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Affaire Kistnah: L’ICAC veut interroger le chef de l’ADSU en présence de son avocat

6 mai 2022, 19:13

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Affaire Kistnah: L’ICAC veut interroger le chef de l’ADSU en présence de son avocat

La Commission anti-corruption (ICAC) n’a pas abandonné son enquête sur la controversée distribution du «Reward Money» aux informateurs ayant permis la saisie des 135 kilos d’héroïne appartenant à Navind Kistnah en mars 2017. L’enquête a évolué au point où l’ICAC a tout simplement convoqué le chef de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) pour un interrogatoire.

L’ICAC joue-t-elle à un jeu dangereux qui conduirait à la révélation des noms des informateurs de l’ADSU ou est-ce que certains à la brigade anti-drogue abusent-ils vraiment de l’argent destiné à ces informateurs ? L’affaire est délicate sous tous les angles mais l’ICAC ne semble en avoir cure. Elle veut savoir si la brigade anti-drogue, profitant du secret qui doit prévaloir autour des récipiendaires du «reward money», n’est pas en train d’en détourner un peu.

Pour cela, elle s’est intéressée à la deuxième plus grosse saisie de drogue de l’histoire : les 135 kilos d’héroïne dissimulés dans des bon- bonnes de gaz, appartenant à Navind Kistnah valant Rs 2 milliards. Cette saisie effectuée en mars 2017 a, pendant quatre ans – jusqu’à la saisie des frères Gurroby à Pointe-Aux-Canonniers en 2021 –, détenu le record en termes de poids et de valeur de drogue trouvée sur notre territoire. On se souviendra qu’au moment de la saisie, le chef de l’ADSU avait déclaré que «la drogue était tellement bien cachée que même les chiens renifleurs sont passés à côté (…) du coup sans les détails précis fournis par les informateurs, cette saisie n’aurait pas eu lieu»

Selon les documentations déjà publiées par l’express l’année dernière, les informateurs ont été payés Rs 700 000. Le hic, c’est que, selon une note interne de la police, c’est le chef de l’ADSU qui reçoit l’argent. Rien qu’en juin 2017, Rs 950 000 lui sont passées entre les mains (Rs 700 000 pour l’informateur dans l’affaire Kistnah et Rs 200 000 pour l’informateur d’une autre affaire). Quand ces Rs 950 000 ont été décaissées, un document intitulé «Voucher F232» a été émis ; sauf que personne ne signe dans la case «Signature of Receiver».

Après une bataille acharnée devant un juge en chambre où la police a argué que cette en- quête de l’ICAC va «jeter des noms en pâture sur la place publique» et «exposer des sources», la commission anti-corruption renchérit.

La lettre de convocation adressée au DCP Choolun Bhojoo. 

«Inn dir mwa donn lanket, mo pou al done»

Elle a écrit au DCP Choolun Bhojoo, le chef de l’ADSU, la semaine dernière pour le convoquer officiellement pour un interrogatoire. Même si les politesses «kindly requested» sont bien présentes dans la tonalité, le fond n’a rien d’une «invitation diplomatique» comme témoin. «You may be assisted by a legal advisor of your choice», avertit le directeur des investigations. La convocation était pour hier jeudi 5 mars, mais pour une raison inconnue, elle a été reportée.

Certains détracteurs du numéro 1 de l’ADSU affirment que c’est à la suite d’un appel téléphonique d’une personnalité qui se trouve à l’étranger, et intimant Choolun Bhojoo de ne pas se rendre à l’ICAC, que l’interrogatoire a été reporté. Ce que dément le chef de l’ADSU. «Sé zis enn ranvwa. Inn dir mwa vinn donn enn lanket, mo pou al doné ek nou gété», nous a-t-il dit au téléphone hier après-midi sans vouloir se prononcer sur son état d’esprit.

L’interrogatoire aura donc bel et bien lieu dans les prochains jours. Ce qui est moins sûr, c’est la posture du commissaire de police. Anil Kumar Dip et Choolun Bhojoo ont été de grands rivaux dans la course au poste de chef de la police et c’est le premier qui l’a emporté. Un an après, les séquelles de cette rivalité seraient toujours présentes. Ainsi, Choolun Bhojoo n’est pas garanti de bénéficier du soutien d’Anil Kumar Dip et que celui-ci s’aligne sur la position : «protégeons les sources à tout prix».