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Pâques 2022: des familles retrouvent la joie du partage

18 avril 2022, 21:00

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Pâques 2022: des familles retrouvent la joie du partage

«En 2021, nous n’avions pas célébré la fête de Pâques comme un membre de la famille était très malade. Cette année, une tante est également très souffrante et ne peut être opérée. Même si nous n’avons pas le coeur aux rassemblements familiaux, nous sommes vraiment heureux d’avoir pu repartir à la messe», confie Marie-Ange. Cette mère de famille d’une quarantaine d’années explique avoir enfin pu participer à la célébration du Jeudi saint, la veillée pascale, entre autres. «Vivre cette liturgie est une grande joie pour nous», explique-t-elle. Après la messe dominicale hier, Marie-Ange a surtout profité des moments précieux avec sa petite famille à la maison. 

De son côté, Tania Bruneau, 33 ans, employée dans les assurances, s’estime également heureuse d’avoir pu assister à la messe de Pâques, hier à 8 heures, à la paroisse St-François d’Assise, à Pamplemousses. Chose impossible en 2021 puisque Maurice était repassée en confinement national le 9 mars. Une extension de cette mesure avait été appliquée jusqu’au 30 avril 2021 avec des phases graduelles de réouverture de certaines activités économiques et des restrictions d’accès aux lieux de culte. 

Or, pour Pâques, célébrée le 4 avril 2021, beaucoup de chrétiens ne pouvaient assister ni aux messes, ni aux fêtes familiales comme à l’accoutumée. En 2022, la donne a changé. «Cette année, nous fêtons Pâques différemment. Par exemple, le samedi 16 avril, il y avait une journée familiale au Jardin de Labourdonnais à laquelle nous avons participé. De plus, en 2022, cela nous a fait un bien fou de pouvoir aller à la messe et d’acclamer la résurrection avec tout le monde dans la joie et la fraternité», affirme la trentenaire. 

Maman d’Amandine, quatre ans, Tania Bruneau a caché des oeufs de Pâques dans la maison hier afin que sa petite fille aille à la chasse. En termes de célébrations, les familles mauriciennes pèsent le coût avec la flambée des prix à tous les niveaux. «C’est vrai que le coût de la vie a vraiment augmenté aujourd’hui. Mais le plus important, c’est qu’on soit réuni en famille, même par un repas très simple mais le partage compte beaucoup», indique-telle. Au programme hier : un petit-déjeuner chez sa marraine à Mount avec les cousins et cousines. L’après-midi était consacrée à une autre rencontre familiale chez son oncle, avec des chasses aux chocolats pour les enfants, entre autres. 

Amandine Bruneau, quatre ans, a participé à une chasse aux oeufs de Pâques 
organisée par sa maman, Tania, qui a aussi retrouvé sa famille pour un repas 
après deux confinements successifs.

Pas d’extravagances 

Pour sa part, Cristelle Pondard, 40 ans, une office clerk, était aux fourneaux avec sa fille, qui travaille en cuisine à l’hôtel. Mère de quatre enfants âgés de 23 ans, 21 ans, 12 ans et quatre ans, elle raconte qu’en 2021, Pâques était confinée à la maison avec un déjeuner avec sa petite famille. «On n’était pas sortis. On ne pouvait nous rendre chez nos proches à cause des restrictions sanitaires.» 

Un an plus tard, elle renoue avec la tradition du dîner familial à la maison en compagnie de ses frères, soeurs et amis. Le menu a été repensé en fonction de la hausse du coût de la vie. Donc, pas d’extravagances. Certains plats ont été préparés par le duo mère-fille. «L’an dernier, c’était moche. On avait dû improviser. Les enfants sont heureux de voir la famille. Côté repas, on a prévu de cuisiner du poulet, de l’ourite et un salmi de tang, le fameux plat typique et très demandé actuellement», explique-t-elle. 

Cristelle Pondard, entourée de deux de ses enfants, Emmie, quatre ans et Christiano, 12 ans,
a retrouvé la joie de préparer un repas de Pâques avec sa fille aînée qui travaille dans un hôtel.

Pour en trouver, elle scrute les fournisseurs sur Facebook et finit par en sélectionner un à Quatre-Bornes. Néanmoins, les tang n’échappent pas à la majoration des prix. Avant, indique Cristelle Pondard, une unité était à Rs 150. Maintenant, un tang coûte Rs 300. Une chasse aux oeufs pour les enfants, un peu de musique et de danse étaient prévues pour agrémenter la fête de Pâques et surtout ces retrouvailles qu’ils attendaient depuis deux ans. 

En dépit de la reprise des messes et rassemblements familiaux, le pique-nique est toujours interdit, restriction sanitaire oblige. Par conséquent, les traditionnels déjeuners à la mer du lundi de Pâques sont compromis. «On ira faire un tour sur la côte aujourd’hui, à défaut de pouvoir pique-niquer. On est juste autorisé à nager», confie-t-elle. Également enthousiaste par les retrouvailles religieuses et familiales en 2022, Thierry Marie, père de famille, se remémore une fête de Pâques très sobre l’an dernier. Il est d’ailleurs l’hôte des célébrations pour un déjeuner de 11 à 16 heures. «On n’a pas fait de chasse aux oeufs comme à l’accoutumée. Les chocolats de Pâques étaient définitivement plus chers cette année. Pour les repas, chacun apportera quelque chose.»

