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Outrage à ministres | «Inn ras loryé ek molton-la», dit Gurib après sa nuit en cellule
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Outrage à ministres | «Inn ras loryé ek molton-la», dit Gurib après sa nuit en cellule
Après une nuit passée en détention policière, Nazim Gurib, président du conseil de village de Plaine-Magnien, a comparu devant le tribunal de Mahébourg, hier, mercredi le 13 avril pour «outrage against depository of public authority». Nazim Gurib 35 ans, Vashil Jasgray, 33 ans et Gaardish Boodhun, 26 ans ont été remis en liberté conditionnelle contre une caution de Rs 5 000 alors que Cursley Nadal, 44 ans, a dû fournir une caution de Rs 6 000.
Un de leurs avocats a évoqué une punition politique. «Nos clients ont retrouvé la liberté conditionnelle sans la moindre objection de la police. Pourquoi ont-ils été détenus si ce n’est que par pure punition politique ? Je dois dire que les policiers avec qui nous avons eu affaire ont été courtois. Ils ont fait leur travail mais ils ont agi sur les ordres qui leur ont été donnés par des hauts gradés qui ont, eux, exécuté les ordres qu’ils ont reçus», a souligné Mᵉ Ashley Ramdass.
Les conseillers, eux, clament leur innocence. «Sé enn inzistis kinn fer ar nou. Nou inn débout pou nou vilaz pou fer nou travay. Nou les popilasion zizé. Nou ti pé rod zis nou drwa. Lazistis pou triyonfé», a déclaré Nazim Gurib. Il a insisté sur le fait qu’a aucun moment il n’a agressé les ministres. «La déposition du ministre Bobby Hurreeram est remplie de mensonges. D’ailleurs, lors de la parade d’identification mardi, un officier du Citizens Advice Bureau (CAB) a dit qu’il y avait du bruit et non agression», a poursuivi Nazim Gurib. «Sel érer ki zot pé trouv nou inn fer, sé poz kestion ki bizin pozé. Mo démann la popilasion vot dimounn ki pou lager pou zot, pa bann dimounn ki pou fer zot fermé. Nou pé viv dan enn péi diktatir. Nou ‘public’, nou zot ‘servant’. Zot payé par nou. Lapolis koné nou pann fer nanié. Nou rémersié zot inn bien supportive», a déclaré Vashil Jasgray. Cursley Nadal s’est pour sa part dit attristé de cette situation. «Je remercie les policiers. Mais ces derniers ont subi beaucoup de pression. Il y aura un jugement après. Cette situation me met en colère», a déclaré Cursley Nadal.
Les quatre hommes sont représentés par un panel d’avocats composé de Mᵉˢ Kishore Pertab, Gérard Grenade, Manoj Seeburn, Ashely Ramdass, Avinash Bissessur et Neelkanth Dulloo. L’activiste Darren demande quant à lui aux ministres de trouver un arrangement ainsi qu’une solution pour le bien-être des villageois.
Par ailleurs, un important dispositif policier avait été mobilisé et des mesures de sécurité prises lors de la comparution en cour des quatre accusés. Plusieurs partisans avaient fait le déplacement pour les soutenir.
Pour rappel, ces arrestations sont survenues à la suite d’incidents survenus à Plaine-Magnien, devant le CAB, le mercredi 6 avril. Les ministres Bobby Hurreeram et Stephan Toussaint avaient été hués par des habitants à leur sortie du CAB. Ils participaient à une réunion sur les récentes inondations dans leur circonscription. Des conseillers du village avaient tenté d’avoir accès à la salle tout en déplorant le fait de n’avoir pas été invités à ladite réunion.
Les conseillers libérés sous caution
C’est une expérience qu’il n’oubliera pas de sitôt. Le président du village de Plaine-Magnien compte parmi ceux qui ont été interpellés, avant-hier, pour outrage à ministres, après que Stephan Toussaint et Bobby Hurreeram ont donné leur version des faits sur les incidents survenus dans le village le 6 avril. Nazim Gurib a passé la nuit en cellule, tout comme ses trois autres camarades. Il a recouvré la liberté conditionnelle contre une caution, hier.
«Tout ça parce que je voulais demander des explications aux ministres, parce que je voulais savoir pourquoi on n’avait pas été invités, les conseillers du village et moi, à la réunion au CAB», lâche-t-il d’emblée. «On m’a conduit au poste de police de Rivière- des-Anguilles vers 17 h 45 et placé dans une cellule dégueulasse. Le matelas était horriblement sale.»
Il est 19 heures lorsqu’il demande la clémence des policiers, arguant qu’il ne peut dormir dans de telles conditions, alors qu’il observe le jeûne du ramadan. Compatissant, les officiers lui proposent une couverture et un oreiller. «Ver 1-er dimatin, enn lot shift lapolis inn vini. Inn rant dan mo sélil, inn ras loryé ek molton-la.»
Le calvaire de Nazim Gurib ne faisait alors que commencer. Vers 3 heures du matin, alors qu’il réclamait un peu de nourriture, expliquant qu’il devait observer le jeûne après, il s’est heurté à un refus catégorique. «Ils m’ont dit que ce n’était pas possible. Bannla inn dir mwa enn zourla lesli, pa bizin gard karem.»
Il s’est alors rabattu sur les morceaux de biscuits et la bouteille d’eau qu’il avait avec lui. Par ailleurs, un de ses amis, qui était venu lui apporter son repas du matin (sehri), n’a pas été autorisé à le faire.
Les proches de Nazim Gurib ont alors contacté le député Ehsan Juman. «J’ai téléphoné au poste de police de Rivière-des-Anguilles, où une dame très courtoise m’a fait comprendre qu’elle ne pouvait rien faire, qu’elle en était désolée mais que les instructions de son supérieur étaient claires. Pas de sehri pour Nazim. Elle m’a prié de parler au ‘chef’», explique le député rouge.
Après cette intervention, le chef en question est revenu sur sa décision. Mais il était déjà trop tard pour que Nazim Gurib prenne son repas. «J’ai lancé un appel au commissaire de police pour qu’à l’avenir, il fasse preuve de plus de compassion envers les détenus, pour que ces derniers puissent au moins respecter les étapes du ramadan correctement», fait valoir Ehsan Juman.
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