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Expulsion du Slovaque Peter Uricek | Sa copine: «c’est un kidnapping»
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Expulsion du Slovaque Peter Uricek | Sa copine: «c’est un kidnapping»
La petite amie de Peter Uricek accepte mal la façon dont a agi la police envers lui. Cette habitante du Nord s’exprime sous l’anonymat. Elle est toujours sous le choc. Elle était avec le Slovaque en Cour suprême pour attendre l’injonction. Elle n’a pas souhaité nous révéler comment ils se sont rencontrés car elle estime que leur vie privée est quelque chose de précieux.
Cette Mauricienne déplore que la police n’ait pas respecté l’ordre émis par un juge de la Cour suprême. «Le pays va mal. Il y a eu atteinte à ses droits humains. Personne n’a le droit d’être traité comme la police l’a fait, comme un animal. Il n’a pas eu le droit de prendre ses affaires personnelles, son passeport, il est parti comme il était. Nous n’avons pas eu droit à un au-revoir. Il a quitté Maurice uniquement avec son T-shirt, sa casquette, ses chaussures et son masque.»
Peter Uricek est parti sans pièce d’identité car il n’avait rien comme papiers sur lui. Pour elle, ce n’est pas normal. «Après notre sortie de la Cour suprême, quand ils l’ont emmené avec Me Varma, ils ont promis de se diriger vers les Casernes centrales. Ils ont men- ti. Ils ont rebroussé chemin pour se rendre au parking souterrain du Passport and Immigration Office. C’était un coup monté car des officiers nous attendaient.» Pour elle, leur mission était de le prendre, quitte à le tirer par les pieds. «Ils auraient pu l’écraser et ils n’ont pas pensé à l’être humain. Ils ont malmené un homme de loi. Je suis outrée par la police car j’ai tout le temps pensé que la police nous protège, depuis toute petite. Aujourd’hui, j’ai une autre image d’eux.»
Comme son copain ne comprend pas les langues parlées ici, cela l’a vraiment perturbée. «Tout a été fait avec force sans prendre la peine de lui expliquer ce qui se passait.Je n’ai pas eu le temps de lui parler. Quand on est arrivé, l’avion décollait.» Elle n’a pas eu de ses nouvelles depuis qu’il est parti. «Maintenant, la marche à suivre, c’est d’attendre qu’il y ait une justice. Je crois en une, quelque part. Je ne sais pas comment cela se passe dans son pays. Mais j’espère qu’il y aura une justice pour lui.»
Nous lui avons demandé si elle était au courant que Peter Uricek était recherché par Interpol et par son pays pour trafic de stupéfiants. «Je sais qu’il est allé se battre pour son innocence etcela prendra le temps que cela prendra.Il a été entouré de personnes malveillantes et est accusé à tort. Dans ce combat, c’est déjà pas facile.»
«L’injonction est légalement valide», maintient Yatin Varma
«Ma demande d’injonction pour empêcher l’extradition de mon client est tout à fait valable.» Répondant à une question de l’express sur la validité de l’injonction de la Cour suprême adressée à l’État, au Premier ministre, au Passport and Immigration Office (PIO), empêchant toute expulsion de Peter Uricek en attendant les conclusions de la cour de district de Port-Louis, Me Yatin Varma, avocat du Slovaque, a apporté un éclaircissement. L’ordre d’expulsion aurait été signé par le Prime Minister’s Office (PMO) avant que le document, en date du 26 avril, ne soit servi au bureau du Premier ministre.
Mais ensuite, «l’ordre intérimaire a été adressé à ces trois parties. L’Attorney General et la direction de l’Aviation civile ont été cités comme codéfendeurs.» Si le Premier ministre a été informé, son bureau a le devoir de ne pas aller de l’avant avec l’expulsion, malgré la signature. L’avocat ajoute : «D’ailleurs, comment se fait-il que mon client ait été déporté par avion alors que le directeur de l’Aviation civile est au courant de cette injonction ?»
