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Manifestations contre la vie chère: une semaine après, l’amerture est palpable

30 avril 2022, 15:00

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Manifestations contre la vie chère: une semaine après, l’amerture est palpable

Une semaine s’est écoulée depuis cette nuit enflammée. Les clameurs se sont tues, les routes sont de nouveau praticables, les débris ont été enlevés. Mais le mal-être n’a pas disparu et la mémoire reste intacte. Pour beaucoup, les images ne s’effaceront pas de sitôt. Tout comme le goût amer qu’apportent les prix des denrées alimentaires en cette fin de mois.

À Camp-Levieux ce vendredi, chacun vaque à ses occupations. Pour certains, être associés au déferlement de colère de la semaine dernière est inacceptable. «Mo pena nanier pou dir lor la mwa. Sa pann sanz nanier dan mo lavi. Mo ankor pe bizin manz diri rasyon e pa bwar dilé», laissera entendre une ménagère pas très enchantée par la question.

Pour beaucoup, s’être «battu» pour faire comprendre comment le portemonnaie se vide comme un entonnoir, était plus qu’un cri de désespoir. En effet, «ale lor lari» faisait naître de l’espoir. Qui, se résignent plusieurs, s’est envolé en une semaine. Martin (nom d’emprunt), habitant Résidence Vallijee, en témoigne. «J’ai participé, j’ai crié ma colère aussi vendredi soir. Mais est-ce que cela a servi à quelque chose ? Nous ont-ils entendus ? Ou nounn ziss konsidere kuma bann fouteur de troubles ? Nou ti pensé pou ena enn sanzman mai parey em.»

Une profonde peur

À Résidence Barkly, quelques habitants témoignent des changements : une profonde peur parsemée d’amertume et assaisonnée par un manque de confiance total en les forces de l’ordre. «Dan la semaine monn ale station pou enn bann démars zot fer foutan ar ou. Dir nou sipa la nou bisin zot sipaki. Coumadir zot pena nanier pou repros zot zot», confie un homme assez énervé. Sa femme ajoute que rien ne sera comme avant. La violence dont les rues ont été témoin la semaine dernière a laissé des cicatrices. Des plaies profondes, dont certains pourront guérir avec de simples points de suture et d’autres dont l’âme continuera à s’en souvenir. «Ena dimounn pe bisin rod kass pou sanz vitre ou ankor pe ramass bann boute lacrymogènes dan zot lakour ou anba zot lili. Nou ti merit sa nou ?»

Journée paisible à Barkly, où les troubles ont fait un blessé par balles vendredi dernier.

Pour nos interlocuteurs, la vie a repris son cours, en effet. Un cours tout aussi difficile à gérer et à accepter car des chiffres continuent à s’ajouter aux étiquettes sur les rayons et d’autres étiquettes sont venues s’ajouter aux stigmates des régions… «Et on parle de changements !», soupire un vieil homme.