme mentionné dans la lettre envoyée par PTP aux entraîneurs le 8 avril. 

Manque d’infrastructures 

«J’ai effectué ma petite enquête, et d’après ce que j’ai découvert, il me paraît difficile de croire que cette firme pourra gérer un projet de cette envergure», indique notre interlocuteur. Le feasibility report avancé par PTP doit aussi être pris avec des pincettes, selon ce dernier, car il serait loin de la réalité actuelle. «En me basant sur les anciens rapports financiers du MTC, j’estime les dépenses liées à l’organisation des courses à environ Rs 4 millions par journée. Sur une saison, la somme est bien plus conséquente que celle que prévoit PTP.» 

Outre l’aspect légal, il y a aussi le côté pratique de la chose qui pose problème, ajoute notre observateur. Où est-ce que PTP compte organiser les courses ? Bien que le Champ-de-Mars ne soit pas sa propriété, notre source voit mal le MTC céder ou louer ces infrastructures (tribunes, chambre des commissaires, paddock, écuries etc.) à un compétiteur. Quid d’un nouvel hippodrome alors ? 

«Il fallait compter près d’un Rs 1 milliard pour construire un nouvel hippodrome il y a une dizaine d’années. PTP dispose-t-elle de sa propre race track ? Si oui, est-ce qu’il est homologué pour tenir des compétitions officielles ? Il y a tant d’interrogations et très peu de réponses pour l’heure, selon moi.» De plus, bien que le feasibility report de PTP ait été effectué sur le modèle du huis clos, il faudra impérativement une retransmission des courses en direct pour que les parieurs, sur qui repose le succès du nouveau projet, y adhèrent. «Au risque de me tromper, je ne pense pas que le nouvel aspirant organisateur des courses dispose de la logistique et des équipements nécessaires pour offrir une expérience réussie au public turfiste, encore moins aux commissaires de courses, qui devront veiller à l’intégrité de la compétition», conclut notre source. 

Du coup, la demande de licence de la MTCSL revient sur le tapis. Cette dernière, rappelons-le, avait respecté le dernier délai pour la soumission des documents manquants en fin de semaine dernière. Mais une correspondance de la Gambling Regulatory Authority appelle à certaines précisions de la part de la MTCSL, qui avait jusqu’aujourd’hui midi pour les soumettre. Autant dire qu’une incapacité de cette dernière à respecter ce nouveau délai ne fera qu’apporter de l’eau au moulin des promoteurs de People’s Turf PLC.