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Travailleuses du sexe: du réconfort pour de nombreux retraités

15 mai 2022, 22:00

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Travailleuses du sexe: du réconfort pour de nombreux retraités

Un sexagénaire a été tué durant la semaine après avoir sollicité les services d’une travailleuse du sexe. Alors qu’elle et son copain, soupçonné d’être son proxénète, ont été arrêtés par la police, ces femmes et leur clientèle sont une fois de plus montrées du doigt alors qu’elles expliquent être souvent la seule ‘consolation’ de certains hommes âgés...

Ana (prénom d’emprunt), 30 ans, est travailleuse du sexe depuis plus de cinq ans. Depuis plusieurs années, avoue-t-elle, des retraités sont ses plus fidèles clients. «J’ai été attristée d’apprendre le meurtre de cet homme. Li domaz ki nou travay ankor enn fwa pwinté du doigt akoz bann ka parey.» Ce qui la choque le plus, c’est le nombre de commentaires négatifs sur le fait qu’un homme de 62 ans serait venu de l’avant pour demander les services d’une travailleuse du sexe. «J’ai pu lire des commentaires comme ‘sa laz la pa koné ki lamerdman inn al rodé. Li vré ki misié-la inn al malerezman fer konfians enn mové dimounn mé li trist pou trouvé ki ziska aster-la dimounn pankor konpran ki pena laz pou ena bann bezoin ek ki kan ou travailleuse du sexe pa vé dir dir ou enn nwizans.»

Ana explique qu’elle est souvent sollicitée pour ses services d’escorte par des sexagénaires, septuagénaires, voire octogénaires. «Le client le plus âgé que j’ai a 86 ans.» La plupart de ces hommes explique Ana, ne l’appellent pas que pour le sexe mais surtout pour avoir de la compagnie. «Il y a même des personnalités connues qui font appel à mes services uniquement pour parler. D’autres pour un ‘accompagnement assez spécial’ ou pour des fantasmes qui sortent de l’ordinaire. Les retraités sont la clientèle la plus douce. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de pervers parmi eux mais sinon en général ces hommes sont les plus respectueux.»

À ses côtés jusqu’à sa mort à 91 ans

Sanjana (prénom d’emprunt) abonde dans le même sens. Travailleuse du sexe depuis 12 ans, cette femme de 44 ans explique qu’elle a eu des clients qu’elle a accompagnés jusqu’à leur mort. Son client le plus âgé était un homme de 91 ans. «Il est mort il y a trois ans.» Sanjana explique que cet homme a fait appel à ses services pendant plus de six ans. «Au fil du temps, il me payait uniquement pour que je sois à ses côtés et que je lui tienne la main en l’écoutant parler de son passé. C’était un homme seul, passionné et affectueux. Mem so bann ti zanfan ti koné ki mo été ek kan linn mor, zot inn mem remersié mwa parski monn ed li sirmont so solitid dan so bann dernyé zour.»

Comme Ana, Sanjana se dit outrée par le fait que les mentalités ne changent pas sur leur travail et que les gens continuent de les juger ou de juger leurs clients, seulement parce qu’ils font appel à elles. «On nous traite de tous les noms mais pour nos clients nous sommes bien plus que ce que les gens pensent et encore plus pour les retraités. Nous sommes des amies, des oreilles attentives mais aussi un accompagnement que beaucoup de personnes ont du mal à donner aux membres de leur propre famille.»

 

 

«Être une personne âgée ne veut pas dire qu’on n’a pas de besoins»

<p>La coordinatrice de l&rsquo;association de Parapli Rouz, qui lutte pour l&rsquo;inclusion et le respect des droits humains des travailleuses du sexe, explique qu&rsquo;en effet, beaucoup des femmes qu&rsquo;elles accompagnent disent avoir une clientèle composée de personnes âgées. &laquo;<em>Pour la plupart, c&rsquo;est uniquement un service d&rsquo;escorte. Cela implique qu&rsquo;il faut accompagner ces hommes, peu importe comment. Il faut que les gens comprennent qu&rsquo;être retraité et âgé ne veut pas dire que ces personnes n&rsquo;ont pas de besoins. Et si les travailleuses du sexe arrivent à combler ce vide, il faut le respecter et ne pas être juger.&raquo; </em>Par ailleurs elle explique que les anciennes travailleuses du sexe aujourd&rsquo;hui à la retraite sont d&rsquo;une aide précieuse au niveau de l&rsquo;association, en ce qu&rsquo;il s&rsquo;agit de l&rsquo;éducation et de la prévention pour celles qui travaillent toujours.</p>