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La semaine décryptée
Lundi 25 avril 2022 : La voix des urnes
Si le verdict de l’élection présidentielle en France était déjà connu dans la soirée du dimanche 24 avril, ce qui retiendra l’attention le lundi 25 avril, c’est une analyse à froid de la façon dont des Français basés à Maurice et les Réunionnais avaient voté la veille.
Si les votants à Maurice ont dans leur majorité opté pour Macron, à La Réunion par contre, le cœur a basculé du côté de Le Pen.
Les votes en faveur de Le Pen à Maurice comme à La Réunion ne reflètent pas la même tendance par rapport au phénomène social et politique que représente le Rassemblement national, l’ex-Front national. En effet, les votants à Maurice sont dans leur écrasante majorité des Français de souche établis chez nous ou aux Seychelles. Par contre, à La Réunion, les électeurs inscrits sont pour la plupart des gens issus du brassage entre Africains, Indiens et Français. À l’île soeur, on a voté pour des raisons économiques, les gens croyant que Le Pen prendrait des décisions pour soulager le petit peuple alors que Macron est perçu comme l’homme du patronat.
Quant à ceux établis à Maurice et aux Seychelles mais qui ont voté Le Pen, comment déchiffrer cette tendance car le Rassemblement national est connu pour ses positions anti-immigrants et anti-musulmans? Ce n’est pas la première fois que des Français de Maurice votent pour les Le Pen. Le papa Jean-Marie, dès les années 80, avait des fans à Maurice. C’est dire que Maurice a toujours abrité des Français qui adoreraient le climat naturel et des affaires du pays mais qui seraient en faveur de l’ ‘épuration’ de leur patrie en Europe.
Mardi 26 avril: Varma l’avocat et non l’huissier
L’incident au cours duquel des policiers ont bousculé l’avocat Yatin Varma et sa junior, Me Bhanisha Gobin, dans le parking de la Sterling House le mardi 26 avril, comporte aussi un aspect particulier largement discuté actuellement. Il s’agit de l’acte de Yatin Varma de brandir un document aux policiers s’apprêtant à arrêter le Slovaque Peter Uricek.
Ce document, c’était l’injonction du juge Iqbal Maghooa gelant la procédure d’expulsion du Slovaque du territoire mauricien. Ceux qui ont vu les images filmées par Me Gobin et reprises immédiatement par l’express, puis d’autres médias ont cru savoir que l’avocat Varma, tel un huissier de la cour, ‘servait’ ce document aux policiers pour leur faire comprendre qu’un juge interdisait momentanément cette expulsion. Or, on comprend que Yatin Varma voulait tout simplement, armé de ce document, faire comprendre aux policiers qu’ils devaient se plier à la décision de la Cour suprême.
Au fait, la procédure normale, c’est-à-dire le fait d’assurer le ‘service’ du writ de la Cour suprême, avait été déjà enclenchée auprès des parties concernées dont les chefs des policiers mobilisés pour arrêter le Slovaque et le conduire à l’aéroport. Ce papier avait déjà été servi au bureau du Premier ministre, au commissaire de police, au chef du Passport and Immigration Office et au directeur de l’Aviation civile et cela, avant que l’incident du parking ne se produise.
Mercredi 27 avril: Champ-de-Mars, coffre à «paisa»
Ce mercredi 27 avril, les Mauriciens qui suivent les grandes manœuvres du MSM visant à confier tout le business des courses et du gambling autour des chevaux à celui connu sous le nom de code Bruce Lee, devaient apprendre que le parti au pouvoir disposait d’une carte maîtresse capable de foudroyer un hyperpuissant club privé vieux de 210 ans.
Ainsi, il suffisait que la municipalité de Port-Louis révoque tout simplement le bail du Mauritius Turf Club (MTC) sur le Champ-de-Mars pour que tout l’édifice s’écroule. Cette opération de la municipalité a démontré encore une fois que le MSM fait preuve d’une efficacité foudroyante dans l’utilisation des institutions du pays.
À propos du bras de fer entre le pouvoir MSM et le MTC, on aurait tort de n’y voir que la manifestation de réflexes racistes. Il s’agit tout simplement d’argent, de paisa. En effet, le Champ-de-Mars est devenu l’épicentre de toutes les transactions de blanchiment d’argent sale généré par la corruption politique et le business de la drogue. C’est un business qui brasse des milliards.
Jeudi 28 avril: Safe City pas toujours «safe»
On apprend qu’entre les incidents du week-end dernier et le jeudi 28 mars, il y a eu pas moins de sept arrestations uniquement dans la région de Roche-Bois en sus d’autres opérations du genre, ailleurs.
On comprend que la majeure partie de ces arrestations ont été faites à partir d’indices recueillis via les caméras du fameux mécanisme connu comme Safe City qui a coûté pas moins de Rs 19 milliards, soit davantage que l’installation et la mise en route du tramway.
S’il reste à établir combien a coûté le hardware de Safe City et quelle est la part du software des commissions, on sait que dans les affaires en cour, le système chinois n’aura pas été d’une grande efficacité. Comme en témoigne d’ailleurs l’affaire Kistnen. Dans les moments les plus importants du déplacement physique de cet ex-agent du MSM qui devait connaître la mort, les caméras de Safe City ne fonctionnaient pas.
Puisque les manifestants du week-end dernier seraient poursuivis sur la base des données recueillies sur le système Safe City, la démonstration en cour de la fiabilité des équipements chinois susciterait un intérêt considérable au sein de la population.
Vendredi 29 avril: Nouvelle option de Navin Ramgoolam ?
La conférence de presse animée en ce vendredi 29 avril par Navin Ramgoolam demanderait à être sciemment décodée pour connaître les options futures des Rouges.
Tout d’abord, concernant les affaires internes mêmes des Travaillistes, en choisissant un vendredi pour s’adresser à la presse, Navin Ramgoolam a privé Arvin Boolell de son show habituel du vendredi où lors d’un exercice de bat-baté, il faisait des réflexions sur des sujets d’intérêt public sans jamais causer de grands dommages. Arvin Boolell avait apparemment choisi le vendredi pour ne pas être crowded out par le show du samedi du leader du MMM au cours de ces dernières 40 années.
Le ton et le contenu de l’intervention de Navin Ramgoolam ce vendredi 29 avril indiquent qu’il s’est mis maintenant en situation de go for the kill face au MSM. Auparavant, on avait des raisons de croire que le leader rouge laissait ouverte la possibilité d’un modus vivendi avec le MSM. Il serait intéressant de savoir si, en tenant compte du soutien dont le Parti travailliste dispose déjà en régions rurales et de ses assises à Port-Louis, Quatre-Bornes et Vacoas-Phoenix, Navin Ramgoolam ne travaillerait pas sur l’option d’une three-cornered-fight entre Rouges, Mauves et la famille Jugnauth.
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