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Quotidien sombre et avenir incertain pour les petits commerçants de plage
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Quotidien sombre et avenir incertain pour les petits commerçants de plage
Le dynamisme semble s’évanouir pour ceux opérant des petits commerces sur les plages. Manque de clients, interdiction de pique-niquer, hausse du prix du carburant, tous ces facteurs contribuent à alléger leurs recettes. Certains ont du mal à garder la tête hors de l’eau et envisagent même de mettre la clé sous le paillasson. Nous en avons rencontré quelques-uns…
Mon-Choisy
Quelques personnes se prélassent au soleil pour une petite bronzette. Mais on est loin du nombre habituel. Il faut dire qu’avec la rentrée scolaire, les jeunes et moins jeunes ont repris leur train-train quotidien. Debout à côté de sa roulotte, Beejaysingh Reetoo, gérant d’un snack-bar, observe le mouvement des gens et lâche : «La vie devient de plus en plus difficile. Avec le prix du carburant qui a pris l’ascenseur, les employés veulent travailler davantage. Tous se plaignent du coût de la vie en hausse. Avant, on arrivait à sortir la tête de l’eau, mais aujourd’hui, c’est devenu pénible.» Il dit avoir même constaté que les touristes jouent aux abonnés absents. «Je pense qu’avec le prix des billets d’avion, ils réfléchissent à deux fois avant de prendre une décision.» Sa clientèle est surtout locale. Là aussi, petit bémol : «Les clients boudent la nourriture et l’on ne peut pas augmenter les prix. Avec la concurrence, on risque de ne même pas couvrir les dépenses du jour. On se voit vendre un ‘mine frit’ à Rs 125, malgré les légumes qui se vendent cher.» Cette situation, il n’est pas le seul à la vivre.
Péreybère
Yogenee Moorghen, propriétaire de La Gourmandise, avoue que la récente flambée des prix plombe son entreprise. «Le gaz a augmenté, les chips et la mayonnaise ont doublé de prix. Même le poulet est plus cher.» Elle arrive difficilement à joindre les deux bouts. «Les restrictions, comme l’interdiction de pique-niquer, ont largement contribué à nos problèmes», confie-t-elle. Sans oublier les prix des boissons gazeuses qui ont augmenté. «On puise dans nos réserves car on ne peut se permettre d’augmenter les prix des produits. Les clients iront ailleurs. Finalement, nous travaillons sans faire de profits, ou alors une infime marge.» Un problème en entraînant un autre, c’est celui des fournisseurs. «Depuis la crise du Covid-19, ils ne font plus crédit. Si vous ne les payez pas, alors vous n’avez pas les produits pour travailler.» Yogenee Moorghen ne sait pas pour encore combien de temps elle pourra tenir. «Je ne peux pas me permettre de stopper mes activités, car nous avons pris notre roulotte récemment et avec cette dette sur nos têtes, il faut bien trouver de quoi la rembourser…»
Albion
L’avenir pour Flavio Jasmin, propriétaire de la roulotte Akon Boulette, ne semble guère meilleur que pour ses collègues. «Les ventes sont en chute libre.» Il constate que les gens viennent moins à la plage depuis la hausse du prix du carburant. «Les personnes réfléchissent à deux fois avant de sortir la voiture. Surtout pour venir à la mer, où elles ne peuvent même pas s’asseoir et passer un bon moment en famille ou avec des amis comme avant. Du coup, les commerçants en pâtissent.» Il ne travaille que le strict minimum, par manque de clientèle. «Il ne faut pas oublier que tout a un coût. Les bols, les take away, le gaz qui a augmenté, et même les boulettes.» Il se donne une année de réflexion, mais l’issue semble de plus en plus inévitable. «Je vais devoir fermer boutique après 20 ans d’opération. C’est une décision très dure à prendre.»
Dimanche, dans son discours pour la fête du Travail, le ministre Soodesh Callichurn a évoqué les difficultés de la population. «Au gouvernement, nous avons pleinement conscience que beaucoup de Mauriciens n’arrivent pas à joindre les deux bouts en ce moment.» Justement, ces petits commerçants font un appel aux autorités pour trouver des solutions qui les aideront à ne pas sombrer…
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