Le président du Bar Council s’est exprimé hier, lors d’un point de presse de l’Ordre des avocats, sur l’incident survenu la veille. Il a été bousculé et projeté à terre par des policiers en tentant de faire respecter l’ordre de la cour qui empêchait le PIO d’expulser son client. En dépit de cet ordre, la police a embarqué le Slovaque manu militari. La vidéo a fait le buzz le soir, pendant que Yatin Varma recevait des soins et portait plainte au poste de police de Sodnac.
«Je suis écœuré par cette situation. Je ne m’y attendais pas.» Il a tenu à remercier le Bar Council pour son soutien. Il dit attendre les retombées d’une réunion de l’association, qui aura cet incident à l’agenda, vendredi. Me Mayuri Bunwaree-Ramlackhan, secrétaire de l’Ordre des avocats, qui a animé ce point de presse, a communiqué la position de la Mauritius Bar Association. «C’est avec beaucoup d’inquiétude que le conseil note qu’un membre de la profession, qui est nul autre que le président de la MBA, a été physiquement et verbalement agressé. C’est une profession noble et nous devons avoir le respect de toutes les institutions pour interagir.» Elle cite le code d’éthique des avocats, qui stipule le respect des droits constitutionnels de tout un chacun. «Le conseil condamne cette attitude, où Me Varma, qui se trouvait dans l’exercice de ses fonctions, a été malmené et que l’ordre de la Cour suprême n’ait pas été respecté. C’est très grave et cette situation sérieuse n’est pas acceptable.» Le comité qui se réunira au siège de la MBA communiquera sa position autorités concernées.
Toujours est-il, selon nos recoupements, qu’un avion spécial aurait été dédié au Slovaque, recherché dans son pays pour trafic de stupéfiants. «Pour tout exercice d’expulsion, comme dans le cas des Bangladais qui doivent rentrer, aucun avion spécial n’est mis à disposition. Sauf pour une extradition, qui est différente», confie un préposé du Bar Council.
Cour suprême : l’affaire opposant le slovaque à l’état appelée aujourd’hui
L’affaire opposant le Slovaque aux trois défendeurs et aux codéfendeurs, l’État, le Premier ministre, le PIO et l’Attorney General et le directeur de l’Aviation civile, sera appelée ce jeudi devant le juge Iqbal Maghooa. Ce dernier a émis un ordre intérimaire leur interdisant d’expulser le demandeur de Maurice sans se conformer aux dispositions de la loi sur l’expulsion et interdisant l’extradition du demandeur avant la conclusion de l’audience d’extradition devant le tribunal de district de Port-Louis. Ces défendeurs et codéfendeurs devaient aujourd’hui expliquer la raison à laquelle l’ordre intérimaire ne devait être prolongé. Du coup, l’affaire pourrait prendre une autre tournure. «Le demandeur a fait l’objet d’une déportation avant même que l’affaire soit prise ce jeudi. Ils devraient par conséquent expliquer leur décision prématurée», laisse entendre un membre du Bar Council.
Ordre bafoué : il y a précédent
Me Steven Sauhoboa confie à «l’express» que ce ne serait pas la première fois que la police fait fi des directives de la cour. «J’ai eu un cas récemment où il n’y avait même pas d’ordonnance d’expulsion. Mon client, un Sri Lankais qui a deux enfants à Maurice, avait divorcé mais avait fait une nouvelle demande pour se remarier. Du coup, on avait fait appel de la décision de l’expulser. Mais pendant la préparation de l’appel, les policiers ont emmené mon client, l’ont enfermé avant de l’expulser du pays.» Il ajoute que «pourtant, aucun avis légal n’a été émis pour son expulsion. La police devrait cesser d’agir comme des dictateurs. Il convient de respecter la procédure régulière».
Les Casernes centrales et l’Attorney General motus et bouche cousue
Nous avons demandé une version de la police en ce qui concerne cette affaire, mardi après l’expulsion du Slovaque. Le Police Press Office nous a informés que le Government Information Service émettrait un communiqué dessus «incessamment». Nous sommes toujours dans l’attente de le lire. Nous avons aussi sollicité une déclaration de l’Attorney General. L’attaché de presse de Maneesh Gobin nous a fait comprendre qu’il ne souhaite pas commenter cette affaire car elle est appelée devant le juge en chambre ce jeudi.
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