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Municipales renvoyées: le GM coupe l’herbe sous le pied de l’opposition
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Municipales renvoyées: le GM coupe l’herbe sous le pied de l’opposition
Quand les restrictions sanitaires ont été partiellement levées à la fin du mois de mars, tout laissait présager que les élections municipales allaient se tenir à partir de juin de cette année, après un premier renvoi l’année dernière. D’autant plus qu’au fil des semaines, la tendance des cas de Covid-19 enregistrés est à la baisse. Et, surtout, que bien qu’il y eût plusieurs cas à Rodrigues en février, les élections de l’Assemblée régionale ont bien eu lieu.
Autre fait à noter : depuis quelques jours, le gouvernement annonce une augmentation de cas de Covid-19, alors que les chiffres enregistrés démontrent le contraire en comparaison à mars. Selon le Premier ministre lui-même, la raison derrière ce report est le Covid-19. C’est ce qu’il a déclaré hier à la sortie d’une cérémonie organisée par la Mauritius Tamil Temples Federation à l’occasion de la fête Varusha Pirappu.
La veille, les Drs Kailesh Jagutpal et Zouberr Joomaye étaient sur la MBC en prélude à cette annonce. Le ministre de la Santé et le conseiller du bureau du Premier ministre ont martelé que nous ne sommes pas sortis d’affaire. Argument soutenu par un reportage de la télévision nationale à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo où les personnes interrogées ont soutenu que chaque jour, au moins 300 personnes y font des tests et qu’un tiers est testé positif. Sans doute pour mieux préparer l’opinion publique à l’annonce du renvoi de ces élections.
Que disent les chiffres ? Les cas sont actuellement en nette baisse. Du 5 au 11 mars, le pays avait enregistré 1 342 cas et 21 décès. La semaine dernière, le chiffre était de 493 cas et six décès. D’ailleurs, plusieurs autres instances du ministère parlent de «bonne nouvelle» et de situation sous contrôle.
«Prétexte maladroit»
Sollicité, un expert dans le domaine de la Santé avance qu’il n’était pas nécessaire d’annuler les élections pour des raisons sanitaires. «Nous savons tous comment les élections se déroulent à Maurice. Dans l’enceinte du centre, les attroupements sont déjà interdits, de toute façon», avance-til. Le seul règlement qu’il aurait fallu mettre en place aurait été l’interdiction des «bases» le jour du scrutin, dit-il, pour que les élections puissent avoir lieu.
Pourquoi alors ce deuxième renvoi qui peut repousser la date de la tenue des municipales jusqu’à juin 2023 ? Même si la décision prise par le président de la République, sur les conseils du Premier ministre, est totalement légale, il va sans dire que l’alliance gouvernementale veut prendre l’opposition de vitesse. Cette opposition qui a gagné un certain élan. Car, d’une part, l’entente de l’Espoir a lancé sa campagne électorale depuis le samedi 9 avril et la veille, le leader du Parti travailliste (PTr), Navin Ramgoolam, avait annoncé qu’un comité sera mis sur pied en vue d’engager des pourparlers avec Paul Bérenger et Xavier Duval afin de trouver des modalités pour un arrangement électoral pour les élections municipales.
Interrogé hier, Navin Ramgoolam a indiqué que la constitution de ce comité allait engager des négociations avec les deux dirigeants de la plateforme de l’Espoir, mais comme le gouvernement a décidé de renvoyer le scrutin, il n’y a aucune raison maintenant d’engager des pourparlers. «Déjà depuis des semaines, je me demandais si ces élections allaient être tenues, car je savais que le gouvernement se sauverait.» Selon lui, Pravind Jugnauth et son équipe ont peur d’affronter l’électorat et c’est un prétexte de dire que pour des raisons sanitaires, ces élections ne peuvent pas être tenues. «Voyez la France, il y aura le deuxième tour de la présidentielle prochainement après le premier tour dimanche dernier et il y a 48,7 millions d’électeurs dans ce pays. Plus près de nous, il y a eu les élections régionales à Rodrigues. Pourtant, on a pris la décision de lever des restrictions et maintenant on évoque le Covid pour renvoyer les élections. Pour moi, c’est une fuite en avant après ce qui s’est passé à Plaine-Magnien et ‘‘Manhattan’’.»
Gouvernement fragilisé
Pour Xavier Duval, c’est une drôle de coïncidence que c’est juste après le lancement de la campagne électorale de l’entente de l’Espoir et des pourparlers avec le PTr que Pravind Jugnauth a décidé de repousser les élections. «Il est clair que le gouvernement est en nette perte de vitesse, avec la flambée des prix d’un côté et la colère de la population comme cela s’est passé à Plaine-Magnien et Vacoas. Le Covid est un prétexte maladroit. D’autant plus qu’il y a une certaine accalmie au niveau des cas enregistrés.» Comme Navin Ramgoolam, il cite la tenue des élections en France et celles tenues à Rodrigues et a ajouté qu’il y aura des élections régionales en Angleterre prochainement pour se demander comment des élections peuvent y être tenues et non à Maurice.
Le secrétaire général du MMM, Rajesh Bhagwan, a parlé «d’une fuite en avant de ce gouvernement». Selon lui, le renvoi de ces élections est une atteinte à la démocratie. «Le gouvernement se sert de plusieurs institutions pour effrayer la population et les événements de ces derniers jours avec l’arrestation de plusieurs personnes sont un signe d’un gouvernement à la Pinochet.»
Pour Nando Bodha, leader du Rassemblement mauricien (RM) : «C’est clair que les députés et ministres ont peur de descendre sur le terrain à cause de leur gestion désastreuse. Les récents incidents le prouvent.» Le leader du RM qualifie la fuite du document de la proclamation du renvoi de ces élections sans la signature du président de la République comme un symbole d’un gouvernement fragilisé. «Si des personnes se permettent de faire circuler de tels documents cela démontre que the writings are on the wall.»
Jean-Claude Barbier, un des dirigeants de Linion Pep Morisien, soutient que la raison avancée concernant le Covid ne tient pas la route, alors que dans d’autres pays et même à Rodrigues il y a eu la tenue d’élections. «Nous avons un Premier ministre ‘‘kapon’’ qui a peur des élections et la gestion gouvernementale ira de mal en pis et c’est déjà tard pour réparer des dégâts.»
Dernier report avant…
<p>Hier, jeudi 14 avril, le président de la République a émis une proclamation prolongeant d’un an la durée des mandats des maires et des conseillers municipaux. Ce pouvoir lui avait été octroyé par un amendement apporté à la <em>Local Government Act </em>(LGA) l’année dernière. En pleine pandémie, la LGA avait été amendée pour donner au président le pouvoir de reporter les élections en cas d’épidémie ou de période de quarantaine à Maurice. Selon l’article 12 A, le président peut, sur l’avis du Premier ministre, repousser les élections municipales d’une durée d’un an maximum et il peut le faire à deux reprises. À ce moment, toute l’équipe est reconduite aux postes respectifs. Les élections avaient été repoussées une fois déjà l’année dernière, et c’est la seconde fois cette année que le président use de ce pouvoir. En cas de nouveau report, il faudra alors un nouvel amendement à la loi. Pour rappel, les dernières élections municipales ont eu lieu en 2015 et les résultats étaient proclamés le 14 juin. Les élections municipales, selon la loi, doivent avoir lieu tous les six ans. Mais avec les reports, elles devront lieu avoir au plus tard le 14 juin 2023, sauf nouvel amendement…</p>
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