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Opposition: entente et mésententes

24 avril 2022, 13:00

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Opposition: entente et mésententes

S’ils reconnaissent tous que leur mission est de faire partir ce gouvernement, ces membres de l’opposition parlementaire et Roshi Bhadain du Reform Party (RP) ne peuvent néanmoins trouver un terrain d’entente jusqu’ici. Au contraire, chaque semaine qui passe semble creuser davantage le fossé entre le Parti travailliste (PTr) et l’Entente de l’Espoir. Mardi au Parlement, on a pu constater comment les députés du PTr se sont désolidarisés de leurs autres col- lègues de l’opposition en se mettant debout quand le speaker Soorojdev Phokeer, contre lequel Arvind Boolell a intenté une plainte constitutionnelle pour l’avoir expulsé, a regagné et quitté son siège.

Nando Bodha avait déclaré, il y a environ un mois, que Navin Ramgoolam ne changerait pas. Il y a une quinzaine de jours, le leader du PTr lui a donné la réplique. Selon lui, Nando Bodha est un pur-sang du Mouvement socialiste militant (MSM) qui, pendant un quart de siècle, a été membre de ce parti, directeur-général de la MBC et secrétaire général du MSM. «Ou kroir li pou sanzé.» Ramgoolam a ajouté que ce dernier est resté tranquille quand il y a eu une tentative de limiter les pouvoirs du Directeur des poursuites publiques, quand il y a eu le démantèlement de la BAI ou encore quand il y a eu une politique revancharde contre lui.

Une semaine plus tard, c’est au tour de Roshi Bhadain de faire entendre sa voix. Dans une interview publiée dans l’express de dimanche dernier, il déclare ceci : «Moi ministre sous Ramgoolam, ce serait invraisemblable et problématique.» Une déclaration que le PTr n’a sans doute pas appréciée et qui rend un arrangement électoral PTr-Espoir encore plus difficile, voire irréalisable. D’autant que le MMM, le PMSD, le Rassemblement Mauricien (RM) de Bodha et le RP ont décidé de poursuivre leur route politique ensemble. Avec toutes ces bisbilles, Pravind Jugnauth leur a lancé une boutade quand il a annoncé le renvoi des élections municipales. Il leur a dit que vu qu’ils éprouvent des difficultés à s’entendre, «alors je leur donne un an encore pour qu’ils puissent s’unir».

D’ailleurs le président du PTr, Patrick Assirvaden, soutient que son parti n’a que deux interlocuteurs, à savoir Xavier Duval et Paul Bérenger. «Nando Bodha et Roshi Bhadain font partie de l’Espoir et c’est à ces deux leaders de voir comment traiter avec eux.» Pour un arrangement électoral, il le redit, «Nothing is agreed until everything is agreed.»Il est d’avis que le PTr ne se retrouve dans aucune alliance et qu’il est libre de poursuivre son travail seul. Il ajoute que comme le PTr ne s’ingère pas dans ce que fait l’Espoir, il aurait aimé que ces partis laissent également le PTr agir comme bon lui semble. Le président du PTr souligne toutefois, que tous ces partis ne doivent pas se tromper d’adversaire.

Par ailleurs, le leader-adjoint du MMM, Ajay Guness, trouve aussi qu’il y a un bloc constitué de quatre partis d’un côté et le PTr de l’autre. Comme Patrick Assirvaden, il dira que jusqu’ici, il n’y a aucun accord entre l’Espoir et le PTr et que chacun est libre de ses démarches. En revanche, il souligne que les déclarations des différents dirigeants de l’Espoir sont commentées au Bureau politique du MMM. «Notre leader rencontre les trois autres leaders chaque semaine avant leur conférence de presse et sans doute, ces déclarations sont passées à la loupe.» De la boutade de Pravind Jugnauth, Ajay Guness dira que «c’est une boutade à la Pinocchio».

Le secrétaire général du PMSD, Mamade Khodabaccus, se montre plus conciliant dans ses propos. «Chacun doit mettre son ego de côté. L’exemple doit venir de Rodrigues. Chacun a mis son ego de côté et ensemble, ils ont pu vaincre l’Organisation du Peuple Rodriguais de Serge Clair.» Il ajoute que quand il y a une alliance, il y a toujours quelques points de désaccord. Chaque parti doit, selon lui, se concentrer sur la chose la plus importante, c’est-à-dire faire partir ce gouvernement. En attendant que les partis de l’opposition trouvent un terrain d’entente, l’alliance gouvernementale poursuit, elle, son parcours et dans deux semaines, elle sera à mi-mandat.