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Bras de fer CEB-Terragen: la Cour suprême entre en jeu
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Bras de fer CEB-Terragen: la Cour suprême entre en jeu
Rendez-vous est donné cet après-midi en Cour suprême. Le Central Electricity Board (CEB) et Terragen devront s’expliquer devant un juge suivant le bras de fer qui oppose les deux parties. Le producteur indépendant d’électricité, Terragen, a cessé de produire de l’électricité pour le compte du CEB vendredi dernier, évoquant un cas de force majeure, c’est-à-dire, la hausse du prix du charbon en raison de la guerre en Ukraine. Toutefois, l’organisme parapublic conteste la raison évoquée par la centrale thermique pour cesser ses activités.
D’après nos renseignements, les hommes de loi du CEB viendront démontrer que, comme mentionné dans leur affidavit, la hausse du prix du charbon n’est pas un cas de force majeure et que le prix du charbon a toujours varié sur le plan mondial, avec souvent des pics. Dans l’entourage de Terragen, on laisse entendre qu’en février 2022, ce combustible se vendait à USD 206 la tonne pour passer à USD 430 par tonne le 2 mars, leur faisant encourir des pertes variant entre Rs 2 millions et Rs 3 millions par jour.
Cette affaire est suivie avec un vif intérêt par d’autres producteurs indépendants, des spécialistes en énergie, et des politiciens. Pour cause, Terragen produit 70 MW d’électricité, soit 17 % de la demande nationale. La consommation du pays tourne actuellement autour de 420 MW, mais quand les activités économiques fonctionnent à plein régime, notamment avec un grand nombre de touristes dans le pays, elle peut atteindre les 490 MW. En été, la consommation est encore plus conséquente. Il y a même eu un record de 508 MW en 2019.
Malgré le retrait de Terragen, le ministre de l’Energie, Joe Lesjongard, a donné l’assurance qu’il y aura assez d’énergie pour répondre à la demande nationale. D’après certaines sources, le CEB se prépare à utiliser la station de Nicolay, qui a une capacité de 75 MW, pour soutenir le réseau dans l’éventualité d’une trop grosse demande. Cependant, un ancien haut cadre du CEB ne croit pas à cette alternative pour deux raisons. Premièrement, les moteurs de la centrale thermique de Nicolay fonctionnent au gaz qui est beaucoup plus cher que les autres combustibles. «Ce n’est pas une centrale pour le base-load, c’est-à-dire, qu’elle n’a pas été conçue pour rouler en permanence pour répondre à la demande quotidienne. Elle doit être mise au repos après certaines heures de fonctionnement. Cette centrale a été aménagée plutôt pour soutenir le réseau quand il y a une grosse demande», déclare l’ancien cadre du CEB.
D’ailleurs, le syndicaliste du CEB Clency Bibi affirme qu’avec le retrait de Terragen, les autorités prennent des risques. «Tout comme une voiture qui peut tomber en panne à n’importe quel moment, une ou deux turbines peuvent aussi tomber en panne, ce qui compliquera davantage la situation. De plus, il est très difficile de compter sur l’énergie renouvelable en cette période, car en hiver le soleil est à peine présent. Nous sommes dans une situation alarmante», déclare le syndicaliste. «Le CEB aura du mal à répondre au développement économique du pays, surtout si la reprise dans le tourisme arrive plus tôt que prévue. Il faut aussi penser à l’été où il y aura une grosse demande en énergie», ajoute-t-il pour étayer ses propos.
Dans la même foulée, le syndicaliste affirme que le temps lui a donné raison. «La faute revient aux différents gouvernements. Je prêchais dans le désert pendant ces vingt dernières années. Personne ne m’a écouté. Je disais qu’il ne fallait pas compter sur le secteur privé pour fournir 60 % de notre demande en électricité. C’est trop. Pourtant, dans les années 2000, le CEB avait eu l’occasion de transformer Fort-Gorge pour produire une grande quantité d’électricité, mais le gouvernement a voulu faire de la place aux producteurs indépendants», regrette-t-il.
Par ailleurs, plusieurs partis de l’opposition suivent toute cette affaire de près. Le député du Parti travailliste Patrick Assirvaden, qui a également été le président du CEB, réclame plus de transparence. «Je demande au ministre Joe Lesjongard de rendre public le nouveau Power Purchase Agreement signé en 2020 entre le CEB et Terragen. La sécurité énergétique du pays en dépend.» Pour sa part, Arvin Boolell, également député de ce parti, exhorte les deux parties à trouver un accord dans l’intérêt du pays. «Il est important que nous ne prenions pas à la légère un secteur stratégique. L’énergie est le pouvoir. Il ne faut pas que l’orgueil prime. Il y a des facteurs externes que nous ne contrôlons pas. Rappelons qu’après le scandale de la turbine à gaz fin des années 90, le gouvernement d’alors et toutes les parties ont dû travailler ensemble pour le pays. Maintenant, il est dans l’intérêt de tout le monde de trouver une solution», rappelle-t-il. Par ailleurs, nous attendons toujours les réponses à nos questions envoyées lundi au CEB et au ministère de l’Énergie.
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