Publicité

Production d’électricité: le CEB sous tension, Omnicane à la rescousse, Fort-George mal en point

3 mai 2022, 14:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Production d’électricité: le CEB sous tension, Omnicane à la rescousse, Fort-George mal en point

Haute tension. Depuis que Terragen a suspendu sa production d’électricité vendredi après-midi, le Central Electricity Board (CEB) cherche d’autres alternatives pour pallier le manque. Terragen fournissait une quantité non négligeable de courant, soit environ 17 % de la consommation nationale, représentant 62 à 70 MW. Des producteurs d’électricité et des experts en énergie ne cachent pas leur inquiétude pour les prochains mois. 

En attendant, aussitôt que la centrale de Belle-Vue a annoncé la suspension de ses activités, le CEB a sollicité la compagnie Omnicane Ltd, vendredi, pour qu’elle continue à produire de l’électricité. Ce groupe gère deux centrales thermiques – l’une à St-Aubin d’une capacité de 30 MW ; et celle de Savannah, 74 MW. À lui seul, ce groupe fournit entre 20 et 22 % de la demande du pays. 

Le hic, c’est que la centrale de Savannah aurait dû entrer en maintenance pour une semaine à partir du 30 avril. Quelques employés avaient même prévu de prendre leurs congés. Le CEB a fait une requête pour renvoyer cet exercice pour deux semaines. La direction d’Omnicane Ltd assure que c’est une pratique courante. «La flexibilité fait partie intégrante de la production d’énergie et cela dans les deux sens. Effectivement, nous avons entretenu une telle demande dans le cadre de nos relations de producteur d’énergie que nous nous adaptons aux contraintes du client», explique-t-on. Toutefois, nous n’avons aucune confirmation concernant la date à laquelle le moteur de Savannah, fonctionnant au charbon et à la bagasse, sera soumis à l’exercice de maintenance. 

Respect des protocoles 

Un ingénieur et ancien haut cadre du CEB maintient néanmoins qu’une centrale thermique doit respecter cette étape après un certain nombre d’heures, pour éviter toute panne technique qui pourrait mettre le moteur hors-service. Cet aspect, dit-il, figure souvent parmi les accords entre des producteurs d’électricité et les compagnies d’assurances. La direction d’Omnicane Ltd rétorque pour sa part que tout sera fait selon les normes. «Toute maintenance est importante et nous ne mettons pas en jeu la fiabilité technique ni l’intégrité de notre outil de production. Cela s’effectue toujours dans le respect des protocoles de sécurité des installations. Il est essentiel de nous adapter aux différentes contraintes.» 

Autre source d’inquiétude, cependant : d’après nos renseignements, un des moteurs de Fort-George est mal en point, bien qu’il soit toujours opérationnel. Des ingénieurs du CEB ont décelé des fissures dans une des pièces majeures de «Fort-George 3», qui carbure à l’huile lourde. Des techniciens ont effectué des réparations pour que le moteur de 30 MW puisse tourner, mais ils ont découvert que des fissures ont été provoquées par l’affaiblissement du soubassement soutenant l’infrastructure de la turbine. 

Un appel d’offres a été lancé, apprend-on, pour un nouveau soubassement. Cependant, le moteur ne sera pas opérationnel pendant les travaux. Pour rappel, la centrale thermique de Fort-Gorge a une capacité de 134 MW avec ses cinq moteurs. 

Par ailleurs, malgré un bras de fer juridique entre un créancier et la firme Sarako, propriétaire d’une ferme photovoltaïque à Bambous, la compagnie continue à produire environ 15 MW d’électricité pour le CEB. Sans prendre en considération les Small-Scale Distributed Generation et Medium-Scale Distributed Generation, les différentes fermes photovoltaïques produisent entre 77 et 87 MW alors que le parc éolien, EOLE, sis à Plaine-des-Roches, a une capacité de 9,35 MW. 

Toutefois, un producteur affirme que les fermes photovoltaïques n’ont pas de baseload, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas fournir d’électricité en continu à la demande, d’autant que le CEB n’a pas de batteries pour la stocker et réguler les fluctuations. Des producteurs d’électricité utilisant des énergies renouvelables affirment qu’avec le retrait de Terragen, ils sont dans l’obligation de baisser leur production d’un tiers, soit 23 MW. Pour des raisons techniques de balance sur le réseau, les producteurs d’énergie renouvelable doivent produire un tiers de ce que les autres, à énergie fossile, produisent. Donc, quand les autres réduisent leur production, ils doivent procéder à une réduction aussi, pour garder cet équilibre. 

N’empêche, des experts se disent optimistes et croient que le CEB pourra s’en sortir. Pour le moment. Car la situation sera tout autre en été ou si des entreprises ou des hôtels formulent de grosses demandes pendant les prochaines semaines. «Le CEB sera dans l’obligation de revoir la gestion du réseau. Il est possible qu’il y ait une baisse de puissance, le délestage n’est pas à écarter si la demande le permet. Sinon, il mettra la pression sur les producteurs d’énergie verte. Ce ne sera pas évident, sachant que les fermes photovoltaïques dépendent beaucoup du temps», fait ainsi valoir un producteur d’électricité. 

D’autre part, un ancien cadre du CEB maintient que cet organisme, avec le soutien du gouvernement et de Terragen, aurait pu trouver un accord uniquement pour le mois de mai. Il explique qu’à partir de juin et jusqu’à décembre, Terragen compte produire de l’électricité à partir de la bagasse au lieu du charbon qui coûte désormais 350 dollars la tonne. 

Nous avons adressé un mail au ministre Joe Lesjongard et au directeur général du CEB, Jean Donat, pour connaître les mesures concrètes prises pour éviter que les consommateurs ne soient pénalisés. Nos questions étaient restées sans réponse à l’heure où nous mettions sous presse.