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Roches-Noires: le rapport EIA ne suffit pas
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Roches-Noires: le rapport EIA ne suffit pas
Face au changement climatique et aux crues subites durant les grosses pluies, ce gros projet à proximité d’une zone humide inquiète et révolte les défenseurs de l’environnement qui pensent que son impact pourrait être catastrophique pour la région.
Le projet de Smart City à RochesNoires renaît de ses cendres pour la énième fois et comme les fois précédentes, vient avec son lot de controverses et d’inquiétudes quant aux wetlands. Le promoteur de la Smart City a déjà soumis un rapport Environmental Impact Assessment (EIA) pour une première phase de la Smart City. Mais tous les environnementalistes s’accordent à dire que cette zone est trop sensible pour pouvoir se contenter d’un simple EIA.
358 hectares de développement, avec un hôtel de luxe composé de 90 villas en premier lieu. Par la suite s’y ajouteront des terrains de golf, d’autres constructions, y compris un centre de recherche, qui feront également partie de la Smart City. C’est dans les grandes lignes, le développement prévu sur les wetlands de Roches-Noires.
Les «wetlands»
Cette zone humide est composée de plans d’eau visible, de petits étangs ainsi que des espaces absorbants qui s’assèchent lorsqu’il n’y a pas de pluies. De ce fait, elles ne sont visibles qu’à des moments spécifiques de l’année, mais sont néanmoins indispensables au bon fonctionnement de la zone dans son ensemble. D’ailleurs, Adi Teelock, porte-parole de Platform Lanvironman Moris, avance que c’est pour cette raison qu’il est fort probable que la zone humide soit bien supérieure à celle qui a été identifiée comme wetlands.
Quelle est son importance ? Gada Schaub, activiste pour l’environnement, avance que c’est une zone perméable à travers laquelle les éléments se régulent. En cas de fortes pluies, l’eau est filtrée et absorbée. Le ruissellement de l’eau sur terre vers la mer passe par cette zone. La nappe phréatique, dans la région, est très proche de la surface. De plus, Roches-Noires, plus particulièrement dans cette région, est connue pour abriter un nombre important de caves. Quant à la faune et la flore, cette zone marécageuse est considérée comme étant l’une des plus riches.
Zone interconnectée Toutes ces raisons poussent Adi Teelock à dire qu’un simple EIA ne suffit pas. Selon elle, le rapport ne concerne qu’une phase de la mastodonte de béton et de ce fait, le rapport se concentre uniquement sur la zone délimitée pour l’hôtel. «Or, comme tout le marécage est interconnecté, cela ne fait pas de sens de parler d’une seule zone», dit-elle. Certes, le rapport rassure qu’il n’y aura pas d’inondations dans le village de Roches-Noires. Mais ce que le rapport ne dit pas, c’est l’impact que cette construction aura sur le wetlands lui-même. «Puis, l’EIA ne concerne que l’hôtel pour le moment, pas le projet final», rappelle l’environnementaliste. L’interconnexion, renchérit Gada Schaub, n’est pas une légende. «Une petite aire semi-humide peut avoir un lien avec une autre zone par des fissures ou des tunnels sous-terrains.» Dans la foulée, l’activiste avance que jusqu’à présent, on n’a pas élucidé toutes les interconnexions existantes au sein de l’écosystème de la région.
Au-delà du fait qu’elle estime qu’aucune construction ne doit être autorisée dans la zone sensible, Adi Teelock attire aussi l’attention sur le fait qu’il y a toujours plusieurs facteurs inconnus concernant la Smart City. Par exemple, comment seront agencées les constructions où se situeront les terrains de golf entre autres. Tout cela, dit-elle, ne sera pas dit dans le rapport de l’EIA. «Encore une fois, il ne faut pas oublier que cette zone est interconnectée et une étude qui ne prend pas en considération l’ensemble ne veut rien dire», fustige-t-elle.
Ce qu’il faut que les autorités exigent, dit-elle, est une Strategic Environmental Assessment (SEA), qui prendra en considération tous les aspects de la construction, c’est-à-dire le projet dans son ensemble, l’impact sur les ma- récages, sur les villages aux alentours et sur la vie des habitants. En revanche dans l’EIA, aucun de ces points n’est développé, et selon Adi Teelock, il n’y a même pas d’études hydro-géologiques qui ont été réalisées. «D’ailleurs, l’introduction du SEA aurait facilité les choses car dès le début, le promoteur aurait été au courant des limitations et de ce qu’il est possible de faire.»
Les conséquences
Selon Gada Schaub, les nappes phréatiques sont tellement proches de la surface que si vous creusez un trou, il se remplira d’eau. L’eau se trouve à certains endroits à 40 cm de profondeur. Elle fait ressortir que même dans l’EIA, la richesse de la région, que ce soit en termes de plantes endémiques, d’espèces menacées ou de tunnels de lave, est mise en avant. «Puis, le climat est déréglé, nous en avons la preuve tous les jours. Mettre en place une buffer zone de 30 mètres autour des plans d’eau visibles n’est certainement pas suffisant.»
Par ailleurs, l’hôtel sera érigé en plein milieu de la zone qui se connecte au barrachois, qui est la zone où convergent les eaux pluviales lors des averses. «Cet écosystème régule le tropplein et agit comme filtre naturel. Là, on va mettre un hôtel en plein milieu. Et il ne faut pas oublier que l’EIA lui-même parle des risques d’effondrements à cause des caves», fait-elle ressortir.
Pendant ce temps, le Wetlands Bill, qui a été annoncé depuis 2018, se fait toujours attendre.
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