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Affaire Michaela Harte: Dassen Narayanen et Sandeep Moneea à nouveau libres

21 avril 2022, 15:18

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Affaire Michaela Harte: Dassen Narayanen et Sandeep Moneea à nouveau libres

Les deux ex-employés de l'hôtel Legends à Grand-Gaube ont recouvré la liberté devant la cour de Pamplemousses ce jeudi 21 avril. Dassen Narayanen et Sandeep après avoir payé une caution de Rs 4 000 et Rs 1 000 respectivement et une reconnaissance de dettes de Rs 40 000 pour l'un et de Rs 20 000 pour l'autre.

Sandeep Moneea, 52 ans, arrêté par la MCIT de Port-Louis Sud, mardi, dans l’affaire Michaela Harte, a passé deux nuits en détention à Moka.

Une accusation provisoire de conspiracy to commit larceny a été retenue contre lui. Elle fait ressortir qu’en janvier 2011, à l’hôtel Legends, à Grand-Gaube, Sandeep Moneea, alors employé de cet hôtel, aurait comploté avec Dassen Narayanen pour voler une carte magnétique afin de cambrioler la chambre qu’occupait le couple Mcareavey.

Trois motions

Ses avocats, Mes Rama Valayden et Neelkhant Dulloo, ont présenté trois motions pour sa remise en liberté sous caution. Les points débattus ont été que leur client avait été déféré aux Assises dans l’affaire The State versus Treebohun &Moneea où Sandeep Moneea, a été acquitté à l’unanimité par un jury. «L’Article 19 de la Criminal Appeal Act 1955 ne donne pas le pouvoir à la police d’arrêter une personne acquittée par un jury, sauf s’il y a de nouveaux éléments contre lui. Des évidences qui soient convaincantes, importantes, qui ont une valeur probante pour relancer un procès.»

Dans la deuxième motion débattue, les avocats de la défense demandent que la charge provisoire contre leur client soit rayée. Dans la troisième motion, ils demandent que de nouvelles preuves soient produites pour rouvrir l’enquête sur cette affaire.

Mercredi, la police a objecté à la remise en liberté du prévenu pour deux raisons, à savoir que le suspect pourrait interférer avec les témoins et qu’il pourrait s’enfuir.

Par ailleurs, l’avocat de Dassen Narayanen réclame des réformes urgentes aux lois criminelles.

Dans une lettre envoyée en urgence mardi au Premier ministre, Pravind Jugnauth, et à la ministre de la Justice de l’Irlande du Nord, Naomi Long, il invoque l’abus de procédure et l’injustice de la réouverture de l’enquête sans faits nouveaux.

 Me Vikash Teeluckdharry demande des réformes immédiates au «Criminal Justice System». Son client ayant été arrêté une deuxième fois, 11 ans après le meurtre de l’Irlandaise, l’avocat parle d’abus de procédures..

Il met l’accent sur les difficultés rencontrées depuis l’arrestation de son client. Il soulève un point crucial sur la détention de Narayanen depuis son arrestation dans une cellule du poste de police de Rivièredes-Anguilles dans le Sud de l’île alors que son client habite dans le Nord.

Par ailleurs, l’avocat évoque la plainte du frère de ce dernier, Krisna Narayanen, à l’Independent Police Complaints Commission sur la somme de Rs 1,5 million promise à sa famille si Dassen Narayanen coopérait. Il fait ressortir que la mère de son client, Devi Narayanen, a aussi porté plainte contre les tortures présumées de son fils depuis son arrestation

En tant qu’avocat, il déplore qu’il n’ait pas reçu le rapport médical de son client demandé par le bureau du DPP. Ce rapport aurait dû provenir des Drs Taukoor et Jagessur de l’hôpital SSRN après que son client a été admis à l’hôpital Brown-Séquard. Il ajoute que le droit de son client  d’être examiné par le psychiatre privé retenu par sa famille, le Dr Ramkooshalsing, a été bafoué.

Promesse d’argent

Me Vikash Teeluckdharry qualifie le choix d’incarcérer son client à la prison Alcatraz de torture psychologique car il y avait déjà été détenu en 2011. Ce dernier aurait aussi été induit en erreur par la promesse d’argent faite si celui-ci donnait sa déposition. Deux sommes de Rs 750 000 lui auraient été proposées par la MCIT. Narayanen a fait deux dépositions les samedi 16 et lundi 18 avril.

L’avocat se dit mécontent de la manière de faire de l’ASP Ghoorah, responsable de la MCIT SUD. «La façon de faire de ce dernier a enfreint les provisions des Judges’ Rules, l’article 15 de la District and Intermediate Courts (Criminal Jurisdiction) Act 1888 - No inducement to be offered to prisoners et l’article 78 (a) (i) de la Criminal Code Act 1838 - Torture by public officials. La méthode employée par l’ASP Ghoorah est contraire à la Rule of Law et à la protection fondamentale des droits et de la liberté.» Il fait ressortir que les droits de son client ont ainsi été bafoués.

C’est pour tout cela que Me Teeluckdharry appelle le Premier ministre à apporter des réformes immédiates au système de justice criminelle à Maurice. L’avocat se base sur les liens diplomatiques entre l’Irlande du Nord et Maurice par l’intervention de la first minister Arlene Foster et de la deputy first minister Michelle O’Neill, qui ont sans relâche demander que justice soit faite dans la mort de Michaela Harte.

Il ajoute que l’Irlande du Nord a failli dans sa tâche à demander un deuxième rapport d’autopsie de la victime, vu que ce pays est à l’ère de la médecine de pointe. Il précise que John Mcareavey avait été arrêté à Maurice et relâché sans que les procédures judiciaires n’aient été suivies.

«Aujourd’hui, cette même personne vient proposer Rs 2 millions pour retrouver l’assassin de Michaela Harte à la police mauricienne ; et l’ASP Ghoorah utilise ce moyen pour jouer sur les émotions de mon client enfreignant l’article 15 (1) de la District and Intermediate Courts (Criminal Jurisdiction) Act 1888.»