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Tickets d’autobus: hausse en route
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Tickets d’autobus: hausse en route
Le rapport tant attendu est là. Sur la table du Conseil des ministres. Qui devra décider du montant de la hausse en ce qui concerne les tickets d’autobus. Cela, dans un contexte où les opérateurs affirment que les finances sont dans le coaltar et que le portemonnaie du voyageur embrasse le bitume.
Voilà qui risque de porter un nouveau coup fatal au porte-monnaie déjà salement amoché. Après neuf ans, tout laisse croire que les coûts des tickets d’autobus seront revus à la hausse. Le Fare Review Committee a soumis son rapport, attendu depuis plusieurs semaines, au ministère du Transport. La balle est désormais dans le camp du Conseil des ministres.
Confinement, Covid-19, télétravail, co-voiturage, métro… Autant de facteurs qui ont mis du plomb dans l’aile des opérateurs des transports en commun. Sans parler de la hausse du prix des carburants. Qui vient apporter un autre coup dur à cette industrie qui peine à trouver une roue de secours
Sunil Jeewoonarain, secrétaire de la Mauritius Bus Owners Cooperative Federation (MBOCF), témoigne. La voix du collectif des compagnies individuelles et publiques a été entendue, confie d’emblée notre interlocuteur. «C’est déjà un signe d’encouragement pour un secteur qui va mal. Il y a des signes de désespoir et d’abandon chez certains.»
Néanmoins, il ajoute que pour le moment, c’est toujours le flou concernant cette hausse. «C’est à travers les médias que nous avons su qu’il y a un comité qui a travaillé sur un rapport. Mais, ce comité n’a pas sollicité notre avis. D’où est-ce que ledit comité a puisé les chiffres pour faire son évaluation ? C’est un peu inquiétant. Si on avait eu voix au chapitre, ceux qui ont rédigé le rapport auraient su quelle est la situation sur le terrain et quelles sont les recommandations faites par rapport aux nouveaux tarifs.» Le secrétaire de la MBOCF soutient en outre qu’il n’est pas en faveur d’une hausse considérable. «Elle doit suivre celui du niveau de vie. Du développement du pays et son aspiration à des moyens de transport plus modernes.»
En ce qui concerne justement le montant de cette hausse, plusieurs éléments doivent être pris en considération. «Le gouvernement offre des subsides pour le diesel, il nous donne une certaine somme à la suite d’une augmentation du prix du carburant pour compenser. Est-ce que ce sera toujours le cas ? Ou est-ce que dorénavant, nous devrons tout payer ? Et à ce moment, ce sera le public qui devra nous épauler. Le gouvernement proposera-t-il d’autres incentives ?»
Quoi qu’il en soit, une augmentation après plus de neuf ans était nécessaire, selon les principaux acteurs du secteur. «Surtout qu’en début d’année, il y a la compensation salariale. Mais il ne faut pas oublier que les compagnies de transport obtiennent des subsides du gouvernement qui peuvent avoisiner des milliards de roupies. Et quand l’État dit qu’il injecte tout cet argent dans les transports publics, il devrait préciser qui en sont les bénéficiaires, car au niveau des compagnies individuelles, c’est loin d’être le cas. On n’a même pas les moyens pour renouveler la flotte», soutient Sunil Jeewoonarain. Cette augmentation arrive à un moment où le coût de la vie ne cesse de grimper à toute vitesse. Et le directeur d’United Bus Service, Swaleh Ramjane, espère que le gouvernement saura couper la poire en deux. «Depuis l’arrivée du Covid-19, tout a basculé. Les gens boudent un peu les transports en commun à cause de la pandémie. C’est un phénomène que l’on constate également à l’étranger. Heureusement que l’on a eu le soutien du gouvernement, au cas contraire, on aurait mis la clé sous le paillasson.» N’empêche, le public et les employeurs qui remboursent les prix des tickets, risquent d’en voir de toutes les couleurs, non ? «Il faut que cette hausse soit raisonnable car, pour le moment, le public souffre en raison de l’augmentation du prix des denrées alimentaires, notamment. Il ne faut pas cela soit un coup de massue.»
«Il faut que cette hausse soit raisonnable car, pour le moment, le public souffre en raison de l’augmentation du prix des denrées, notamment.»
Du côté de la Compagnie nationale de transport (CNT), le General Manager, Rao Rama, est d’avis que cette hausse est inévitable. «Depuis 2019, les opérateurs d’autobus ont perdu une bonne partie de leurs recettes à cause du Covid-19 ou encore l’arrivée du métro. Il ne faut pas oublier la hausse des prix du carburant, les coûts des réparations, tout coûte drastiquement plus cher.» La CNT, dit-il, a essayé d’aider, autant que faire se peut, à effectuer un constat de la situation actuelle. «Nous avons également travaillé avec les techniciens du ministère pour leur fournir des données sur la situation financière de la CNT et, par extension, celle des autres opérateurs. Nous avons présenté tous ces chiffres.»
Désormais, c’est le gouvernement qui a la lourde tâche de trouver le juste milieu en ce qui concerne le montant de la hausse des prix des tickets. Afin de ne pas asphyxier les voyageurs tout en aidant les compagnies d’autobus à sortir la tête de l’eau.
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