Le traditionnel repas de Pâques enfin retrouvé en 2022 pour la famille de Thierry Marie.



Ceux qui célèbrent autrement

Shybetska Iryna Viktorivna: «Ma famille est allée à la guerre»

Depuis le 24 février, les yeux du monde entier sont tournés vers la guerre opposant l’Ukraine à la Russie. À Maurice, les Ukrainiens qui y vivent depuis de nombreuses années ne peuvent que rester accrochés à leur portable pour rester en contact avec leurs proches. C’est justement le cas de Shybetska Iryna Viktorivna. Aujourd’hui, elle tremble encore plus car plusieurs membres de sa famille se retrouvent sur le front. «Je reste en contact permanent avec mes proches tous les jours. Et je peux vous dire que c’est réellement la guerre là-bas.» 

Shybetska Iryna Viktorivna, comme tous ses compatriotes à Maurice,
ne peut s’empêcher de penser à ses proches, restés en Ukraine.

En effet, les différents sites internationaux parlent des nombreux morts recensés aussi bien du côté des Ukrainiens que celui des Russes. Toutefois, la menace nucléaire reste omniprésente, et même le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, n’arrête pas d’en parler. Demandant de l’aide aux pays européens pour leur envoyer «des médicaments (contre les radiations)». En entendant tout ce qui se passe dans son pays, Shybetska Iryna Viktorivna ne peut qu’être inquiète. «Mon frère s’est engagé à défendre la patrie, alors qu’il n’a jamais fait de service militaire.» Mais ce n’est pas tout. «Mes oncles ont également rejoint la défense territoriale. De même que mes cousins. Ils ont fait savoir qu’ils allaient combattre jusqu’à la fin.» La jeune femme est à Maurice depuis 15 ans et y a fondé sa famille.

Natasha Buckland: «Le plus joli cadeau de Pâques aurait été une maison»

Cela fait deux ans depuis que le public a pris conscience de la précarité dans laquelle virent certaines familles squatteuses de l’île. C’est une bataille au quotidien que livre Natasha Buckland, du côté de Résidence Malherbes. Cette mère de trois enfants a aussi vu sa fille élire domicile chez elle, avec ses quatre enfants. «Elle a eu quelques soucis dans son ménage et est venue s’installer chez moi pour quelque temps. Du coup, nous avons sept enfants à nourrir.» Mais cela ne la décourage pas. Au contraire. «Je prends tous les boulots que je peux pour trouver suffisamment d’argent pour nourrir toute la petite tribu.» \Cependant, avec le coût de la vie qui est monté en flèche, joindre les deux bouts ne s’avère guère une partie de plaisir. 

Natasha Buckland célébrera la Pâques en toute sobriété.

Natasha Buckland peut toujours compter sur le soutien de quelques personnes qui lui viennent en aide. «Il y a une dame que j’appelle affectueusement ‘grand-mère’ qui m’aide et une autre qui vient souvent déposer des vêtements.» D’autant plus qu’avec l’hiver qui approche, des vêtements pour se tenir au chaud ne sont pas de refus. «Nous vivons dans une maison en tôle. Souvent, l’air froid s’y engouffre. Et le résultat est que plusieurs des enfants sont actuellement malades. J’ai même dû les emmener au dispensaire.» À ce jour, elle soutient que des membres de la National Housing Development Co. Ltd sont venus s’enquérir de sa situation, sans plus. «Le plus beau cadeau aurait été une maison pour que nous puissions nous protéger surtout avec l’hiver qui approche.» Ce serait même son plus beau présent pour cette fête de Pâques.

Aide-soignant: «Une célébration en famille, tout en se protégeant»

Depuis deux ans, la célébration de la fête de Pâques a complètement changé pour ceux qui exercent dans le service hospitalier. C’est le cas de Gérard*, qui travaille à l’hôpital ENT, à Vacoas. Le centre même des personnes à risque, touchées par le Covid- 19. «Cette année, je ne pourrai pas célébrer la fête de Pâques, ayant eu un décès dans la famille.» Toutefois, il ressent que cette fête n’a plus le même cachet qu’avant, surtout pour ceux qui travaillent dans les hôpitaux. «Je prends l’exemple d’un infirmier qui terminera sa journée ce dimanche, surtout s’il travaille à ENT. Une fois à la maison, il ne pourra célébrer cet événement avec ses proches, car il devra rester sept jours en isolement.» 

Le personnel soignant, malgré l’ambiance festive, demande à tous de se protéger,
et quoi de mieux que de faire son vaccin.

En général, le mood n’est plus le même. «Je constate que même dans les supermarchés, les personnes n’achètent plus autant les chocolats. L’ambiance n’est plus la même. On ressent une certaine retenue.» Il avance néanmoins que malgré quelques rassemblements familiaux qui se tiendront durant ce week-end, et même jusqu’à lundi, il ne faut pas pour autant oublier les gestes barrières. «Il est vrai qu’il y a une légère baisse dans le nombre d’admis dasn les hôpitaux, même à ENT, mais il faut quand même rester vigilant car le virus est loin d’être parti. Célébrez en famille, tout en vous protégeant. » En tout cas, le message est clair. 

(*) Le prénom a été modifié