Publicité
Hippisme: Sabotage !
- Manque à gagner cumulé de quelque Rs 60 M pour l’État et la MTCSL
Le monde hippique est désarçonné. Alors que les turfistes ont hâte de revoir les jockeys en selle et leurs cracks préférés en piste, que des employés attendent d’être payés, les œillères refusent de tomber. La course entre le gouvernement et le MTC est loin d’être gagnée. La ‘bataille du Champ-de-Mars’ est loin d’avoir fière allure. Surtout qu’il y a de gros gains en jeu…
Tous perdants ! Voilà un premier bilan partiel de la guerre ouverte entre le gouvernement et le Mauritius Turf Club (MTC) et sa filiale, la MTC Sports and Leisure (MTCSL). Les deux parties accusent déjà un manque à gagner cumulé d’environ Rs 60 M, soit Rs 50 M pour l’État en termes de taxes et environ Rs 5 M pour l’organisateur de courses en royalties provenant des compagnies de betting, en l’occurrence, Totelepep, Supertote et SMS Pariaz.
Ce sont des estimations sur quatre à six journées de courses, qui auraient engendré un betting turnover dans une fourchette de Rs 500 M à 700 M. Quand on sait qu’en temps normal (sans le huis clos), plus de 50 % des recettes de l’organisateur de courses proviennent des redevances des bookmakers on course, il n’est pas difficile de comprendre la raison derrière ce qui est devenu la «bataille du Champ-de-Mars»... Une piste privilégiée ces dernières années par les barons de la drogue, surtout les nouveaux riches, qui y ont trouvé un moyen de blanchir leur argent.
Le Champ-de-Mars vaut donc de l’or et le gouvernement l’a compris. S’il peut investir aujourd’hui dans cette industrie une enveloppe de Rs 60 M à travers la prise en charge des salaires des commissaires, recrutés désormais par la Horse Racing Division et les tests antidopage, cela pourrait à l’avenir lui rapporter encore plus que Rs 700-800 M annuellement, si la MTCSL pouvait profiter de ces Rs 60 M pour augmenter les dotations et accroître l’investissement.
Il ne faut pas oublier que le gouvernement ambitionne d’exploiter la filière hippique avec ou sans le MTC et la MTCSL, avec l’incorporation récente et très significative de la Côte-d’Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd. Si le MTC-MTCSL sombre dans les années à venir, le gouvernement, lui, restera bien selle, et il laisserait alors le MTC à son triste sort. C’est pourquoi Dev Beekarry, vice-président de la Gambling Regulatory Authority et conseiller au bureau du Premier ministre, où il est responsable du dossier hippique, insiste, à chaque intervention publique, «ki lekours pa pu areté dan sa pei-la». Le danger que le MTC et la MTCSL soient cantonnés à leur box s’ils ne se réinventent pas est réel. «Oui il faut que le MTC s’adapte aux conditions nouvelles même si cela ne doit pas se faire à n’importe quel prix», nous dit un membre.
Avec tout ce qui se dit à l’intérieur du MTC en ce temps de crise – les amis d’hier sont aujourd’hui devenus des… poltrons – ses dirigeants, actuels et futurs, ne devront pas uniquement s’arrêter à l’Histoire. Ils devront au contraire l’enrichir, faire en sorte que le MTC, fondateur des courses, soit partie prenante de tout projet hippique aussi longtemps que le gouvernement, qu’il soit (orange, rouge, mauve ou bleu), joue la carte de la transparence et que l’histoire du monde hippique ne soit pas détournée. Il ne faut pas non plus que le MTC s’associe à des projets bling-bling sans obtenir l’assurance que sa pérennité sera assurée. Autre erreur à ne pas commettre : éviter à tout prix que le MTC ne devienne, comme en 2014, un sujet de campagne électorale. On connaît du reste les dégâts causés depuis...
Daniel Nairac, membre du MTC, a trouvé les mots justes dans une analyse publiée dans l’express, mercredi, pour replacer le MTC à la corde. Malgré les relations conflictuelles du moment, il estime que «tous les atouts humains et institutionnels sont réunis, avec de la bonne volonté de part et d’autre et sans idées préconçues, pour que cette crise puisse déboucher par étapes sur un avenir national, régional et international d’envergure pour les courses hippiques dans notre petite île Maurice».
Y a-t-il encore de l’espoir pour sauver ce qui peut encore l’être au Champ-de-Mars ? Seule la photofinish nous le dira…
Publicité
Les plus récents