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Lakwizinn 2.0: comment Pravind Jugnauth a perdu son premier attaché de presse
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Lakwizinn 2.0: comment Pravind Jugnauth a perdu son premier attaché de presse
«Au point où en étaient les choses, j’allais partir tôt ou tard, mais je préfère m’en aller maintenant», a dit Rudy Veeramundar à son entourage. Par «les choses» il faut comprendre, nous dit-on, que l’ex-chef du Government Information Service (GIS) se retrouvait souvent en conflit avec ceux qu’il qualifie de «top chefs de Lakwizinn».
Les autres types de conflits étaient gérables. «Il a résisté à un secrétaire parlementaire privé qui voulait une carte de presse pour son photographe personnel (NdlR, le GIS gère l’émission des cartes de presse). Il a su expliquer à d’autres que le rôle du GIS, c’est de promouvoir les actions ministérielles et non les ministres comme individus. Il a fait comprendre à ceux concernés que les conférences de presse politiques des députés MSM le samedi ne pouvaient pas bénéficier de la couverture du GIS. Il a même pu sortir indemne quand il a refusé d’exécuter les instructions d’un ministre qui voulait qu’une bourse soit octroyée à un de ‘so dimounn’, mais il savait qu’il allait être difficile de gagner les prochaines batailles qui allaient l’opposer au ‘nouvo Lakwizinn’.»
Pourtant, Rudy Veeramundar, qui se vante en privé d’avoir fait connaître le GIS au grand public en attirant 70 000 followers sur Facebook en deux ans, est un des premiers hommes de confiance de Pravind Jugnauth, du moins en terme chronologique (et non de manière hiérarchique). Immédiatement après la victoire de Lepep en 2014, il devient l’attaché de presse du leader du Mouvement socialiste militant (MSM) au ministère des TIC. Il y reste même sans Pravind Jugnauth (qui est condamné par la cour intermédiaire dans l’affaire MedPoint). Au retour de celui-ci, il l’accompagne au ministère des Finances comme Senior Adviser. Vient ensuite la grande heure de gloire du leader du MSM en janvier 2017, avec la démission de sir Anerood Jugnauth, et Pravind Jugnauth qui devient (enfin !) Premier ministre. Le lien Jugnauth-Veeramundar perdure et c’est en toute logique que Pravind Jugnauth fait de lui le directeur de communication du Prime Minister’s Office (PMO).
Une érosion qui commence en 2017
Mais à partir d’octobre 2017, Pravind Jugnauth renouvelle sa garde rapprochée. Ken Arian et Renganaden Padayachy font leur apparition, alors que Sarah Rawat-Currimjee (Senior Adviser recrutée en 2017) monte en grade. Rudy Veeramundar quitte le poste de directeur de communication du PMO. Mais il reste «at arm’s length» de Pravind Jugnauth en restant Senior Adviser au PMO et aux Finances (Pravind Jugnauth avait gardé le portefeuille des Finances).
D’ailleurs, Pravind Jugnauth ne nomme pas un autre directeur de la communication au PMO. Mais à partir de là, rien n’allait plus être comme avant. Rudy Veeramundar était écarté des guerres de pouvoir et de clan aux portes du PMO pour la confiance du Premier ministre.
Après les élections de 2019, Rudy Veeramundar signe un contrat de deux ans comme directeur du GIS (salaire de base de Rs 92 000 avec des allowances qui peuvent faire monter son package à Rs 150 000). Le contrat est renouvelé en janvier 2022.
Entre-temps, la valse des «portiers et serveurs» de Lakwizinn s’est poursuivie. Même Ken Arian, le blue-eyed boy de 2017 à 2020, est «muté» à l’aéroport. Le nouvo Lakwizinn composé de, selon les proches à qui Veeramundar s’est confié, Zouberr Joomaye, le couple Currimjee, et Renganaden Padayachy, et, à un degré moindre Prakash Maunthrooa, Dev Beekharry et Sanjeev Ghurburrun «mène Pravind Jugnauth à sa perte».
Pendant ce temps, le budget du GIS est revu à la baisse année après année, les tentatives d’ingérences se multiplient, et Rudy Veeramundar se retrouve esseulé. Ajoutez-y un très haut fonctionnaire qui aurait fait pression pour que le journal d’un de ses proches bénéficie à nouveau des annonces gouvernementales… «Rudy en a eu marre».
Depuis janvier 2022, il aurait écrit au Premier ministre pour lui signifier son intention de quitter le navire. Nul ne sait si c’est la lettre qui n’a pas été prise au sérieux, ou bien si Pravind Jugnauth n’en a simplement cure. Le temps dira si Pravind Jugnauth a eu tort ou raison de laisser filer son ex-homme de confiance.
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