Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du lundi 18 avril 2022 au vendredi 22 avril.

Lundi 18 avril

Le coup du Goudjerate

Ce lundi 18 avril a été marqué par l’accueil le plus spectaculaire et grandiose qu’un Premier ministre mauricien ait jamais reçu en terre étrangère. En effet, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) et son épouse Kobita ont été reçus à Rajkot dans l’État indien du Goudjerate par une énorme foule massée des deux côtés de la route sur plus de deux kilomètres. 

À vrai dire, ces Indiens accueillant si chaudement le Premier ministre mauricien avaient été mobilisés par le Bharatiya Janata Party (BJP), le parti au pouvoir dans ce pays. C’était une façon pour eux d’accueillir le visiteur comme un membre de la famille. 

L’île Maurice jouit d’un grand prestige dans la population indienne bien que les médias et les milieux financiers aient été moins enthousiastes en raison du traité de non-double imposition, ce qui créa l’impression que notre pays encourageait les fraudeurs indiens à monter des compagnies chez nous afin de ne pas payer d’impôts dans leur propre pays.

Mardi 19 avril

Après le coup de semonce de lundi, le coup fatal mardi

Après la forte augmentation du gaz ménager annoncée dans la soirée du lundi 18 avril, ce mardi, c’est aux produits pétroliers de prendre l’ascenseur. C’est la troisième fois depuis décembre 2021 que l’essence et le diésel augmentent. Ce sera un coup de massue appelé à entraîner des répercussions dans les jours à venir. 

On s’interrogeait toujours sur le timing de ces augmentations car autrement, c’est PKJ qui aurait dominé l’actualité avec l’accueil qu’il recevait en Inde. 

Selon quelques fanatiques de PKJ, des esprits maléfiques à l’intérieur même du pouvoir auraient manoeuvré pour annuler le feel good factor généré par la visite premier-ministérielle. Mais selon d’autres personnes pas vraiment fans de PKJ, ce dernier aurait approuvé les augmentations mais aurait choisi de les faire appliquer alors qu’il se trouverait à l’étranger. Question d’adopter l’attitude : Pa mwa sa, lezot sa.

Mercredi 20 avril

Camp-Levieux donne le coup d’envoi

Les premières grandes manifestations populaires contre la hausse des prix se sont produites dans la localité de Camp-Levieux ce mercredi 20 avril. Il était clair ce jourlà que la police était débordée face à ces mouvements de colère populaire et que les Mauriciens n’étaient nullement intimidés face aux autorités. 

Il n’y a pas eu de débordements et les policiers bien que dépassés ont agi plus ou moins avec retenue. Clairement, le concept de ‘peuple mouton’ ne tenait plus la route. 

Vu le comportement des manifestants et les faiblesses des forces de l’ordre, il était évident que si des fauteurs de troubles expérimentés se mettaient de la partie, on courait le sérieux risque d’actes de violence.

Jeudi 21 avril

Pagaille en direct : du nouveau

Suivant l’événement appelé Pagaille en direct, que fut l’émission live de Radio One à Vacoas le 11 avril, l’animatrice du show, Anabelle Savabaddy (photo), était convoquée au poste de police de Curepipe en ce jeudi 21 mars. 

Lors de cette émission, le PPS Gilbert Bablee et le maire Praveen Kumar Ramburn avaient été pris à partie par des gens assistant à cette émission en direct qui devait permettre au tandem MSM de parler de leurs réalisations à Vacoas-Phoenix où des dirigeants MSM nourrissent de grandes ambitions. Ainsi, si l’ancien ministre Showkutally Soodhun voyait en Phoenix une future New York, le PPS faisait de Vacoas la crème même de la grande ville américaine, c’est-à-dire Manhattan. 

L’émission a dû être interrompue et les deux dirigeants MSM escortés à leur voiture par la police. Le MSM décidait de régler le compte à ceux qui avaient osé interroger le tandem Bablee-Ramburn sur des problèmes locaux. C’est ainsi que le travailleur social Ramsing Bandhoa, présent à Vacoas, fut arrêté par la police. 

On devait apprendre que le MSM voulait aussi s’en prendre à Anabelle Savabaddy. Raison pour laquelle la police l’avait convoquée. Ce fut un premier pas dans ce qui allait être perçu comme une atteinte à la liberté des médias mauriciens. Avec des répercussions nationales comme internationales. Quelqu’un aurait sans doute réalisé la portée d’une telle bévue à être mise sur le compte du gouvernement. D’où la décision à la dernière minute d’annuler cette convocation alors que la jeune animatrice se trouvait déjà au poste de police.

Vendredi 22 avril

Le pays s’embrase

Le vendredi 22 avril a vu plusieurs manifestations dans différentes localités du pays. On protestait contre les augmentations des prix en général. Et aussi contre l’arrestation d’un activiste connu comme Darren. 

Des débordements se sont produits et la police a fini par tirer sur un manifestant à la résidence Barkly, un quartier qui avait en 2017 contraint le vice-Premier ministre Ivan Collendavelloo et le ministre Etienne Sinatambou à prendre la fuite suivant des discussions sur l’avènement du tramway. 

Il se trouve que Barkly héberge non seulement un arrêt du tramway mais sert aussi de ‘garage’ au matériel roulant de la compagnie Metro Express. Cet incident de coup de feu est symptomatique d’un sérieux problème de modus operandi des forces de l’ordre. 

Ce vendredi, on a aussi assisté au genre de backlash que le pouvoir politique pourrait orchestrer à partir des incidents des derniers jours. Quand le Premier ministre qui se trouvait en Inde a, dans une déclaration, fait allusion au phénomène Kaya, on voyait déjà tout l’arsenal ‘socioculturel’ qui allait être déployé pour donner une dimension communale et raciste à la présente agitation qui secoue le pays.